Nous
Tu avais l’air d’être façonnée
de vers,
étais-tu un poème en écho
condamné à errer
à travers les montagnes,
parmi les ombres des sommets
qui s’étirent jusqu’aux confins du monde.
Tu avais
l’allure d’une biche
acculée par les métaphores
qui guettent sous l’épiderme de la nuit,
prête à franchir le fossé qui sépare
le non-être et le premier battement de cœur
d’un sourire.
Suspendu
La nuit ne tient qu’à un fil
d’un vers convalescent sur
le lit d’hôpital du silence,
les rayons de lune entraient à flots
dans ses veines comme des perfusions,
ton cœur était une salle d’attente
dont les stores cassés, à moitié bloqués,
une salle spacieuse où tu as reçu
avare
en visite la métaphore, comme un parent éloigné
dont on n’a pas de nouvelles depuis des lustres,
et que l’on regarde vraiment dans les yeux pour la première fois,
tu savais que le poésie arriverait
sans mâcher ses mots,
aussi tranchante qu’un diagnostic irréversible.
Fenêtres non ouvertes
Tu regardais souvent par la fenêtre,
chaque fois avec un enthousiasme
renouvelé, augmenté, spontané.
Des dizaines de fenêtres devant lesquelles
tu semblais faire convoler le silence
et l’attente.
La lune avait toute la patience du monde
avec toutes ces fenêtres
que tu remettais sans cesse à plus tard à ouvrir.
Elle savait que tu n’avais pas
d’ailes d’oiseau de nuit,
seulement tes poèmes.
Les battements d’ailes, leurs pas ont brisé
l’inerte comme une planche
d’une vieille scène,
le monologue de la nuit
comme un tas de branches sur la route.
Tu as ouvert la fenêtre de ton cœur
pour laisser entrer la nuit,
en cachette comme un amant.
Impasse
Dans cette impasse
avec les prétentions d’un lieu de vie,
toujours présente sur la carte de l’âme,
les anges atterrissent en parachute,
Sisyphe pousse la pleine lune
empêtrée dans le cœur des passants,
le silence se prépare à tendre une embuscade
sur le monde et sur lui-même,
les quelques poètes qui sont encore là
écrivent comme des possédés comme s’ils
dépeignaient sans doute le salut lui-même,
les fondations de la nuit tremblent…
quelques briques,
tombant coupent notre chemin et
tout point d’équilibre,
la nostalgie douloureuse des vers
fait exploser l’instant vers l’intérieur,
de minuscules éclats de désir
traversent notre chair,
le temps, les secondes sont en chute libre,
la vie voyage avec nous
dans un charrette !
Emotions recyclables
Dans notre rue
le lundi, les déchets recyclables sont collectés,
la nuit
est venue me chercher
à travers mon âme après quelques poèmes,
son visage était tiré, ses yeux
ombragés par l’inanition,
elle n’a trouvé que quelques vers,
froissés,
avec lesquels je soutenais la lampe entourée
de papillons nocturnes,
imaginant que c’était en fait
la pleine lune avec nos vies
décentrées en orbite autour d’elle
jusqu’à ce que survienne la force centrifuge
de l’amour.
La nuit s’est consolée
de la beauté sauvage
de la page blanche d’un jour nouveau,
s’en est enveloppée,
s’est endormie sur le trottoir.
Séparation
J’ai cherché la neige –
à travers le désert des quatre coins de l’horizon,
dans la désolation intérieure de la ville,
nous l’avons appelée, elle n’a pas répondu,
elle s’est retirée dans les montagnes
comme un jeune ermite
aux cheveux trop tôt enneigés,
elle est allée déchiffrer
le silence dans le chant retardé
du printemps,
a laissé derrière elle des traces blanches de nostalgie
qui jonchent les chemins endoloris
de l’aube,
elle a grimpé
jusqu’aux sommets ensemencés
plus près de
de ses ancêtres, les dieux.
(Poèmes de Francisc Edmund Balogh© traduits du roumain par Dan Burcea)
Francisc Edmund Balogh est un poète roumain né le 26 décembre 1978 à Satu Mare, en Roumanie.
La pandémie a permis à Francisc Edmund Balogh de se consacrer davantage à l’écriture, un peu au détriment de son autre passion, la musique, puisqu’il jouait dans divers groupes en tant que percussionniste.
Son activité littéraire dépasse le cercle local et se fait remarquer au niveau national et international.
Au niveau national, les œuvres de Francisc ont été publiées dans diverses anthologies de poésie, notamment : “Echo of Solitude” publié par Ecou Transilvan, “Sunday Creations” publié par Inspirescu, “Dream with Nichita” publié par la société culturelle Apollon, “Wheel of Words”, comprenant des auteurs et des poèmes du cénacle de Schenk.
En 2021, Francisc publie un volume de poèmes intitulé “Recours aux ombres”.
Francisc est également actif dans le domaine de la prose courte, étant présent dans plusieurs anthologies nationales de prose, (humoristique) “Un sourire en hiver” du Cenacl Chronographe et “Histoires en automne” de la revue littéraire Arena Literară.
En ce qui concerne la participation à des concours littéraires, Francisc a remporté plusieurs prix de poésie : 1ère place à l’édition 2020-2021 de l’Olympiade mondiale de poésie organisée par l’Association mondiale des poètes et écrivains ; Prix du meilleur auteur étranger (section meilleur poème) à la 10e édition, 2022, du concours “I Colori Dell’Anima” – (“Les couleurs de l’âme”) organisé par l’Association “Mondo Flutuante”, Italie ; 2e place au concours “Nos poètes écrivent du ciel”, édition 2021 de l’Association du camp d’amitié littéraire “De Amicitia” ; 3e prix au concours “Rêver avec Nichita” organisé par la Société culturelle Apollon. Il a obtenu le titre du “Meilleur poème” au “Day turns into night” 2024, organisé par le groupe culturel ” Cultural Fiesta”
La création poétique de Francisc a également été récompensée par des mentions. Il a reçu la 1ère mention à la première édition (2021) du concours littéraire Gogol’s Mantaua organisé par l’Académie littéraire Gogol’s Mantaua, la mention au concours national de poésie “Octavian Goga” édition 2021 et le prix spécial du jury au championnat européen de poésie organisé par l’Association mondiale des poètes et des écrivains.
Francisc a également remporté un prix pour la prose, la 1ère mention à l’édition 2022 du concours international “Elogiul iubirii” organisé par le Cercle culturel “Prietenia” en Roumanie.
Francisc écrit également des poèmes en anglais. Il a été publié dans des revues telles que Open Door, Spillwords aux États-Unis, des revues/anthologies internationales au Royaume-Uni : anthologie “Faith”, Poetry for Ukraine, sous l’égide de The Poet, “Roads to Serendipity” sous l’égide de Lothlorien Poetry Journal, des revues en Inde : Literrateur RW, Cultural Reverence, OPA et Glorimag ainsi qu’une apparition à Dubaï, dans l’anthologie internationale “World Poetry Tree” avec 405 autres poètes représentatifs de 106 pays, anthologie présentée à l’Exposition universelle de Dubaï 2020.
L’œuvre de Francisc a été traduite en plusieurs langues. Un groupe de poèmes de Francisc a été traduit en allemand par le poète et traducteur Christian W. Schenk et inclus dans l’anthologie Wort Vergessen.
Plusieurs groupes de poèmes de Francisc ont été traduits en français par le critique littéraire et traducteur Dan Burcea et publiés sur le blog littéraire Lettres Capitales.
Certains poèmes de Francisc ont été traduits en hongrois, serbe et croate par Laszlo Konsansky et ont été publiés sur la page du cercle littéraire “Dor de infinit”.
Francisc a également emprunté la voie de la traduction, traduisant de l’anglais vers le roumain des poèmes des célèbres Pavol Janik et Manolis Aligizakis, publiés dans le magazine Cronograf.
(Traduction du roumain par Dan Burcea©)