Francisc Edmund Balogh : Six poèmes de la nuit traduits du roumain

 

 

Nous

Tu avais l’air d’être façonnée

de vers,

étais-tu un poème en écho

condamné à errer

à travers les montagnes,

parmi les ombres des sommets

qui s’étirent jusqu’aux confins du monde.

Tu avais

l’allure d’une biche

acculée par les métaphores

qui guettent sous l’épiderme de la nuit,

prête à franchir le fossé qui sépare

le non-être et le premier battement de cœur

d’un sourire.

 

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Suspendu

La nuit ne tient qu’à un fil

d’un vers convalescent sur

le lit d’hôpital du silence,

les rayons de lune entraient à flots

dans ses veines comme des perfusions,

ton cœur était une salle d’attente

dont les stores cassés, à moitié bloqués,

une salle spacieuse où tu as reçu

avare

en visite la métaphore, comme un parent éloigné

dont on n’a pas de nouvelles depuis des lustres,

et que l’on regarde vraiment dans les yeux pour la première fois,

tu savais que le poésie arriverait

sans mâcher ses mots,

aussi tranchante qu’un diagnostic irréversible.

 

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Fenêtres non ouvertes

Tu regardais souvent par la fenêtre,

chaque fois avec un enthousiasme

renouvelé, augmenté, spontané.

Des dizaines de fenêtres devant lesquelles

tu semblais faire convoler le silence

et l’attente.

La lune avait toute la patience du monde

avec toutes ces fenêtres

que tu remettais sans cesse à plus tard à ouvrir.

Elle savait que tu n’avais pas

d’ailes d’oiseau de nuit,

seulement tes poèmes.

Les battements d’ailes, leurs pas ont brisé

l’inerte comme une planche

d’une vieille scène,

le monologue de la nuit

comme un tas de branches sur la route.

Tu as ouvert la fenêtre de ton cœur

pour laisser entrer la nuit,

en cachette comme un amant.

 

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Impasse

Dans cette impasse

avec les prétentions d’un lieu de vie,

toujours présente sur la carte de l’âme,

les anges atterrissent en parachute,

Sisyphe pousse la pleine lune

empêtrée  dans le cœur des passants,

le silence se prépare à tendre une embuscade

sur le monde et sur lui-même,

les quelques poètes qui sont encore là

écrivent comme des possédés comme s’ils

dépeignaient sans doute le salut lui-même,

les fondations de la nuit tremblent…

quelques briques,

tombant coupent notre chemin et

tout point d’équilibre,

la nostalgie douloureuse des vers

fait exploser l’instant vers l’intérieur,

de minuscules éclats de désir

traversent notre chair,

le temps, les secondes sont en chute libre,

la vie voyage avec nous

dans un charrette !

 

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Emotions recyclables

Dans notre rue

le lundi, les déchets recyclables sont collectés,

la nuit

est venue me chercher

à travers mon âme après quelques poèmes,

son visage était tiré, ses yeux

ombragés par l’inanition,

elle n’a trouvé que quelques vers,

froissés,

avec lesquels je soutenais la lampe entourée

de papillons nocturnes,

imaginant que c’était en fait

la pleine lune avec nos vies

décentrées en orbite autour d’elle

jusqu’à ce que survienne la force centrifuge

de l’amour.

La nuit s’est consolée

de la beauté sauvage

de la page blanche d’un jour nouveau,

s’en est enveloppée,

s’est endormie sur le trottoir.

 

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Séparation

J’ai cherché la neige –

à travers le désert des quatre coins de l’horizon,

dans la désolation intérieure de la ville,

nous l’avons appelée, elle n’a pas répondu,

elle s’est retirée dans les montagnes

comme un jeune ermite

aux cheveux trop tôt enneigés,

elle est allée déchiffrer

le silence dans le chant retardé

du printemps,

a laissé derrière elle des traces blanches de nostalgie

qui jonchent les chemins endoloris

de l’aube,

elle a grimpé

jusqu’aux sommets ensemencés

plus près de

de ses ancêtres, les dieux.

 

(Poèmes de Francisc Edmund Balogh© traduits du roumain par Dan Burcea)

 

Francisc Edmund Balogh est un poète roumain  né le 26 décembre 1978 à Satu Mare, en Roumanie.
La pandémie a permis à Francisc Edmund Balogh de se consacrer davantage à l’écriture, un peu au détriment de son autre passion, la musique, puisqu’il jouait dans divers groupes en tant que percussionniste.
Son activité littéraire dépasse le cercle local et se fait remarquer au niveau national et international.
Au niveau national, les œuvres de Francisc ont été publiées dans diverses anthologies de poésie, notamment : “Echo of Solitude” publié par Ecou Transilvan, “Sunday Creations” publié par Inspirescu, “Dream with Nichita” publié par la société culturelle Apollon, “Wheel of Words”, comprenant des auteurs et des poèmes du cénacle de Schenk.
En 2021, Francisc publie un volume de poèmes intitulé “Recours aux ombres”.
Francisc est également actif dans le domaine de la prose courte, étant présent dans plusieurs anthologies nationales de prose, (humoristique) “Un sourire en hiver” du Cenacl Chronographe et “Histoires en automne” de la revue littéraire Arena Literară.
En ce qui concerne la participation à des concours littéraires, Francisc a remporté plusieurs prix de poésie : 1ère place à l’édition 2020-2021 de l’Olympiade mondiale de poésie organisée par l’Association mondiale des poètes et écrivains ; Prix du meilleur auteur étranger (section meilleur poème) à la 10e édition, 2022, du concours “I Colori Dell’Anima” – (“Les couleurs de l’âme”) organisé par l’Association “Mondo Flutuante”, Italie ; 2e place au concours “Nos poètes écrivent du ciel”, édition 2021 de l’Association du camp d’amitié littéraire “De Amicitia” ; 3e prix au concours “Rêver avec Nichita” organisé par la Société culturelle Apollon. Il a obtenu le titre du “Meilleur poème” au “Day turns into night” 2024, organisé par le groupe culturel  ” Cultural Fiesta”
La création poétique de Francisc a également été récompensée par des mentions. Il a reçu la 1ère mention à la première édition (2021) du concours littéraire Gogol’s Mantaua organisé par l’Académie littéraire Gogol’s Mantaua, la mention au concours national de poésie “Octavian Goga” édition 2021 et le prix spécial du jury au championnat européen de poésie organisé par l’Association mondiale des poètes et des écrivains.
Francisc a également remporté un prix pour la prose, la 1ère mention à l’édition 2022 du concours international “Elogiul iubirii” organisé par le Cercle culturel “Prietenia” en Roumanie.
Francisc écrit également des poèmes en anglais.
Il a été publié dans des revues telles que Open Door, Spillwords aux États-Unis, des revues/anthologies internationales au Royaume-Uni : anthologie “Faith”, Poetry for Ukraine, sous l’égide de The Poet, “Roads to Serendipity” sous l’égide de Lothlorien Poetry Journal, des revues en Inde : Literrateur RW, Cultural Reverence, OPA et Glorimag ainsi qu’une apparition à Dubaï, dans l’anthologie internationale “World Poetry Tree” avec 405 autres poètes représentatifs de 106 pays, anthologie présentée à l’Exposition universelle de Dubaï 2020.
L’œuvre de Francisc a été traduite en plusieurs langues. Un groupe de poèmes de Francisc a été traduit en allemand par le poète et traducteur Christian W. Schenk et inclus dans l’anthologie Wort Vergessen.
Plusieurs groupes de poèmes de Francisc ont été traduits en français par le critique littéraire et traducteur Dan Burcea et publiés sur le blog littéraire Lettres Capitales.
Certains poèmes de Francisc ont été traduits en hongrois, serbe et croate par Laszlo Konsansky et ont été publiés sur la page du cercle littéraire “Dor de infinit”.
Francisc a également emprunté la voie de la traduction, traduisant de l’anglais vers le roumain des poèmes des célèbres Pavol Janik et Manolis Aligizakis, publiés dans le magazine Cronograf. 

(Traduction du roumain par Dan Burcea©)

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