Plusieurs semaines se sont déjà écoulées depuis la clôture du Festival international de poésie de Bucarest. Dans le jardin du Musée national de la littérature roumaine, rue Crețulescu, on entend encore les échos des mètres poétiques dans les différentes langues dans lesquelles ils ont été magistralement exprimés entre le 9 et le 15 septembre. Nous nous entretenons avec Mmes Elena Loreta Popa et Gabriela Toma, les infatigables organisatrices de cette célébration poétique, pour tenter de faire le point sur cette semaine et au-delà dans le temps, car, de l’avis général, un tel festival se prépare longtemps à l’avance, dès la tombée du rideau de l’épisode précédent.
Mme Loreta Popa, je sais que les manifestations culturelles organisées par le Musée national de la littérature roumaine (MNLR) s’enchaînent à un rythme impressionnant tout au long de l’année, exigeant beaucoup d’énergie et de disponibilité de votre part et celle de vos collègues. Mais arrêtons-nous un instant sur cette 14e édition du FIPB. Quels souvenirs gardez-vous de cette édition ?
Votre question touche à des ressorts intérieurs que je n’évoque pas souvent. En tant qu’organisatrice, on souhaite que les invités et le public repartent avec des souvenirs inoubliables, qu’ils se rechargent tout au long de l’année des émotions qu’ils ont vécues et ressenties lors du festival, qu’ils placent quelque part, au plus profond d’eux-mêmes, la joie de ce moment où leur âme a résonné avec un poème, un couplet, une rencontre.
Chaque année est différente, apportant d’autres invités, remuant d’autres vagues, poussant d’autres boutons. J’en garde de merveilleux souvenirs. Mais cette année, en particulier, je garde la joie des entretiens que j’ai réussi à obtenir avec des poètes étrangers invités. C’était un rêve devenu réalité. Depuis le merveilleux Marco Lucchesi, qui parle un roumain parfait et mélodieux et avec qui j’aimerais dialoguer quotidiennement, si je le pouvais, jusqu’à António Fonseca (Portugal), qui a partagé son amour de la poésie de Luís Vaz de Camões lors d’un récital, en passant par Yaniv Iczkovits (Israël), avec qui j’ai parlé à la fois de ce que signifie la consécration internationale et surtout de son dernier roman, « Nimeni Nu Paraseste Palo Alto » [Personne ne quitte Palo Alto ], nominé pour le prix Sapir, et de la condition de l’écrivain aujourd’hui.
Nous avons eu de merveilleuses rencontres avec les photographes Dorin Rachmuth (Roumanie/Allemagne) et Cato Lein (Suède), ce dernier étant reconnu pour ses portraits de nombreux écrivains et poètes roumains, ainsi que de ceux qui ont visité Stockholm. J’ai apprécié son amour sincère pour la Roumanie.
Ensuite, le dialogue avec le poète catalan Eduard Sanahuja Yll sur sa poésie réfléchie mais ancrée dans la réalité m’a marquée en particulier par la fierté qu’il éprouve à évoquer le fait qu’il est le premier poète roumain à s’être exprimé sur le sujet. La fierté avec laquelle il mentionne le fait qu’il est catalan m’a rappelé la fierté avec laquelle ma grand-mère me rappelait qu’elle était originaire de Bucovine et non de Moldavie.
Je ne l’ai jamais oublié, tout comme je n’ai jamais oublié la joie avec laquelle elle me disait qu’elle était la cousine d’Eusebiu Camilar et que c’était de là que venait mon amour de l’écrit. La vérité, c’est que j’adore la poésie de Magda Isanos depuis toujours, et qu’Eusebiu Camilar m’avait conquise avec son écriture. Avec le traducteur littéraire, professeur de roumain à l’université de Pise, promoteur et ami de la culture roumaine, Bruno Mazzoni, nous avons eu un entretien fantastique sur l’importance du Festival international de poésie de Bucarest et de la poésie en général.
Ensuite, la rencontre avec trois admirables poètes français, dont la poésie a connu un grand succès au festival, Bruno Mabille, Sébastien Minaux et Étienne Paulin, que je garde encore dans mon cœur. Je vous dois cette joie. Si vous ne me les aviez pas présentés et si vous ne les aviez pas amenés à Bucarest, mon cœur aurait passé à côté de quelque chose d’unique. Leur ouverture, leur bon sens, leur intelligence, leur calme, leur patience, leur aristocratie innée, ont fini par me conquérir. Pour dire les choses le plus simplement possible, nous avons passé une journée ensemble et j’ai eu l’impression de vivre dans le film de Woody Allen, « Minuit à Paris ». Je n’ai pas rencontré Hemingway, Salvador Dali, Scott Fitzgerald, mais j’ai parlé poésie avec Sébastien Minaux, Étienne Paulin et Bruno Mabille. Quelle satisfaction ! Quelle joie ! Quel accomplissement !
J’ai également parlé avec Jean Poncet (France), Đorđe Sibinović (Serbie) et Tatiana Faia (Portugal). Pour des raisons subjectives, je garde cependant en mémoire, ma rencontre avec Fulgencio Martínez, un poète espagnol dont la générosité dépasse mes mots. J’ai recommencé à écrire, parce qu’il a versé de l’eau à la racine de mon être, il m’a vue, m’a regardée dans les yeux, m’a dit que j’écrivais bien, m’a reconnue comme poète. J’ai recommencé à coucher sur le papier cette tristesse que je ne cesse d’extérioriser et dont les degrés de comparaison, je l’avoue, sont difficiles à distinguer, à décrire et à définir. Je ne parle pas de la douce tristesse qui s’apparente parfois à de la nostalgie, mais de la tristesse qui vous renverse, qui vous fonce dessus comme un bulldozer, qui vous projette d’un côté à l’autre et vous laisse complètement vide.
En 2017, j’ai réédité « Scrisori pentru Ema » [Lettres à Ema], recueil avec lequel j’avais fait mes débuts en poésie, en 2009, et j’ai organisé un beau lancement dans le jardin du musée. Mais depuis 2017, j’étais restée silencieuse, parce que je n’avais pas eu le temps de trouver la grâce, je n’avais pas eu la force de me sentir si bien pour garder la connexion avec la muse poétique. Ça fait mal quand on ne peut pas écrire. Les poètes et les écrivains le savent trop bien. C’est l’un des fardeaux les plus insupportables. Je suis tombée dans une sorte d’abîme difficile à décrire, dont je ne suis sortie que grâce à une intervention divine, parce que sinon je ne sais pas comment l’appeler. Grâce aux encouragements de Fulgencio Martinez, j’ai publié « Simplu » [Simple] et j’ai eu la chance d’organiser son lancement en sa présence lors du Festival international de poésie de Bucarest de cette année à la Biblioteca Centrală Universitară Carol I.
Pour répondre plus précisément à votre question, mes attentes en tant qu’organisatrice ont été largement dépassées et les joies se sont succédées. Et maintenant, je reçois des remerciements et des félicitations pour le festival, ce qui est énorme.
Mme Gabriela Toma, parlons de la réaction du public. Après les échos que vous avez reçus, quels souvenirs ont gardé les personnes qui ont assisté aux événements du festival ?
Pour nous, il est important de créer des liens. Le rôle du festival est de créer le cadre nécessaire entre les poètes, les éditeurs, les traducteurs et le public pour entamer un dialogue. C’est un projet qui vise à créer de nouveaux projets, une sorte de continuité qui profite à l’esprit de la poésie. Nous avons reçu beaucoup d’éloges pour la diversité des événements, pour le fait que la poésie est censée dialoguer avec les arts, avec l’histoire. Nous mettons en avant la complexité des problèmes que le paradigme dans lequel nous vivons provoque. Chaque année, nous avons une devise, une pensée directrice, un fil d’Ariane qui nous aide à sortir du labyrinthe, mais aussi à le parcourir d’une manière sophistiquée et stimulante.
Mme Loreta Popa, cette année 2024, qui a accueilli la 14ème édition de la FIPB, a-t-elle été plus facile du point de vue de l’expérience accumulée ou s’agit-il, à chaque fois, d’un pari renouvelé qu’il faut gagner chaque année ?
J’ai foi dans l’être humain, dans la force de la vie, dans cette énergie qui s’appelle espoir. Je crois au changement, même si je n’en suis pas une grande admiratrice. Je crois que tout projet qui rassemble des personnes a besoin du soutien d’autres personnes pour atteindre les gens. En partageant les valeurs du passé avec le présent, nous pouvons vivre des vies propres, claires et honnêtes. Une fondation solide signifie une construction inébranlable. Je ne peux pas être nostalgique pour la simple raison que je n’ai pas de regrets. Lorsque je pose ma tête sur l’oreiller chaque soir, je n’ai rien à me reprocher. Je suis en paix avec moi-même. C’est ce que le festival représente pour moi. La satisfaction de découvrir que l’on peut remodeler les gens par la poésie, même si le monde en général est difficile à remodeler. Il est resté tel qu’il était il y a deux mille ans : avide, guerrier, envieux, égoïste, superficiel, truculent. La plus belle poésie que l’humanité ait reçue en cadeau était, est et reste l’amour. Je crois qu’en chacun de nous, Dieu a planté des graines de bonté, de compassion, de générosité, d’altruisme, de sensibilité au beau. Elles sont là, profondément enracinées, mais elles n’ont pas encore rencontré la pluie bienfaisante qui leur permettrait de grandir. Nous nous sommes tellement habitués à l’intolérance, à la stupidité, à l’ignorance, à la bêtise, au manque d’éducation que nous ne nous rendons presque plus compte que la sensibilité, la fragilité de notre existence rendent tout si extraordinaire et nous oublions d’être reconnaissants d’être des humains.
Pour moi, le Festival international de poésie de Bucarest est un pari renouvelé, qu’il faut gagner chaque année. Travailler avec les gens n’est jamais facile, mais c’est une expérience à laquelle je ne pourrais jamais renoncer. Je suis accro aux rencontres.
Mme Gabriela Toma, plus concrètement, pour ceux qui se demandent combien d’énergie est nécessaire pour une telle organisation, qu’est-ce que cela signifie en heures et en jours de présence ? Comme vous le savez, une journée compte 24 heures, pas plus. Comment parvenez-vous à les répartir ?
Le festival exige une implication à 100 %, sans pause ni vacances. Il s’agit d’être présent et de croire en quelque chose, surtout lorsqu’il s’agit d’une petite équipe enthousiaste et d’un rêve qui devient réalité. Le professeur Mircea Martin m’a présenté un livre essentiel, « Les règles de l’art » de Pierre Bourdieu. La manière dont il nous l’a présenté dans le cadre du cours de maîtrise en théorie littéraire a été une révélation : la poésie n’est pas une reine, mais une cendrillon… Il existe une domination sociale, « l’air du temps », et le poète est le seul à pouvoir y répondre.
Nous avons invité des poètes de différentes générations, avec des points de vue différents, chacun venant de pays confrontés à des problèmes complexes, avec des histoires différentes, mais il y a quelque chose en commun : la révolte contre l’injustice, contre la restriction du droit de s’exprimer, et c’est la poésie qui le fait le mieux.
Prenez, par exemple, les poèmes de Dumitru Crudu, qu’il a lus lors du festival : « Comme du pain sec », « Ce sont en tout quatre semaines » (“Ta ville, ils l’ont détruite en hurlant/ Ils t’ont mis dans une cage/ Ils t’ont mis dans une cage de/ Qui est le prochain qui est le prochain qui est le prochain/ Mon tour depuis hier/ De notre amour, ils ne nous ont laissé que l’espace vide/ Mais ils ne pourront jamais nous enlever cet espace.), « Seigneur »
Mme Loreta Popa, un festival, c’est aussi une sélection des personnes présentes. Combien de personnes et de pays étaient présents à Bucarest cette année ?
Cette année, nous avons accueilli 33 poètes étrangers et 111 poètes roumains. Le festival international de poésie de Bucarest est déjà reconnu comme un espace de conversation et de réflexion, et notre public a eu la chance de rencontrer des poètes et des écrivains étrangers importants, renommés et charismatiques.
Le festival propose des lectures publiques, des débats, des conférences, des ateliers, des moments dédiés à d’importants poètes disparus, des performances, des soirées dédiées aux débutants, des moments d’improvisation, des ateliers de scénarios et de courts métrages basés sur des films consacrés à la poésie, des moments artistiques où la poésie côtoie d’autres arts tels que la musique, la peinture ou le cinéma, et la possibilité de nouer des contacts. Nous avons assisté à des discussions entre poètes roumains et étrangers sur la poésie et les musées, les éditeurs de livres et les maisons d’édition, la vente de livres et la correction d’épreuves, le graphisme, les prix, les lectures publiques, la presse culturelle de qualité.
L’un de nos rêves, en tant qu’organisatrices, était et reste d’aller dans les écoles et les lycées, pour rapprocher la poésie et les mots écrits des enfants et des jeunes. Cette année, nous avons réussi à faire venir quelques poètes étrangers au lycée Constantin Brâncoveanu, au collège national St Sava, au lycée Cervantes, au lycée Dante Alighieri et à l’École centrale. Il est important que le Festival assume également ce rôle éducatif, en parlant aux enfants de littérature, d’unicité, d’authenticité, mais aussi de diversité, en offrant une expérience unique.
Cette année, des poètes du Brésil, du Canada, d’Espagne, du Portugal, de France, d’Israël, de Belgique, de Grèce, de Turquie, du Royaume-Uni, d’Allemagne, de la République de Moldavie, de Suisse, de Suède, de Panama, de Hongrie, des États-Unis d’Amérique, de Croatie, d’Italie, de Serbie, ont été invités au Festival, qui est conçu comme une forme de rapprochement entre les cultures, entre les poètes. Nous avons organisé plus de 50 événements en sept jours, le programme était vaste et dense et nous ne nous sommes pas limités au musée, nous étions également présents dans d’autres espaces culturels tels que la Bibliothèque centrale universitaire « CaroI I », le Musée national de la littérature roumaine – le siège de Nicolae Crețulescu, le Musée national de la littérature roumaine – Calea Griviței 64-66, Cărturești Verona, Cărturești Carusel, la librairie Humanitas Cișmigiu, ARCUB, la librairie Kyralina, l’Institut Cervantes de Bucarest, la maison commémorative « Anton Pann », Londohome.
Mme Gabriela Toma, comment avez-vous invité ces personnes, selon quels critères ? Ensuite, comment fixez-vous le programme, la distribution par jour, les séries d’événements, etc.
Je reste en contact avec des écrivains liés à la poésie, qui organisent des soirées de poésie, ce sont des éditeurs et des traducteurs, Claudiu Komartin, Cosmin Perța, Peter Sragher, qui sont attachés à de nouvelles formes d’expression telles que le happening, la performance et la poésie slam, avec ceux qui sont des voix importantes et qui sont des poètes remarquables dans le pays et à l’étranger. Nous organisons également une soirée pour les débutants, afin que le public puisse avoir ce contact si nécessaire avec le jeune esprit de la poésie. Nous avons également introduit un événement d’improvisation poétique, coordonné par Călin-Andrei Mihăilescu. Il y a eu des évocations de poètes, appréciées par le public, ainsi que des anniversaires.
L’objectif du musée est de rendre la poésie en particulier et la littérature en général présente dans la vie des gens. L’un des invités spectaculaires était Yaniv Iczkovits, avec son roman « Nimeni Nu Paraseste Palo Alto » [Personne ne quitte Palo Alto ] et l’histoire exceptionnelle de sa vie.
Mme Loreta Popa, si vous deviez choisir un moment inoubliable de cette semaine de festival, quel serait-il ?
J’attendais avec impatience le lancement du livre « Posh » de Gabriela Toma, ma collègue avec qui je suis solidaire, l’épée toujours levée, prête à nous battre, comme les chevaliers d’autrefois. Je me souviens avoir quitté la maison le matin du lancement en pensant à sa joie, car je savais ce que ce livre représentait pour elle, je savais combien d’efforts elle avait déployé pour l’amener à la lumière de l’impression. J’ai été heureuse de découvrir le jardin du MNLR rempli d’enfants qui avaient amené leurs parents par la main pour franchir le portail vers le royaume de Neplantla, révélé dans son livre par Gabriela. Je sais presque tout de ce livre, car Gabriela avait l’habitude de quitter le musée avec moi tard dans la soirée et de rentrer chez elle, où elle écrivait toute la nuit. Le lendemain, je découvrais combien elle écrivait, sur quoi elle écrivait et à propos de qui. Ce livre est un rêve réalisé avec une force et une détermination de qualité, car cela existe.
Posh a existé en réalité, il a touché l’être de Gabriella par son existence, et elle a réussi à enchanter les petits lecteurs et leurs parents avec son histoire.
Au fil des ans, j’ai assisté aux ateliers Thomasina, que Gabriela organisait pour les enfants au musée, et je trouve fascinant de voir comment les enfants grandissent, se développent, passent de l’école au lycée, puis reviennent en montrant ce qu’ils ont fait des histoires, des informations qu’ils ont reçues, comment ils ont compris qu’ils évoluaient en tant qu’êtres humains. Je suis persuadée que rien ne peut être plus satisfaisant que de rencontrer ceux à qui vous avez fait faire leurs premiers pas dans le monde des contes.
J’ai choisi de parler de ce moment parce qu’il est très important pour moi.
Mme Gabriela Toma – Et pour vous ?
Chaque soirée a eu une émotion particulière, mais pour moi c’est important le dialogue que j’ai avec les poètes après la lecture, ce moment de socialisation où l’on découvre l’être humain et sa façon de penser et de se situer par rapport au monde, les projets que l’on peut faire ensemble, parce que c’est ça le but du festival, créer un cadre pour des projets futurs.
Si je devais choisir un moment, ce serait la rencontre avec Mme Anca Vasiliu, poète et philosophe exceptionnelles, qui m’a permis de retrouver Platon.
Mme Loreta Popa, le FIPB est déjà sur la liste annuelle des événements culturels de la Capitale. Que pouvez-vous nous dire sur le prestige culturel dont il jouit, tant auprès du public qu’officiellement, dans le cadre plus précis de la politique culturelle roumaine d’aujourd’hui ?
Le Festival international de poésie de Bucarest (FIPB) s’est imposé comme un événement prestigieux dans le paysage culturel roumain, attirant un large public et l’attention des autorités. Inscrit sur la liste annuelle des événements culturels de la Capitale, il est reconnu non seulement pour la qualité de ses manifestations, mais aussi pour la promotion d’une poésie de qualité.
D’un point de vue culturel, le Festival international de poésie de Bucarest joue un rôle crucial dans l’éducation et la sensibilisation du public à des formes innovantes d’expression artistique telles que la poésie, en facilitant le dialogue entre différentes générations et différents styles.
Les politiques culturelles roumaines ont commencé à accorder une plus grande importance à la diversité artistique et à soutenir les événements qui contribuent au développement de l’identité culturelle nationale, et à ce sujet ce festival s’inscrit dans la lignée de ces objectifs, en tant que catalyseur du changement et de l’enrichissement du paysage culturel roumain, jouant un rôle clé dans la promotion de la poésie en tant que forme d’art vitale.
Dans le contexte actuel, la poésie n’est pas seulement un moyen d’expression artistique, mais aussi un outil de réflexion sociale, de sensibilisation et de dialogue interculturel. Le FIPB rassemble des poètes des quatre coins du monde et, par le biais de ses événements, encourage l’éducation culturelle et artistique, rapprochant ainsi la poésie du public.
Les activités éducatives et les ateliers pour les jeunes encouragent la lecture et l’écriture créative, essentielles au développement d’une culture littéraire saine. La poésie a le pouvoir d’aborder des questions sociales, politiques et culturelles, invitant à la réflexion et à la discussion, et le festival peut être considéré comme un espace d’expression critique et de promotion de la justice sociale à travers l’art, offrant une plateforme aux jeunes poètes et aux poètes confirmés, soutenant ainsi le développement de carrières artistiques. C’est important à une époque où le soutien aux artistes et à la culture est essentiel pour leur pérennité dans la société.
Le Festival international de poésie de Bucarest est un exemple de la manière dont l’art peut influencer positivement la société et enrichir la vie culturelle d’une nation.
À toutes les deux – Vous êtes toutes les deux écrivaines. Comment avez-vous vécu l’événement de ce point de vue ?
Mme Loreta Popa :
« La poésie est la revanche de la beauté sur la laideur. Une revanche chrétienne », a déclaré le poète Grigore Vieru. Je suis très heureux d’avoir eu la chance de le rencontrer et de lui parler. C’est ainsi que les expériences à la fois belles et douloureuses, tragiques et brutales, ne s’expriment profondément et de manière interprétable qu’à travers le cœur, à travers sa beauté mystérieuse, rendant souvent la poésie incompréhensible pour beaucoup de gens. En tant que poète, personne ne peut vous empêcher de suivre votre chemin, personne ne peut vous empêcher d’exprimer fièrement votre lien avec la divinité. En tant que poète, vous ne vous intéressez pas du tout aux bagatelles, aux vulgarités et aux mesquineries, à la méchanceté et à l’envie, vous passez sans souci sous les fourches caudines, parce que l’humilité vous aide à connaître votre âme. Pour le poète, aucun jour n’est ordinaire, mais extraordinaire, car ce « quelque chose » l’aide à voir l’éclat de tout et de tous. Le poète ose, il a du courage. Je crois que les gens croient encore en la poésie, parce qu’elle est restée, comme cela a été prouvé, la limite supérieure de l’être humain. La poésie est à un souffle de Dieu. Si vous êtes athée, vous n’aimez pas Dieu et la poésie est loin de vous. J’ai cette conviction et je continuerai à croire que le monde ne laisse pas mourir la poésie. Pour moi, le Festival international de poésie de Bucarest a été, est et continuera d’être ma bouffée d’oxygène.
Mme Gabriela Toma :
Je suis reconnaissante de pouvoir accueillir des poètes extraordinaires, d’accueillir modestement des gens qui croient en la poésie dans la Maison de la littérature.
(Propos recueillis et traduits du roumain par Dan Burcea)
Crédits photo : © Dan Marinescu