L’affaire Céline : Etienne Ruhaud en dialogue avec Emmanuel Pierrat

 

 

Guerre, Londres, La volonté du roi Krogold… Courant 2022, la publication, dans la collection Blanche, de trois romans inédits signés Céline a fait grand bruit, et Gallimard a énormément vendu. Ayant lui-même grandement contribué à la découverte des fameux manuscrits, l’avocat-écrivain Emmanuel Pierrat raconte l’aventure de ces milliers de feuillets, rédigés au cours d’une période troublée, soigneusement cachés. De fait, L’affaire Céline peut un peu se lire comme un polar, ou une enquête, avec ses multiples rebondissements. Toujours controversé du fait de ses pamphlets antisémites, Céline reste ainsi, plus que jamais d’actualité.

Pouvez-vous, rapidement, nous rappeler le contexte de l’« affaire Céline » ? Nous en retracer les principales étapes ?

Six mille pages de Céline – 1,76 mètre de feuillets laissés à Paris par l’écrivain, en juin 1944, alors qu’il s’enfuyait, en compagnie de son épouse Lucette, pour rejoindre en Allemagne le maréchal Pétain et un millier d’autres collaborateurs – réapparaissent en 2021. L’ensemble atterrit effectivement dans mon cabinet d’avocats. L’affaire est ensuite rendue publique, ce qui bouleverse chercheurs en littérature historiens, journalistes politiques et culturels. Les « simples » lecteurs en sont eux aussi tourneboulés.

Je suis en effet devenu, en juin 2020, l’avocat du journaliste Jean-Pierre Thibaudat, qui avait conservé ce « trésor » pendant près de quarante ans[1]. Je l’ai donc moi-même détenu ensuite plusieurs mois, lisant avidement, chaque soir, durant de longues semaines, ces milliers de pages qui révolutionnaient l’histoire littéraire.

Cette « affaire Céline », c’est aussi une histoire d’argent, d’héritage. Ceci explique-t-il tout le remue-ménage autour des manuscrits ou y a-t-il d’autres facteurs, d’autres éléments à prendre en compte ?

Ses enjeux sont certes d’abord littéraires : Céline est indéniablement un immense écrivain, sans doute le plus important auteur français du xxe siècle avec Marcel Proust. Ils sont également mémoriels : Céline, que je viens de comparer au génie juif et homosexuel qu’est le père de la Recherche du temps perdu, reste le signataire de trois immondes pamphlets antisémites et racistes, débordants de haine et de violence, qui furent de sinistres best-sellers. Ils n’ont jamais été réédités depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’entière révélation de la Shoah, mais ils appartiennent à l’œuvre de Céline et à la vie de celui qui est, pour l’état-civil, Louis-Ferdinand Destouches.

Les enjeux sont encore ceux d’une affaire de patrimoine culturel : à qui doivent revenir les six mille feuillets, qui ne sont pas que pure littérature car ils concernent – et nul ou presque ne le sait encore – les fameux pamphlets ? Le « dossier juif » que j’ai tenu dans mes mains, et dont aucun ayant-droit ne fait aujourd’hui mention, doit-il leur revenir et finir dans leur coffre-fort, ou bien être conservé dans une institution publique insoupçonnable, ouverte à tous les spécialistes, chercheurs, historiens ?

Et n’oublions pas en effet l’aspect financier de cette incroyable affaire. Sur le marché des autographes, redynamisé depuis plusieurs années, la valeur de tout papier noirci par Céline est affolante : chaque « petite » lettre au contenu banal se chiffre en centaines d’euros. En 2001, la Bibliothèque nationale de France a acheté, pour un prix record de 12 millions de francs, le manuscrit de Voyage au bout de la nuit. Or nous sommes là en présence de six mille feuillets, dont les manuscrits de quatre romans inédits et celui de Mort à crédit. À combien s’évalue l’ensemble ? Plusieurs dizaines de millions d’euros, assurément. Tout cela n’est pas anodin dans les aventures de cette masse de feuillets qui a traversé miraculeusement les décennies.

Sans négliger les droits d’auteur générés par la publication des inédits. Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit ont été imprimés à des millions d’exemplaires, lus dans les lycées (ce fut mon cas en classe de seconde) et traduits dans la plupart des langues étrangères où existe un marché du livre… Ce sont donc, à nouveau, des dizaines de millions d’euros qui sont en jeu, cette fois en royalties.

Que nous dit cette fameuse affaire Céline de la société actuelle ? Ne sommes-nous jamais sortis de la deuxième guerre mondiale ?

Gallimard a évoqué il y a peu la possible fin du retrait des pamphlets de Céline qui ont toujours été vendus à prix d’or chez les bouquinistes et ont été republiés sous le manteau et dans de méchantes éditions pirates, mais sont surtout aujourd’hui reproduits sur internet par les mêmes officines politiquement très orientées. La polémique a été trop vive. Il faudra pourtant qu’on dispose avant l’arrivée de ces textes dans le domaines public (début 2032) d’une édition scientifique irréprochable chez Gallimard, avec un apparat critique inattaquable, préfacée avec dignité et respect de la mémoire de la Shoah, pour couper court à cet atroce traficotage.

Céline lui-même aurait-il voulu voir ses manuscrits publiés ? On sait que Guerre demeure un brouillon.

Selon Émile Brami par exemple, Célinien brillant qui s’est tant trompé à propos des inédits, Londres ne serait qu’un brouillon que Céline aurait écrit en parallèle de Mort à crédit, que son auteur n’aurait jamais eu l’intention de publier.

Le même spécialiste n’en démord pas. Dans l’édition augmentée de sa biographie de Céline, rééditée en 2023[1], il affirme à nouveau que les manuscrits retrouvés sont des brouillons et rien d’autre : « un trésor, certes, mais à notre regard d’aujourd’hui ».

Des nombreux lecteurs m’ont contacté, surpris, choqués parfois, en particulier par le ton cru de certains passages. De fait, Guerre, c’est Éros et Thanatos. Ces remarques m’ont semblé saugrenues. Mais peut-être est-ce aussi l’indique que Céline n’aurait pas livre un tel roman sans, au préalable, se relire afin de s’auto-censurer.

Les exégèses et les commentaires les plus imaginatifs et vains ont été publiés, notamment par des pseudo-historiens de la littérature inaptes à attendre la suite des textes à publier qui invalidera leurs spéculations.

Guerre a été republié en 2023 dans La Pléiade. Il n’y a été ajouté par Gallimard qu’une poignée de notes sur la transcription et les ratures plus ou moins lisibles de Céline.

Dans l’essai, vous rappelez le semi-mépris dans lequel certains critiques tiennent ces nouveaux opuscules. Avez-vous un jugement personnel à ce sujet ? S’agit-il, concrètement, de bons livres, selon vous ?

Le roman autobiographique totalement inconnu que nous avons baptisé Guerre était innommé car il manque les premiers chapitres, mais les 240 feuillets sauvés sont de la veine d’un chef d’œuvre, aussi saisissant que Voyage au bout de la nuit.

Vous évoquez également le regain d’intérêt pour Céline. Comment cela se traduit-il, en termes de chiffres de vente ? Peut-on parler d’un rebond significatif ? Céline était-il déjà passé de mode ?

Les ventes ont en effet été phénoménales, ramenant l’écrivain presque maudit en tête de gondole puisqu’il apparaîtra de nombreux mois de 2022 et 2023 dans les listes de best-sellers.

Guerre, n’a eu besoin en effet de que de cinq semaines pour franchir la barre des 100 000 exemplaires achetés. En juin 2023, la maison d’édition Gallimard comptait doubler ce score de ce seul premier volume d’ici la fin de l’année.  

L’œuvre posthume du grand écrivain et salaud mort en 1961 est placée soudainement en piles sur les tables des Relays et en tête de gondole dans les grandes surfaces !

Gallimard a d’abord refusé Voyage au bout de la nuit, le premier manuscrit de Céline. Certains ont parfois attaqué la NRF en parlant d’opération commerciale. Là encore, portez-vous un jugement ?

C’est Céline lui-même qui, de retour en France après son long séjour contraint au Danemark, a commencé de confier ses romans et récits à Gaston Gallimard. Celui-ci a par ailleurs racheté des parts de Denoël, l’éditeur d’origine de Céline, tué mystérieusement en décembre 1945. 

Après le décès de Céline, en 1961, ses ayants-droits ont cédé peu à peu l’exploitation de la quasi-totalité des œuvres non encore reparues comme des quelques inédits trouvés déci-delà à la maison Gallimard, même si de nombreux manuscrits et correspondances disparaissent en 1968 dans l’incendie du pavillon de Meudon.

Pensez-vous qu’on retrouvera un jour les neuf premiers chapitres de Guerre, ou est-ce définitivement perdu ?

Il y a en effet, dans ces manuscrits inédits, un ensemble autour de La guerre. Soit un unique chapitre qui commence après l’explosion de l’obus qui laisse Ferdinand blessé et sonné et s’achève à l’hôpital de campagne de Noirceur-sur -la Lys (lieu au nom fictif dont il est question dans Voyage au bout de la nuit). Puis cinq chapitres, chronique de l’hospitalisation à Peurdu-sur-la-Lys (nouveau nom de Noirceur-sur-la Lys) jusqu’au départ pour l’Angleterre au dernier chapitre qui ouvre la voie à Londres

En 1934 Céline évoquait un triptyque « Enfance-Guerre-Londres ». L’enfance prendra de l’ampleur pour devenir Mort à Crédit.  Restent La guerre et Londres, Céline mentionne ce dernier titre sur plusieurs chemises cartonnées. 

C’est celui qui a été baptisé Guerre et dont la publication a fait sensation. Ce roman autobiographique complète en quelque sorte le Voyage au bout de la nuit, car il commence, dans ce que nous en connaissons, à la blessure de Ferdinand dans une tranchée. Il en manque les neuf premiers chapitres, ce que ne mentionnent ni l’avant-propos signé par François Gibault ni l’apparait critique établi par Pascal Fouché.

Alors que Jean-Pierre et moi savons que le chiffre « VII » apparaît en tête du premier feuillet. Jean-Pierre a d’ailleurs longuement commenté ce manque dans les épisodes de son blog tenu sur Mediapart, au sein duquel il a décidé de révéler l’origine des manuscrits comme de donner sa version de l’affaire et de livre son commentaire sur la qualité de la transcription. Il y note là où Pascal Fouché se trompe ou n’a pas réussi à déchiffrer l’écriture de Céline comme les rares mots que Pascal Fouché a devinés quand Jean-Pierre avait échoué :

« J’ai attrapé la guerre dans la tête » dit Ferdinand, écrit Céline. Dans son errance, il croise des soldats anglais qui le conduisent à un hôpital.

Tout ce « premier » chapitre semble être écrit par un Ferdinand narrateur, entre mémoire et délire, sur son lit d’hôpital.

Dernière phrase de ce chapitre unique : « ces choses se passèrent à l’hôpital de la parfaite miséricorde le 22 janvier 1915 à Noirceur-sur-la Lys vers quatre heures de l’après-midi ».

Pascal Fouché, l’éditeur de ce texte chez Gallimard en mai 2022 a retiré cette phrase du texte considérant que sa place n’est pas logique dans la chronologie. Or nous ne sommes pas dans un discours logique mais dans un délire. Et cette phrase a toute sa place dans ce texte chaotique.

(…) C’est une publication tronquée. « Pas tout à fait », les trois premiers mots du chapitre 10 ont été biffés pour donner l’illusion d’un œuvre à part entière, non sans arrière-pensée commerciale, peut-on penser. Or, j’insiste, le texte de Guerre retrouvé « commence » au chapitre 10. Manque les neuf premiers chapitres. Céline les a écrits. Réapparaîtront-ils un jour ?

Enfin, comme d’autres textes manuscrits de Céline, le déchiffrage de Guerre n’est pas toujours aisé. Ici et là on bute, on doute. D’où les « mot ill. » et autre « quelques mots ill. » qui apparaissent, çà et là, dans le texte publié de Guerre. Pascal Fouché a déchiffré certains mots sur les lesquels j’avais buté. L’inverse est aussi vrai. »

Dans le rapide inventaire qu’il m’adressait, à ma demande, le 13 juin 2020, Jean-Pierre Thibaudat résumait ainsi ce texte : « un ensemble autour de La guerre. Soit un unique chapitre qui commence après l’explosion de l’obus qui laisse Ferdinand blessé et sonné et s’achève à l’hôpital de campagne de Noirceur-sur-la-Lys (lieu au nom fictif dont il est question dans Voyage au bout de la nuit). Puis cinq chapitres, chronique de l’hospitalisation à Peurdu-sur-la-Lys (nouveau nom de Noirceur-sur-la Lys) jusqu’au départ pour l’Angleterre au dernier chapitre qui ouvre la voie à Londres ». Il ajoutait : « En 1934 Céline évoquait un triptyque « Enfance-Guerre-Londres ». L’enfance prendra de l’ampleur pour devenir Mort à Crédit.  Restent La guerre et Londres, Céline mentionne ce dernier titre sur plusieurs chemises cartonnées. » 

Le mystère des six premiers chapitres absents de Guerre tend à laisser penser que quelqu’un est parti avec une petite part du trésor qu’avait laissé Céline rue Girardon et avant que le futur habitant des lieux, le Compagnon de la Libération Yvon Morandat, n’en mette la quasi-totalité à l’abri.

Précisons que c’est à l’origine l’artiste Gen Paul qui a trouvé l’appartement de Céline, au 5ème étage du 4 rue Girardon, dans le 18ème arrondissement de Paris, en mars 1941. Jusque-là, Céline vivait avec sa mère rue Marsollier, dans le deuxième arrondissement. D’autant que Lucette n’a guère les faveurs de celle-ci.

Montmartre, où arrive le couple en voisins de Gen Paul est un quartier de bohème artistique. Il y a là l’écrivain Marcel Aymé, le graveur Gabriel Daragnès, le comédien Le Vigan…

Semblablement, publiera-t-on un jour la version intégrale de Casse-pipe ? Découvrira-t-on d’autres manuscrits ?

Céline lui-même a confié à Gallimard quelques dizaines de pages de Casse-pipe qu’il avait peut-être emportées dans sa fuite. Un autre individu est rentré dans l’appartement avant l’arrivée de Georges Morandat (sur le rôle fondamental duquel je vais bien entendu revenir). Mais il y a là, dans les inédits, la version complète de Casse-pipe (dont on ne connaissait que quelques dizaines de feuillets).

Il reste encore à décrypter sérieusement un roman complet, de presque 600 pages, intitulé Casse-pipe et sur lequel les spécialistes requis à la hâte par Gallimard ont « cané ».

Mais de Casse-pipe, les « experts » désignés n’en ont compris que quelques pages, réduites à l’état de brouillon informe dans un nouveau volume de La Pléiade.

C’est peu de dire que ce récit autobiographique sur le service militaire du jeune Dr Destouches au sein de la cavalerie manque autant qu’il a rebuté les piètres exégètes commis d’office pour lire, déchiffrer et commenter la plus extraordinaire découverte de tous les temps et de toutes les langues de la littérature.

Il est pourtant là, à portée de main.  Je l’ai lu et en suis témoin. Céline y croyait tant qu’il en avait laissé éditer quelques dizaines de feuillets après la guerre, une fois épuré après ses années de détention et d’assignation à résidence où il avait tenté de se réfugier avec sa femme, Lucette, après la fuite en Allemagne aux côtés de Pétain puis la défaite du Reich et des nazis qui le chérissaient tant.

Comme avant vous Jean-Jacques Pauvert, vous souhaitez la publication « officielle » des pamphlets, avant que ceux-ci ne tombent dans le domaine public (en 2032). Pouvez-vous nous en dire davantage ? Nous expliquer pourquoi ?

Le grand écrivain Céline reste aussi, hélas, le signataire de trois immondes pamphlets antisémites, mais également racistes et à vomir de haine et de violence, qui ont été de sinistres best-sellers. Ils n’ont jamais été réédités depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et la mise à jour complète de la Shoah, mais ils appartiennent à l’œuvre de Céline, à la vie de celui qui est, pour l’état-civil, Louis-Ferdinand Destouches.

Il y a enfin et surtout dans les inédits ce que Céline lui-même a appelé « le dossier juif. » En clair, de la documentation que l’écrivain, profondément antisémite (mais peut-on l’être légèrement ?) a utilisée pour nourrir ses trois pamphlets – Bagatelles pour un massacre, Les Beaux Draps et L’École des cadavres ; précisons d’emblée qu’il existe aussi deux autres textes pamphlétaires, d’un autre nature, Mea culpa et L’Agité du bocal – dont il faut toujours rappeler que le premier, datant de 1937, n’est en aucun cas de circonstance pour plaire à l’Occupant.

J’ai déjà évoqué plus avant la nécessité de republier plus sérieusement ces ouvrages.

Qu’on ne continue pas à nous dire que tout cela doit rester caché. Je suis partisan d’exposer le mal, sans le glorifier aucunement mais pour en suivre les cheminements et pouvoir mieux savoir sur celui-ci comme lutter contre sa résurgence.

Vous avez été placé en garde-à-vue et avez subi diverses avanies, suite à la plainte des héritiers Céline. Avec le recul, regrettez-vous de vous être engagé dans cette affaire ?

Pas du tout ! C’est le plus extraordinaire dossier qu’un avocat-écrivain ait pu se voir confié, une affaire qui continue de faire sensation tant elle est aussi à la fois politique et humaine : 6 000 pages de Céline, un des plus importants – et controversés – noms de la littérature, surgissent de l’histoire.

On constate que certains des céliniens sont d’origine juive, ou qu’ils ont résisté. Vous êtes vous-même franc-maçon. Y a-t-il une contradiction avec le fait d’aimer Céline, de le diffuser ? Ou pas ?

À l’instar du Times et de sa Une sur « l’écrivain nazi » parue lors des révélations du mois d’août 2021, il est devenu, pour certains, difficile de séparer l’oeuvre de l’auteur. C’est pourtant là l’essentiel quand on aime sincèrement la littérature. Villon et Genet ne sont pas que des voleurs, Caroll et Gide que des pédophiles…

Propos recueillis par Etienne Ruhaud

Emmanuel Pierrat, L’affaire Céline, La véritable histoire des manuscrits retrouvés Édition Écriture, 2024, 250 pages.

[1]. Jean-Pierre Thibaudat (Louis-Ferdinand Céline, le trésor retrouvé, Allia, 2022) reprend, en titre de ce court ouvrage, le terme utilisé par Céline au début des années 1950 pour évoquer ses manuscrits disparus.

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