Presque tout me lie à cet écrivain. Sa mélancolie, sa bohème, sa façon d’être autant que son œuvre.
En publiant Quelque chose de Tennessee, Laurence Biava redonne au fameux refrain de Michel Berger une nouvelle aura narrative qui replonge le lecteur dans les grands thèmes de l’œuvre du dramaturge américain, faisant du « désir fou de vivre une autre vie » un leitmotiv de la vie de l’actrice Anita Deweers, son héroïne. La formule qu’elle utilise a la même intensité, mais, transposée à la vie de cette artiste, est incarnée par cette phrase surprenante qui interroge sur « toute une vie à jouer de cette complexité entre être et paraître », le tout sous l’oppression du Temps qui exige d’être écrit en majuscules tant la force qu’il exerce sur les êtres, y compris sur leur beauté fragile et périssable est implacable et cruelle.
Dire que le Temps est maître de nos vies est sans doute un lieu commun pour les êtres mortels que nous sommes. Il est visiblement tout aussi puissant sur la beauté humaine, surtout lorsqu’il s’agit d’une femme comme Anita Deweers, cette actrice « à la croisée des chemins », comme elle dit, et qui scrute avec une acuité tragique sa fragile condition. Quel est le besoin intérieur qui la pousse à de telles réflexions ? Et quelle a été votre motivation première à les rendre visibles dans le récit que vous venez de publier ?
Anita Deweers a derrière elle une très belle carrière mais qui arrive à un tournant dans le choix de ses rôles. Confrontée à une étape déterminante, celle de l’âge, déçue de ce qu’on lui propose, elle est obligée de se prendre en main pour continuer à jouer ce qu’elle désire. On lui propose de jouer un rôle de mère, mais elle ne peut plus et ne veut plus valider ce genre de propositions. Au même moment, elle se rend compte que le film qu’elle est en train de tourner est des plus médiocres. Elle prend conscience qu’un tournant de sa carrière est là, pressant et qu’il est réellement dû à l’âge, tournant difficile pour la majorité des actrices célèbres. Elle s’isole quelque temps à Nice pour faire le point sur sa vie, son parcours et tous les gens importants qui en ont marqué les étapes. Son besoin intérieur est motivé par la peur de vieillir inexorablement, mais aussi par la crainte d’être déconsidérée de manière fort sexiste ou insidieusement critiquée pour toujours choisir les mêmes rôles. Ma première idée est de dire que le cas de cette Anita est similaire à tous ceux des actrices d’aujourd’hui, et que ne s’en sortent les femmes qui prennent en main leur destin. C’est l’une de mes fécondes motivations, et je pense avoir réussi à œuvrer dans ce sens, très féministe : ce fut ma volonté.
Choisir Tennessee Williams et sa riche œuvre dramaturgique est un atout important qui plaide pour votre préférence pour cet auteur. Je présume qu’au-delà de cette abondance documentaire, il y a chez-vous une affinité élective avec sa biographie et son œuvre. Qu’est-qui vous lie à cet écrivain ?
Presque tout me lie à cet écrivain. Sa mélancolie, sa bohème, sa façon d’être autant que son œuvre. Il était temps de lui rendre hommage : ce type de livre-hommage n’est pas si fréquent. C’est ma façon de dire « In memoriam ». Oui, merci pour tout. Merci pour ce que vous avez apporté au théâtre, au cinéma, et aux rôles féminins que vous avez permis, campés par les plus belles actrices. Cette fiction n’est que cela : un tendre hommage à l’œuvre de Tennessee Williams, si riche, si diverse et si touchante, au travers de l’itinéraire d’Anita. Le roman s’attache aussi à rappeler une période mythique du cinéma qui a fait la célébrité de William grâce à l’interprétation de ses œuvres par les plus grandes stars hollywoodiennes des années cinquante et soixante. J’assume les références nombreuses aux textes de Tennessee, à leur aspect poétique, profondément humain, un peu désespéré et plein de nostalgie, inséparables des noms de Vivien Leigh, Elizabeth Taylor, Richard Burton, Paul Newman, Ava Gardner ou Marlon Brando. C’est la raison pour laquelle je n’imaginais pas Tennessee seul sur la couverture : a minima, il fallait à ses côtés ou Leigh ou Taylor. Mon éditrice et moi-même avons choisi Leigh pour sa grâce juvénile. Les deux visages s’accordent bien.
Et Anita Deweers, cette actrice française renommée et en même temps en proie de tant d’interrogations, qui est-elle ? Doit-on deviner quelqu’un se cachant derrière elle ?
Non, je n’ai pensé à personne en particulier, mais ce pourrait être Sophie Marceau, Monica Belluci, Charlotte Gainsbourg, Juliette Binoche, toute femme qui est capable de tout jouer, qui est capable de se répandre, de s’assumer, multiple, exubérante, de tout donner, d’aller dans ses derniers retranchements, comme le faisait Romy Schneider ou Marie Trintignant, peut-être jusqu’au dernier souffle. J’ai voulu parler de toutes les actrices en une. J’ai voulu parler de ce qui navigue et se meut en elles, aux côtés de tous les autres protagonistes. Ces gens sont en mouvement perpétuel. Avec eux, on est entre gloire et galère, entre les fêtes données autour du film, les problèmes qui jaillissent au quotidien, les éventuels conflits, ou les journées de pause au bord de mer.
Mais très vite, les rapports entre les principaux protagonistes vont prendre le dessus, notamment ceux du trio formé par l’actrice principale, Anita, le jeune premier, Jérôme et le metteur en scène, Marc. Trio trouble entre les sentiments amoureux et les non-dits.
Le film est une sorte de miroir constant qui révèle une relation triangulaire et reflète les liens entre les personnages : Anita/Alexandra del Lago, Jérôme/Chance, son jeune amant, qui voudrait lui aussi devenir acteur mais qui est rattrapé par son passé dans la station balnéaire où il a vécu autrefois. Et puis, il y a Marc, le metteur en scène, qui tient le rôle du personnage au charme énigmatique. Finalement, à bien y réfléchir, je trouve que ce sont Jérôme et Marc qui s’avèrent presque plus énigmatiques qu’Anita, d’où la fin dramatique et quelque peu inattendue.
Avant de vous inviter à nous parler de ses secrets enfuis dans sa personnalité complexe, permettez-moi une question en guise d’entrée en matière. Pourquoi pense-t-elle que « sa vie n’était pas ici », comme vous l’écrivez, en parlant d’elle ? Ses références incessantes à des actrices tout aussi célèbres qu’elle nous servent d’indice sur la limite quasi-inexistante entre leur vie et l’œuvre qu’elles construisent. Est-ce le cas d’Anita ?
Personnalité complexe, vraiment ? Anita essaye de se fondre, d’entrer en fusion avec son rôle. Elle s’investit, se bouscule, et nourrit, c’est vrai, une certaine ambiguïté. Ses vies privée et publique se mêlent. Elle est comme un personnage flouté, ne se refuse rien, ni les succès faciles, ni les rencontres. Beaucoup doivent être ainsi, non ? Anita est une femme fatale qui se perd et s’éprend en permanence, d’où les multiples chantages inconscients auxquels elle ne résiste pas. Elle est fragile, marquée par la peur de l’oubli. Comme Tennessee, sa vie a été marquée par l’absence du père, par sa mésentente avec lui lors de présences épisodiques de celui-ci et par un rapprochement trop tardif à la fin de sa vie avec lui.
On retrouve un peu de ce manque dans la vie de l’héroïne. Un père absent qui revient sans prévenir et qui fait rêver une petite fille en mal de repère masculin. Un séducteur qui va disparaître sans crier gare, cela me semble clair. Tennessee et Anita grandissent chacun dans un univers féminin. Ne pas oublier que l’œuvre de Tennessee Williams prend souvent son inspiration dans ses racines familiales et les douleurs qui en sont issues. De même, ce roman voit le mélange entre la vie, la carrière et le passé de l’actrice principale, Anita Deweers, on l’a dit. Le choix du rôle de la Princesse est un choix autobiographique. Son rapport avec les hommes est clair. Elle a en elle une force qui l’anime, qui la pousse vers la réalisation d’un film, ce qui est nouveau et tout de même très risqué.
Vous mettez en avant cette même énigme chez Tennessee Williams qui se définit lui-même comme « un bohémien », « un fugitif ». « Il n’y a aucun lieu qui me semble habitable au-delà d’une certaine durée, pas même ma propre peau », dit-il. En cela, il vous offre la possibilité de définir la vraie nature de l’actrice Anita Deweers, obligée à « être autre et multiple ». Qu’est-ce qu’un acteur selon elle, selon vous aussi ?
Un acteur est un être caméléon, transfiguratif et transfiguré, capable de passer du simple au double, capable de se métamorphoser à loisir et à foison. Tennessee était d’ailleurs très attaché à la description des décors dans ses pièces et au début de chacune d’entre elles, il y a souvent une assez longue description. Williams est devenu au cours de sa vie un éternel errant, et vous l’avez repris « Je suis un bohémien… je suis un fugitif. Il n’y a pas un lieu qui me semble habitable au-delà d’une certaine durée, pas même ma propre peau » (« Mémoires ») Certains de ses personnages comme Sébastien Venable qu’on évoque sans jamais le voir dans « Soudain l’été dernier » est un de ces errants et une sorte de double de Tennessee. Anita Deweers elle-même connaît au cours de ses tournages ou de sa vie personnelle une forme d’errance. On peut dire cependant que trois décors dominent dans l’œuvre du dramaturge et j’aimerais les préciser car ce sont ses « lieux habitables » – les demeures de ce Sud Profond qu’il aimait tant, ce Sud de son enfance, celui qui l’a bercé et qu’il n’oubliera jamais. Ces demeures qui donnent à ses écrits une atmosphère nostalgique, décadente, violente ou poétique. Grandes maisons avec quelque chose d’aristocratique ou de luxueux comme celle de la Nouvelle-Orléans dans « Soudain l’été dernier ». « La maison de style gothique victorien se fond avec le jardin – un jardin fantastique, sorte de jungle ou de forêt tropicale… ». On rejoint presque l’ambiance moite de « La Nuit de l’iguane » ou la maison du planteur du delta du Mississippi dans « La Chatte sur un toit brûlant » avec véranda et colonnes cannelées. D’autres ont un aspect moins glorieux comme dans « Propriété condamnée », « On voit une grande maison jaune, de bois, qui a une apparence de tragique abandon ». On a un peu la même impression devant la propriété dès les premières images du film « Baby Doll ».
Il est temps de pointer du doigt en profondeur le thème de votre récit. Il s’agit de la condition d’Anita Deweers en tant qu’actrice qui voir sa carrière décliner à cause du temps qui passe et qui risque de faner sa beauté. C’est aussi le thème de la fragilité de l’être, « quand les vagues du temps tapent trop fort sur les pontons », pour citer ici une belle formule de Jeanne Orient dans la vidéo qu’elle dédié à votre livre dans « Au fil des pages ». Pouvez-vous nous parler de ce drame, devrais-je dire de cette tragédie ?
Merci à Jeanne Orient pour ce qu’elle a dit de mon livre, j’en ai été très touchée. Deux sentiments reviennent chez Tennessee : la solitude, conséquence directe du thème de la fragilité de l’être, et la séduction liée à la culpabilité sans doute héritée de son éducation puritaine. Deux sentiments que l’on va retrouver dans les protagonistes de « Quelque chose de Tennessee », dans ce milieu du cinéma où on est souvent seul et où votre métier vous porte à séduire, le paradoxe du comédien étant d’être à la fois très entouré et se sentir seul comme Tennessee l’a été dans sa vie. Besoin et crainte de la solitude tout à la fois. Tennessee trouve dans l’écriture ce plaisir ou cette nécessité de fuir la réalité. Ce qui le rapproche ici de Françoise Sagan avec qui il était lié.
Sans doute les milieux du cinéma et du théâtre lui plaisaient parce qu’elles permettaient de fuir la réalité, sa fragilité intrinsèque et de séduire ces si grandes stars qui ont interprété les rôles qu’il avait créés. On se souviendra du tournage de « La Nuit de l’iguane » où se sont retrouvés Liz Taylor venue rejoindre Richard Burton et Ava Gardner autour de quelques verres… Dans l’œuvre de Tennessee, les personnages féminins occupent souvent une place majeure. On le voit dans de nombreuses pièces ou films célèbres comme « Soudain l’été dernier » ou « La Ménagerie de verre ». Les personnages sont inspirés de sa propre famille, de sa sœur Rose, de sa mère, Miss Edwina.
L’auteur s’investit dans ses personnages comme on le voit avec Blanche du Bois. Quant à Luchino Visconti, il faisait sciemment la confusion entre l’auteur et son personnage. D’ailleurs dans la pièce du Tramway, il lui fait dire : « Je veux enjoliver les choses. Je ne dis pas la vérité, je dis ce qui devait être la vérité ! ». Toujours ce désir de fuir la réalité, ou plutôt sa fragilité.
Au-delà de cette beauté, « il faut tout le reste » pour « capturer et dompter la caméra qui filme ». C’est le cas de Jérôme Vancenis, un de vos personnages masculins. De quoi s’agit-il ?
La rencontre entre Anita et Bertrand, le jeune universitaire, va aboutir à plusieurs choix déterminants. Les échanges avec l’agent feront le reste. Le choix de l’acteur est lui aussi déterminant dans cette affaire. Ce Jérôme Vancenis est magnétique, touché par une forme de grâce, il est le pendant « fatal » d’Anita, qui est rattrapé par son passé dans la station balnéaire où il a vécu autrefois. Parce que lui aussi voulait devenir acteur, il est une forme de jumeau bénéfique utile à la réalisation du film. Là, je le dis honnêtement, j’ai pensé à Delon ou Eastwood en écrivant ces pages. Je voulais exprimer des penchants âpres et déchirants, magnifiés par une caméra habile qui prend d’emblée tout ce qui est indicible à saisir, qui ne se chope pas avec les mains mais avec la foi.
Vous déployez une impressionnante palette de connaissances dramaturgiques concernant l’œuvre de Tennessee Williams et aussi la filmographie concernant les adaptations de ses pièces de théâtre au cinéma. On voit que cela n’est pas due seulement aux besoins de documentation romanesque, mais elles relèvent d’une vraie passion pour cet auteur. Pardon de revenir sur cet aspect, en vous posant cette fois cette question concernant l’œuvre de cet auteur. Comment avez-vous réussi à rassembler toutes ces données pour les utiliser dans votre récit ?
J’ai relu les textes, réécrit la plupart de mes travaux, j’ai relu mes notes et mes cahiers, j’ai revu certains films et puis j’ai tout agencé, et fais plusieurs plans didactiques pour avancer et ne pas me perdre dans mes propres étapes et échelonnements. Cela n’a pas toujours été facile car je voulais en dire beaucoup avec la crainte d’oublier de mentionner quelque chose d’important. Ce travail d’architecture et de structure m’a pris deux ans.
Votre travail ne consiste pas en mettre bout à bout des éléments biographiques ou documentaires. Loin de là ! Vous faites avec minutie un travail de réécriture, mais aussi un travail de réadaptation d’une des pièces de l’auteur américain Doux oiseau de la jeunesse en suivant pas à pas tout le tournage d’un film avec Anita Deweers au centre et tous ceux qui l’entourent. Comment vous est venue cette idée ? Pouvez-vous également nous parler des choix de lieu (Venise, Rimini) et de temps (les années du fascisme en Italie) ?
J’ai beaucoup travaillé, oui. Et j’ai surtout voulu respecter la quintessence de Tennesse Williams. La plupart des décors de films tirés de ses œuvres ont ce point commun : la chaleur du Sud de son enfance tout autant que l’hôtel Costa Verde au Mexique, l’appartement romain de Mrs Stone ou la grande maison près d’Amalfi de Mrs Goforth (dans le film « Boom » ). Le drame de « Soudain l’été dernier » se joue dans une station balnéaire « Cabeza de Lobo » située peut-être elle aussi au Mexique ou dans un pays latino-américain réel ou imaginaire.
Palaces, stations balnéaires avec plages à perte de vue, jardins luxuriants ou terrasses au chaud soleil. On retrouve un peu tout cela dans la région de Rimini chère à Fellini avec en plus le passé monumental de l’Italie. Il fallait aussi trouver dans l’histoire de l’Italie une période qui rappelle une certaine tension ou même une violence dans les rapports humains tels ceux du Sud Profond : le fascisme de l’entre-deux-guerres était donc une période à privilégier. Le remake va avoir pour cadre l’Italie (la Côte Adriatique et Rimini) qui n’est pas étranger à l’univers de Williams qui aimait beaucoup ce pays. Il y a écrit certaines de ses œuvres.
(« Les Jeux de l’été » nouvelle à l’origine de la pièce « La Chatte sur un toit brûlant ») et l’a choisi pour cadre dans un de ses rares romans « Le Printemps romain de Mrs Stone ». Il faisait de fréquents séjours notamment à Rome et était lié à Anna Magnani qui avait été aussi l’interprète de deux de ses films (comme « La Rose tatouée »). L’Italie exerçait sur lui une certaine fascination.
Le choix d’un lieu de tournage et les décors sont évidemment déterminants pour un film. Beaucoup de metteurs en scène ont choisi des lieux de tournage comme éléments essentiels de leurs films. Comment ne pas penser aux scènes mythiques du « Crépuscule des Dieux » de Visconti et à son univers princier ou dans un autre genre aux paysages du Sud de l’Italie et à la pureté de leurs couleurs dans « Plein Soleil » de René Clément. Le parti pris de mon roman est de transposer l’oeuvre de Williams en Italie et dans un contexte différent pour parler de l’œuvre tout en respectant le texte. Et je tenais à conglomérer tous ces aspects en faisant mention par touches du fascisme italien car c’est une époque de l’histoire contemporaine européenne que je connais bien.
Parlez-nous aussi de la fine attention que vous avez accordée à la construction de chaque personnage. Comment faites-vous pour garder cette tension et en même temps cette crédibilité de ceux qui incarnent vos romans ?
Ce sont les dialogues qui apportent dès le départ de la tension au texte. Les personnages ont tous des caractères bien trempés. L’héroïne sait ce qu’elle veut, c’est elle qui manage les autres et entraine les autres. Il fallait un texte tenu qui fasse honneur à l’œuvre de William. Le roman a peut-être des défauts (on m’a reproché trop de dialogues) mais pas celui d’être édulcoré, hésitant, où les personnages sont malmenés. De ce fait, oui, j’espère bien qu’ils sont crédibles et que surtout, le livre donne envie de relire l’œuvre de cet auteur dramaturge hors norme. C’est le but, en fait.
Permettez-moi de finir notre entretien avec cette affirmation : « Les acteurs ont une façon d’être qui est du ressort du double jeu ». Et les écrivains ? Qu’y a-t-il d’eux-mêmes dans leurs œuvres ? Et dans la vôtre ?
Personnellement, je ne suis pas dans le double jeu. Il y a sans doute de moi dans le personnage d’Anita, sur le plan féministe, et le côté un peu tête brulée. Mais il y aussi de moi dans les personnages masculins. La mélancolie, le désœuvrement, le genre « à l’arrache », les soirées éculées, cela m’arrive aussi. Mais globalement, je ne joue pas. Je n’ai pas encore écrit une seule autobiographie ou autofiction. En 16 livres, j’ai toujours inventé. Je préfère mesurer les limites de mon imaginaire, créer de paraboles, c’est un peu plus difficile que de raconter sa vie en changeant les endroits et les prénoms pour faire croire qu’on écrit des romans.
Propos recueillis par Dan Burcea
Photo de l’auteure : © Anne Vassivière
Laurence Biava, Quelque chose de Tennesse, Éditions Une heure en été, 208 pages.