Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ?
Je m’appelle Isabel Abenia, je suis née et je vis à Saragosse, en Espagne.
Vivez-vous du métier d’écrivain ou, sinon, quel métier exercez-vous ?
Malheureusement, rares sont les auteurs qui peuvent vivre exclusivement de la Littérature. En ce qui me concerne, en plus d’être écrivain, je suis chef d’entreprise.
Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?
Mes parents étaient de grands lecteurs et ma mère m’a appris très tôt à lire, alors c’était naturel pour moi. À l’âge de sept ou huit ans, j’ai commencé à écrire des contes illustrés, car je suis aussi passionnée de peinture, et avant l’adolescence j’écrivais des bandes dessinées et des poèmes. Pour mes douze ans mon père m’a acheté une machine à écrire, avec laquelle j’ai fait mes premiers pas vers le roman, bien sûr à cet âge je n’écrivais que des choses simples.
Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?
De nombreux romans ont eu de l’importance pour moi et ont influencé mon travail d’écrivain. Si je devais choisir un ou deux livres, ce serait sans doute Moi, Claude de Robert Graves et Le nom de la rose d’Umberto Ecco. C’est en lisant ce dernier livre que j’ai commencé à rêver d’être un jour écrivain.
Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?
J’ai publié quatre romans historiques, une nouvelle et trois mini-nouvelles noires, ainsi que quelques articles qui ont été publiés dans des revues ou des sites web. Changer de genre ne m’est pas difficile, même si je peux dire que la poésie n’est pas mon truc.
Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?
Cela dépend du style que l’on veut donner au texte, mais toutes les options sont bonnes si le résultat est satisfaisant.
D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?
Une longue période de recherche est nécessaire avant de commencer à écrire un roman historique. La trame vient spontanément, mais il est fondamental de connaître parfaitement l’époque déterminée, et je ne me réfère pas seulement aux événements historiques les plus importants de la période en question, mais aux autres cadres qui peuvent sembler à première vue insignifiants, mais sans lesquels il est impossible d’avancer. Il faut savoir comment vivaient les personnages, comment ils s’exprimaient, comment ils mangeaient et s’habillaient, quelles étaient leurs pensées et leurs aspirations, l’aspect de leur maison, leur profession et quelles relations ils entretenaient avec les personnes de leur rang social. Comme j’aime le travail de recherche et que je le fais consciencieusement, je n’arrive jamais à fixer le moment où je dois m’arrêter. Je ne suis donc pas très rapide et cela me prend généralement un an et demi et j’ai même eu besoin de trois années pour terminer mon deuxième roman.
Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?
Cela dépend, pour certaines œuvres tout est clair, alors que pour d’autres ce n’est pas aussi évident. À deux reprises, la maison d’édition a changé le titre de mon manuscrit et je n’ai émis aucune objection, car les éditeurs connaissent le marketing et le titre d’un roman peut s’avérer très important. Un titre avec des mots qui sonnent bien ou avec une phrase « accrocheuse », devient une bonne carte de visite pour le livre, idem pour l’image de couverture.
Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?
Les personnages d’un roman sont primordiaux, autant que la trame ou peut-être même plus, et il faut souligner que dans un roman historique des personnages réels côtoient des personnages fictifs. Pour les premiers, il convient d’être rigoureux, s’en tenir à ce que l’on a appris dans les documents historiques et surtout tenir compte, s’il y en a, des avis des historiens contemporains. À l’inverse on peut laisser libre court à son imagination pour décrire les personnages fictifs. Je considère comme essentiel que les personnalités de ces derniers soient intenses et accrochent le lecteur. Un personnage plat n’arrivera jamais à transmettre quoique ce soit et ne suscitera pas d’intérêt pour le livre. Mes personnages ressemblent parfois à des gens de mon entourage, ou même à moi, mais avec toujours des différences ou en mêlant les personnalités de différentes personnes que je connais. Il est surprenant de voir qu’après des mois de travail, tu finis par croire qu’ils existent et que tu éprouves même de la tendresse pour certains. La conscience humaine est très étrange.
Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.
Mon dernier travail publié est une œuvre qui mêle l’essai et le roman, dont le protagoniste est un personnage de haute importance de la Rome du 1er siècle. La maison d’édition qui l’a publié est spécialisée dans le domaine historique. Le roman a été mis en vente en Espagne courant 2021, il a été traduit en italien et cette année il a été publié en Italie. Mes agents littéraires ont déjà en leur possession mes deux derniers manuscrits, deux œuvres que l’on ne peut pas réellement considérer comme des romans historiques. L’une d’entre elle est un thriller, un roman noir à suspens où cohabitent notre époque contemporaine et une époque lointaine de l’Histoire de France, celle de l’Empire carolingien. Charlemagne est l’un de mes personnages historiques favoris et je voulais écrire quelque chose sur lui. L’autre est un roman policier avec quelques pointes d’humour, même si, là encore, l’Histoire a son importance. Enfin, en ce moment je suis en train d’écrire un nouveau roman qui parle d’une époque lointaine dans le temps et dans l’espace et que je trouve fascinante. Je crois que la magie du roman historique réside dans le fait que les lecteurs comme les auteurs peuvent apprendre en prenant plaisir.
(Traduit de l’espagnol par Carine Vincent)