Surnommée La Princesse de la flûte de Pan, L’Alouette ou La femme orchestre, la musicienne roumaine Oana Lianu vient de recevoir, sous les ors de la République, au Sénat, lors du Sommet européen d’Affaires franco-roumain le Diplôme – Prix d’Excellence pour la diversité des actes culturels et la contribution à l’amitié franco-roumaine et à la collaboration internationale. Ce n’est d’ailleurs pas le seul prix qu’elle ait reçu, sa carrière est parsemée de succès et de récompenses dont nous l’invitons à nous parler.
Oana Lianu, permettez-moi de vous présenter brièvement aux lecteurs de Lettres Capitales : vous êtes une musicienne connue dans votre pays, mais aussi en France et dans le monde entier, non seulement en tant qu’instrumentiste virtuose mais aussi pour votre voix exceptionnelle. Je vais m’arrêter ici et vous laisser nous en dire plus sur vous, sur vos origines et votre famille.
Bonjour Dan Burcea, à vous et aux lecteurs de votre magazine en ligne ! Tout d’abord, l’invitation à vous accorder cette interview m’honore et me fait plaisir à la fois, ce dont je vous remercie ! Concernant mes origines, j’avoue que j’ai eu la chance passer mon enfance partagée entre la ville (Zalău), pendant l’école et la campagne, pendant mes vacances. J’ai profité de ces deux régions féeriques, les belles plaines de Transylvanie, ma mère étant originaire du département de Cluj, plus précisément du village de Morău, et les merveilleuses terres de Gorj, mon père étant originaire d’Olte, du village de Dumbrăveni, commune de Crasna, Gorj. J’irais un peu plus loin, en disant quelques mots sur l’origine de mes grands-parents. Mes grands-parents maternels étaient paysans et mes grands-parents paternels étaient tous deux enseignants, ma grand-mère, Cecilia Lianu, était également responsable des danses folkloriques dans sa commune et mon grand-père parlait très bien le français ! L’oncle de mon grand-père, le médecin Ioan Lianu, a construit l’école du village en 1937 et, un an plus tard, le dispensaire médical, tous deux fonctionnant encore aujourd’hui, et portant son nom, Dr. Ioan Lianu. Donc une famille avec un nom retentissant dans le comté de Gorj et pas seulement ! Mes parents se sont rencontrés à l’ensemble folklorique étudiant Mărțișorul de la Maison de la Culture de Cluj-Napoca, dirigé par Dumitru Fărcaș. Ma mère était étudiante à la faculté de lettres de l’université Babeș-Bolyai, et mon père, étudiant en histoire, a été transféré en troisième année à la suggestion de Dumitru Fărcaș, qui l’avait remarqué lors d’un festival d’étudiants à Sibiu, où il était étudiant. À l’époque, mon père ne jouait que de la flûte, mais sa passion pour la musique et pour le folklore roumains et les instruments à vent folkloriques s’est avérée plus forte que sa profession principale, celle de professeur d’histoire. Il est devenu un virtuose renommé des instruments à vent folkloriques, taragote, caval, flûte, ocarina, tilinca, cornemuse, drâmbă, et en même temps professeur de ces instruments qu’il enseigne depuis maintenant de plus de 40 ans. Mon frère aîné et moi sommes tous deux nés à Cluj-Napoca, lorsque nos parents étaient étudiants, et plus tard, lorsqu’ils ont été affectés à Zalău après avoir terminé l’université, nous avons vécu dans cette ville pendant 18 ans. Je suis donc né à Cluj-Napoca et j’ai grandi à Zalău, Cluj et Gorj !
Chacune de ces régions ont laissé leurs empreintes musicales sur votre devenir artistique. Mais remontons dans le temps un instant pour savoir comment est née votre passion pour la musique ? On dit que la musique est l’une des matières qu’il faut commencer à étudier très tôt. Est-ce le cas pour vous ?
Sans aucun doute ! J’ai grandi dans un environnement qui m’a poussée vers la lecture et la découverte de la musique. Chez nous, nous écoutions de la musique classique, du folklore roumain et de la musique de variété. Depuis toujours, je suis sensible à la musique, qu’elle soit jouée sur un instrument ou chantée. À l’âge de six ans et demi, mes parents m’ont acheté un piano à demi-queue Franz Wirth et j’ai commencé à étudier la musique classique à l’école spécialisée en musique de Zalău. J’aimais aussi le folklore roumain, et mon père m’a initiée dès l’âge de neuf ans à l’art des instruments à vent folkloriques, ainsi j’ai pu apprendre à jouer de tous les instruments que j’avais énumérés tout à l’heure. C’est également à cette époque que j’ai commencé à développer une autre grande passion pour l’harmonie folklorique. Mon père a fondé et dirigé le groupe instrumental Folclorica à Zalău – le nom a été trouvé par ma mère. Pour moi, c’était une « école-orchestre» où j’ai grandi et où je me suis formée en tant qu’artiste. J’ai « chipé» l’harmonie aux collègues de mon père qui faisaient partie de ce groupe instrumental. L’harmonie folklorique que j’ai apprise pendant mon enfance m’a ouvert de grandes portes pendant mes études, lorsque j’ai étudié l’harmonie classique et modale à l’Académie de musique George Dima de Cluj-Napoca. Je me souviens avec émotion et tendresse des cours d’harmonie classique dispensés par le compositeur et professeur Hans Peter Türk, qui, malgré certaines lacunes que j’avais (n’ayant pas suivi des cours dans un lycée musical, j’étais confrontée pour la première fois à l’harmonie écrite et à ses «lois»), appréciait constamment mes devoirs d’harmonie, auxquels j’appliquais mes connaissances en harmonie populaire ! D’ailleurs, le sujet de l’harmonie classique a été l’un de mes choix pour mon examen de premier cycle.
En parlant de votre parcours musical, j’ai appris qu’il y a eu un événement qui vous a fait changer de direction dans vos études de piano et vous obliger à vous tourner vers la flûte de Pan, l’instrument que vous pratiquez d’ailleurs actuellement. Pouvez-vous nous raconter cette incroyable histoire ?
Les tournants les plus difficiles de ma vie se sont révélés être des lumières que Dieu m’a envoyées. C’est aussi le cas avec l’apparition de mon instrument le plus cher, la flûte de Pan, dans ma vie. À l’âge de 11 ans, lors d’un jeu d’enfants, à l’époque on jouait encore à la marelle, un grès tranchant a coupé le bout de mon index, en m’enlevant un petit morceau de chaire et d’os. J’ai fait une panaris très méchante, j’ai été opérée d’urgence à Miercurea-Ciuc, pendant une colonie de vacances. L’idée salvatrice est venue plus tard de mon père, dans le sens où, croyant que je ne serais plus capable de jouer du piano, il m’a acheté une flûte de Pan, sous prétexte que cet instrument ne nécessitait pas de doigté, et qu’il n’était pas trop tard pour commencer à l’étudier. Cet événement extrêmement désagréable et douloureux a donc totalement changé le cours de mon évolution artistique !
En France, le public mélomane vous connaît et vous apprécie. Preuve en est qu’en 1991, après des concerts avec l’orchestre de l’école de Foclorica, les Français vous ont appelée l’Enfant prodige de la flûte de Pan, puis la Princesse de la flûte de Pan. Je suppose que votre relation avec la France vous a marquée et reste aujourd’hui une relation privilégiée. Dans quelle mesure est-elle encore présente aujourd’hui, d’autant que vous venez de recevoir le Diplôme – Prix d’Excellence cette année au Sénat français ?
La France est en effet le pays qui m’a décerné les distinctions les plus honorables et qui, au-delà de ça, m’est si cher ! J’ai vu ce pays pour la première fois en 1991, en fait c’est le premier pays que j’ai visité après la révolution roumaine, au Festival International de Folklore de Vitrolles, où on m’a appelée l’enfant prodige de la flûte, et un an plus tard, au Festival International de Folklore de Martigues, où j’ai été surnommée la Princesse de la Flûte de Pan, en bénéficiant de la reconnaissance du public français, grand amateur et connaisseur du folklore roumain, qu’il a savouré pleinement lors des représentations de ces festivals internationaux ! En 2009, à la suite d’un concert extraordinaire au Conseil de l’Europe à Strasbourg, j’ai reçu, également de la part des Français, le titre honorifique d’Ambassadrice culturelle de Roumanie, et comme vous l’avez mentionné, la distinction la plus récente est le Prix d’excellence reçu au Sénat français lors du sommet franco-roumain. Une autre raison pour laquelle je me sens si proche de la France est le fait que la première langue étrangère que j’ai apprise était le français, une langue que j’ai beaucoup aimée et que j’aime toujours autant. Au lycée, j’ai étudié la culture de ce pays qui m’a fascinée et continue de me fasciner, avec son immense patrimoine culturel, son histoire exceptionnelle ! J’ai terminé le lycée dans la section roumain – langues étrangères, à Zalău, même si mes parents m’avaient initialement inscrite dans la section mathématiques-physique, que j’ai abandonnée de ma propre initiative après la première année, réalisant que je voulais faire de la musique, donc un autre tournant extrêmement important ! Les années de lycée m’ont marquée en étudiant les grandes personnalités de la France, dans tous les domaines. Je dois aussi une grande partie de mon amour pour ce pays à mes professeurs de français, aussi bien celui du collège que celui du lycée. À ce sujet, je voudrais souligner une chose : les professeurs que j’ai eus au cours de ma formation en tant que personne et en tant qu’artiste, en plus bien sûr de l’environnement familial dans lequel j’ai grandi, ont joué un rôle déterminant, pour lequel je les remercierai toute ma vie ! Je dois donc vous dire que l’idée de me rapprocher de la France, née très tôt à l’école, et mon attachement à ce pays, ne m’ont jamais quittée !
Mais revenons à votre carrière. Un des professeurs de l’Académie de musique de Cluj dit de vous : «La flûte de Pan d’Oana vibre en atteignant les sommets de la perfection.» Derrière cette affirmation, il y a un grand talent, sans doute, mais aussi une énorme quantité de travail. Comment arrive-t-on à un tel niveau de virtuosité ?
J’ai eu la chance, l’honneur et la joie d’étudier à l’Académie nationale de musique «Gheorghe Dima» un sujet concernant «Harmonie modale et orchestration» avec Tudor Jarda, compositeur, chef d’orchestre et professeur exceptionnel. Nous avions en commun l’amour, l’attachement, la compréhension profonde de la valeur de l’archaïsme folklorique roumain concrétisé dans son langage musical «avec des racines profondes dans la chanson populaire», comme il l’a lui-même avoué, et tout cela m’a fait l’aimer et l’estimer peut-être plus que n’importe lequel de mes redoutables professeurs, comptant dès le début parmi ses étudiants préférés. L’amitié et la collaboration musicale dureront toute ma vie. Étant en même temps un homme d’une intelligence brillante, évidemment doublée d’un sens de l’humour débordant, il me disait, dans la douce langue transylvanienne « Lianu chère, tant de soi-disant musiciens ne comprennent pas ce qu’est le folklore !…Ils feraient mieux d’aller garder les moutons, peut-être ainsi ils comprendraient quelque chose !». La déclaration que vous avez mentionnée me concernant lui appartient. Bien sûr, l’expression utilisée par mon ancien professeur peut soulever au moins un point d’interrogation sur le terme superlatif qu’il utilise, mais les six albums musicaux, les enregistrements radio et télévisés, les apparitions et les concerts dans le monde entier témoignent sans conteste de mon activité artistique dans le monde entier… La virtuosité instrumentale ne peut s’acquérir que par des centaines d’heures d’étude, tout le monde le sait. En fait, tout le monde devrait le savoir, car je me suis souvent heurtée à la question, pardonnez-moi d’utiliser le terme, stupide, complètement ignorante, pourquoi dois-je étudier si dur maintenant que j’ai atteint cette virtuosité ? Il semble donc que tout le monde ne comprend pas de quoi il s’agit… La perfection de l’art musical se produit lorsque la virtuosité instrumentale, ou vocale, selon le cas, est au même niveau de valeur, sans aucun doute, que la maîtrise musicale de l’interprète. Le célèbre dicton «C’est le ton qui fait la chanson» aura toujours la suprématie ! Peu importe la virtuosité de l’instrumentiste en question. Sans le son, sans parler de la capacité à transmettre l’émotion, tout est vain, mort dirais-je. Les grands interprètes du monde, et cela est vrai aussi dans d’autres expressions artistiques, ont gagné en réalisant l’harmonie entre le plus haut niveau de leur potentiel artistique et l’expressivité et la virtuosité !
Je mentionnais dans l’introduction que, outre la France, vous êtes connue dans d’autres pays européens comme l’Allemagne, par des concerts à Stuttgart, à Francfort, la Belgique à Bruxelles, mais aussi en Chine, aux États-Unis, etc. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos tournées et votre notoriété à l’étranger, sur les répertoires et les concerts que vous avez donnés, sur vos invités ?
La variété de mon répertoire a toujours été l’une de mes forces. Grâce à elle, j’ai eu la chance, l’opportunité, de visiter tant de pays, des 3 continents, Europe, Amérique, Asie. Depuis 1991, lorsque j’ai quitté le pays pour la première fois pour la France et l’Allemagne, et jusqu’en 2004, il ne s’agissait que de concerts et de spectacles en Europe. Au début, les spectacles de folklore roumain étaient principalement présentés lors de festivals de folklore, de foires touristiques ou en collaboration avec l’Institut culturel roumain, sur le territoire européen. Je citerai les festivals du folklore mondial et les salons internationaux du tourisme de Nice, Martigues, Vitrolles, Bray-Dunnes, Digne les Bains, Nantes (France), les festivals du folklore mondial de Valladolid, Tenerife (Espagne), les festivals du folklore mondial de Bitburg, Mannheim, Trier, Nuremberg (Allemagne), Izegem et Waregem (Belgique), Enschede (Pays-Bas), Rome, Luxembourg, Hongrie. Puis, au fur et à mesure que le répertoire de café-concert de la flûte de Pan et de la musique classique se sont diversifiés, des invitations avec un thème différent sont apparues, ainsi que celles d’outre-mer, de Chine, des États-Unis, de Corée du Sud, par exemple les Journées internationales de la Francophonie (Budapest, Szeged, Séoul), des collaborations avec les universités de Reims, Stuttgart, Bruxelles, des concerts de musique classique organisés dans des salles de concert ou des théâtres, des musées, des galeries d’art, des universités, des écoles, des cathédrales, des églises, des institutions politiques – le Parlement européen à Strasbourg, le Conseil de l’Europe à Bruxelles, le Parlement à Mayence, mais aussi en plein air lors de divers événements culturels, artistiques et sportifs.
En plus d’être une artiste, vous avez également une carrière d’enseignante universitaire. Vous êtes titulaire d’un doctorat en musicologie. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Oui, c’est vrai, je suis docteur en musicologie, j’ai commencé ma carrière universitaire il y a 22 ans, en suivant je dirais une progression naturelle des choses. Je voulais que l’instrument dont je joue, la flûte de Pan, ne reste pas seulement dans la sphère de la performance, aussi bonne soit-elle, mais qu’on lui accorde l’importance qu’il mérite au plus haut niveau, le niveau académique. Après avoir obtenu mon diplôme de l’Académie de musique George Dima de Cluj-Napoca en 1999, j’ai rejoint la faculté de musique de l’Université d’Oradea, qui avait été fondée quelques années auparavant. Deux ans plus tard, lorsque je suis devenue assistante, j’ai accepté immédiatement ce poste, d’autant plus que la flûte était un instrument qui suscitait relativement moins d’intérêt que les autres instruments de l’orchestre symphonique, par exemple. Cela a conduit à ma thèse de doctorat, «La flûte entre tradition et modernité», dans laquelle j’ai exploré les possibilités techniques et de répertoire de cet instrument, qui a été récompensée par la commission universitaire avec la mention très honorable avec félicitations du jury. Je dois mentionner que, suite à mes premières prestations artistiques lors des événements de l’Académie, le Sénat universitaire a créé le module de musique folklorique de Flûte de Pan au premier semestre, que j’ai étudié par moi-même, comme je l’avais fait auparavant. J’ai donc fait mon doctorat dans la même faculté où j’avais été étudiante ! Même à cette époque, j’ai bénéficié de l’appréciation des professeurs de l’université, étant la seule étudiante à recevoir la médaille George Dima et le certificat d’anniversaire, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du fondateur de l’Académie nationale de musique George Dima à Cluj-Napoca. La virtuosité de la flûte de Pan, bien qu’inférieure aux instruments de concert d’un orchestre, sa musicalité, son timbre, méritent une place particulière dans la galerie dorée des instruments ayant un tel potentiel artistique. J’espère sincèrement y parvenir à la faire connaître aussi en France, avec mon style de jeu et le vaste répertoire que j’aborde ! En ce qui concerne ma carrière universitaire, je suis maître de conférences à la Faculté des lettres de l’Université d’Oradea. Je suis également chef d’orchestre et coordinatrice de l’ensemble folklorique des étudiants de la faculté des arts, avec lequel j’ai donné de nombreux concerts. En tant que conférencier, je suis invitée à participer à des jurys spécialisés, je suis membre de comités universitaires, je donne des conférences dans mon pays et à l’étranger à diverses occasions. Mes livres et publications personnels ont une portée large et variée dans le domaine de la littérature musicale.
Parmi les genres musicaux que vous abordez, il y a aussi le jazz. Nous en parlons parce que c’est aussi un moment important où vous avez eu la révélation de votre voix. Comment avez-vous vécu ce moment et comment a-t-il façonné votre avenir musical ?
En effet, j’ai également adapté le répertoire du jazz-café-concert, chansons, comédies musicales, Evergreen, variété à la flûte de Pan, un choix que j’ai fait il y a longtemps, depuis mes années de lycée où je commençais à maîtriser de mieux en mieux les possibilités techniques cet instrument, découvrant de plus en plus ce domaine musical fascinant. Quant à la voix, ce fut une autre grande révélation survenue avec une excitation et une joie immenses. Bien sûr, je chantais aussi auparavant, mais pas en tant que soliste sur scène. Au collège, je faisais partie du chœur de chambre de l’école, avec lequel j’ai fait de nombreuses tournées dans le pays. Je pouvais tout chanter, tout jouer, sans craindre le falsetto. L’un des examens d’entrée au conservatoire était l’audition vocale ! Mais, étant perfectionniste, la raison pour laquelle je n’ai pas vraiment exploité ma voix est que j’avais atteint un niveau très élevé avec la flûte de Pan, et je craignais que ma voix et ma performance vocale soient inférieures à mon instrument ! Ce n’est donc qu’à l’âge de 36 ans, en décidant de participer à un spectacle national, que j’ai réellement découvert ma voix et son extraordinaire potentiel (couvrant 3 octaves), pouvant interpréter, comme la flûte de Pan, le répertoire le plus varié, au plus haut niveau de mes propres exigences artistiques, égales à celles que j’approchais lorsqu’il s’agissait de cet instrument. L’ironie est que, très souvent, la voix est devenue le principal élément apprécié par le public ! Ceci malgré le fait que les années consacrées à l’étude du piano étaient incomparablement plus nombreuses que celles consacrées aux études vocales… Donc, la révélation de la voix est venue aussi d’En Haut, je crois de toutes mes forces que je suis bénie par Dieu avec ces dons, et je Le remercie constamment pour cette grâce dont Il m’a dotée !
Les concerts One women-show que vous avez donnés ont montré que vous maîtrisiez d’autres instruments que la flûte de Pan. Quels sont-ils et comment influencent-ils non seulement votre répertoire mais aussi votre carrière en général ?
J’ai mentionné au début de l’interview que j’ai commencé à étudier le piano à l’âge de six ans et demi. Je n’ai jamais abandonné cet instrument, j’en joue avec beaucoup de plaisir et maintenant, partout où il y a une salle avec un piano, que ce soit de la musique classique ou pour m’accompagner ou pour accompagner quelqu’un d’autre quand c’est du folklore roumain de toutes les régions du pays ou un café-concert. Je dois mentionner que le piano était également un test d’admission, instrumental, en plus du test théorique et vocal, qui m’a permis d’entrer à l’Académie de musique de Cluj-Napoca, en obtenant la note maximale. En gardant l’ordre chronologique d’apprentissage des instruments, après le piano sont arrivés les instruments à vent populaires dont joue mon père et que j’ai appris de lui, à savoir la flûte, le caval, la tilincă, l’ocarina, la cornemuse et la drâmbă. Lors des tournées internationales que j’ai entreprises, je ne me sépare jamais de quelques-uns d’entre eux, la flûte, le caval, l’ocarina et la drâmba. Le principal répertoire que je joue avec ces instruments est le folklore roumain, mais je joue aussi de la flûte de Pan dans des cafés-concerts et des chants de Noël.
C’est ce sur quoi Oana Lianu – One woman show s’est construit au fil des années, à travers la diversité des genres musicaux que j’aborde et à travers la combinaison exclusive au monde de la flûte de Pan, de la voix, du piano et des instruments à vent !
Pour conclure, revenons à la récompense reçue il y a peu au Sénat français. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Quels autres projets avez-vous à l’avenir, tant en tant qu’artiste qu’en tant qu’universitaire et mère de famille ?
J’ai été particulièrement heureuse de recevoir le prix d’excellence qui m’a été décerné récemment au Sénat à Paris lors de la rencontre d’affaires franco-roumaine en partenariat avec la Presse Internationale Interviewfrancophone.net, d’autant plus qu’il m’a été accordé pour la diversité des actes culturels et le soutien apporté à l’amitié franco-roumaine et à la collaboration internationale au fil des années ! À cette occasion, j’ai également donné un récital au Palais du Luxembourg, apprécié par toutes les personnes présentes à cet événement. L’avenir ? J’aimerais le construire ici, en France, à la fois pour moi et pour ma famille. Cela dépendra de mon énergie et ma capacité à me battre, mais j’espère sincèrement que je vais réussir ! J’espère de tout cœur que mon art trouvera un public plus large ici en France. Bien sûr, ma carrière académique m’a également apporté des satisfactions dans mon pays d’origine, mais, comme ma carrière artistique, elle n’a malheureusement pas été à la hauteur des dizaines d’années de scolarité et des milliers d’heures de recherche et d’étude. La non-appréciation du talent, l’échelle de valeur renversée, la promotion de la non-valeur et de la sous-culture, une société constamment poussée à subordonner l’art au cirque, à de trop rares exceptions près, sont malheureusement des aspects auxquels je me suis constamment heurtée en Roumanie ! Mais revenons à la note d’optimisme qui m’a toujours caractérisée, en disant que ma famille est le point d’orgue de ma vie. Mon mari, Petrică Popa, est également enseignant, jouant du taragot, du saxophone et de la flûte de Pan, et a été qualifié par le grand taragotiste Dumitru Fărcaș comme l’un des plus talentueux de sa génération. Il faut ajouter qu’il a un savoir-faire inné pour le reconditionnement et la réparation des instruments à vent, taragot, saxophone, clarinette, qu’il a lui-même sa propre marque de becs Petrică Popa, avec une très forte demande sur le marché des instrumentistes à vent dans le pays. Je suis convaincue que grâce à cette maîtrise, mon mari trouvera également une belle ouverture ici en France.
Peu importe ce que vous accomplissez dans votre domaine d’activité, la plus grande satisfaction pour une femme est d’être mère ! Il semble que Dieu ait jugé bon que quelqu’un hérite de notre talent et de notre amour pour la musique. À cet égard, je voudrais ajouter quelques mots sur notre garçon, Ion Lianu Popa, 16 ans, étudiant en 11e année à l’École supérieure d’art d’Oradea. Ionică a gagné trois fois le titre olympique national en musique classique de clarinette, avec un riche palmarès de prix remportés au niveau national et international. Son dernier grand prix international a été remporté en participant au concours international de musique Nouvelles Étoiles, en ligne, ici à Paris ! Il a également remporté de nombreux trophées en chant de musique de variété lors de festivals de ce genre, ainsi qu’au piano, un instrument devenu secondaire entre-temps, qu’il étudie depuis l’âge de 6 ans, comme moi ! Il développe également ses talents de chef d’orchestre, dirigeant souvent ses propres camarades de classe lors de certains événements culturels et artistiques. Son grand-père, le professeur Ion Lianu, a laissé sa marque en apprenant à son petit-fils à jouer du folklore roumain à la flûte de Pan, comme il l’a fait avec moi il y a plus de 35 ans ! Ionică est considéré comme l’un des jeunes musiciens au potentiel artistique exceptionnel, ce qui nous amène à penser à la poursuite de ses études ici à Paris, et qui le conduira vers une carrière internationale réussie ! Je voudrais conclure en vous remerciant tout particulièrement pour l’opportunité que vous m’avez offerte en m’accordant cet entretien qui est si important pour moi et pour mon avenir !
Propose recueillis et traduits du roumain par Dan Burcea
(Toutes les photos reproduites dans cet article font partie du fond personnel de Oana Lianu)
Visitez le site de Oana Lianu : https://www.oanalianu.ro/en/
Vidéo Oana Lianu One woman show :