Entretien à six mains : Étienne Ruhaud en dialogue avec Diana Adamek, Rodica Baconsky et Alina Pelea

  

Un entretien écrit non pas à quatre, mais à six mains : ainsi pourrions-nous qualifier cette interview. Auteure d’Adieu Margot, roman pour le moins singulier qui commence en France, sous la Révolution, pour s’achever de nos jours, la Roumaine Diana Adamek a accepté de répondre à nos questions, accompagnée par ses traductrices, Alina Pelea et Rodica Baconsky. Directeur de la collection « Éléphant blanc » chez Unicité depuis 2021, lecteur de Diana Adamek depuis 2017, j’ai ainsi tenté de démêler, un peu, l’épais maquis littéraire d’un livre a priori déconcertant, et profondément singulier.

Étienne Ruhaud (É.R.) Entrons dans le vif du sujet : Diana Adamek, le sujet de votre roman est pour le moins étrange. On suit la tête d’Henri IV à travers les siècles et les continents, depuis la mise à sac de la basilique Saint-Denis, en 1793, jusqu’à aujourd’hui. Peut-on, selon vous, parler de réalisme magique, ou de conte surréaliste ?

Diana Adamek (D.A.) : Le sujet de mon roman Adieu, Margot trouve son origine dans un fait divers, relaté par la presse française autour de l’année 2011 et qui a fait sensation à l’époque. Il s’agissait de la découverte, dans le grenier d’un retraité, d’une relique dont on pensait qu’elle aurait pu être la tête du roi Henri IV. Nouvelle fascinante et contenant déjà un grain de fantastique. Elle a titillé mon imagination et j’ai commencé à me demander quel aurait pu être le parcours de cette fameuse tête, depuis le parvis de la basilique Saint-Denis, où elle a été détachée du corps pendant le sac, jusqu’à ce grenier. J’y ai pensé pendant plusieurs années : j’ai imaginé des itinéraires, des lieux, des incidents, des événements, des personnages. J’ai reconstitué deux siècles pendant lesquels la tête royale, en passant d’une main à l’autre, aurait pu être enlevée, offerte, perdue, trouvée, achetée. Elle aurait gardé son aura de mystère tandis que son identité devenait de plus en plus floue. Était-ce bien la tête d’Henri ? L’incertitude, les ambiguïtés, le merveilleux, l’écoulement du temps qui teintaient ce voyage ont inévitablement sapé et transgressé les repères du réel et ouvert la porte vers un monde aux allures fantastiques. On ne saurait pourtant parler, à mon avis, de réalisme magique ou de surréalisme dans Adieu, Margot. Ni l’atmosphère ni le thème dominant, le Temps, ne le justifieraient. Il s’agirait plutôt d’un autre type de fantastique. Un fantastique métaphysique cultivé par les représentants de l’âge d’or de la prose latino-américaine et notamment par l’Argentin Adolfo Bioy Casares. Dans la Douce histoire du triste éléphant (dont je dois la version française aux excellentes traductrices, Rodica Baconsky et Alina Pelea, et à l’écrivain Paul Sanda, son éditeur, que je tiens à remercier), l’atmosphère est imprégnée de réalisme magique : l’histoire elle-même et beaucoup de ses éléments-clés soulignent son caractère fantasque et fantastique.

É.R. : Cette façon de réécrire l’Histoire sur un mode littéraire est-elle courante dans votre pays d’origine ? On songe notamment à Mircea Cărtărescu, qui rencontre aujourd’hui un grand succès international…

D.A. : Il y a, certes, dans le roman soi-disant historique roumain assez d’exemples – dont certains sont marquants – de mélange de concret, de faits historiques avérés avec une dimension, magique, fantastique, métaphysique celle-ci. La Branche d’or de Mihail Sadoveanu est sans pareil à cet égard. Certains romans des années 60 ou alors des proses contemporaines y cherchent aussi leur inspiration.  Mais il n’est point question d’une déferlante. Souvent, c’est de la fascination d’un endroit et d’une atmosphère, surtout celle des Balkans, qu’avivent les plongées dans le passé, que la formule surgit plutôt que de l’appétence pour le fait historique. De toute façon, le paysage de la prose (et non seulement de la prose) roumaine est très divers. Méconnu, malheureusement. Cărtărescu, que vous avez évoqué, est un cas privilégié. Il doit, certes, sa reconnaissance à l’international à ses performances littéraires, stylistiques, mais aussi à une promotion intense et efficace.

É.R. : Quel a été l’accueil du roman en Roumanie ?

D.A. : Je suis contente de la réception dont a joui le roman Adieu, Margot auprès de la critique de spécialité et des lecteurs. En Roumanie, on lui a consacré bon nombre de chroniques et on a beaucoup publié en ligne à son sujet. Aujourd’hui encore paraissent des notes de lecture, bien que sa publication date de 2017. Il faut dire aussi que ce roman ainsi que les autres ont fait l’objet de plusieurs mémoires de licence et thèses de doctorat, ainsi que de recherches approfondies et nuancées en littérature comparée. À la Bibliothèque centrale de Bucarest, il compte parmi les cinq livres les plus demandés et empruntés. Il a donc été lu, ce qui me réjouit énormément. Il a eu quelques nominations pour des prix et il est possible d’envisager une nouvelle édition. J’y réfléchis encore.

É.R. : Ce roman roumain n’évoque absolument pas la Roumanie, mais l’Italie, l’Afrique du Nord, la France… Comment expliquer cela ?

D.A. : Oui, vous avez raison, l’espace roumain est absent d’Adieu, Margot. Je ne peux l’expliquer à moins d’invoquer une sorte de flux de l’écriture, cette relative indépendance qu’acquièrent les images et les mots au fur et à mesure que le texte avance. Les personnages et leur destin, les endroits qu’ils traversent et leurs actions s’imposent par un enchaînement plus subtil que l’auteur ne saurait prévoir. L’écrivain peut concevoir et contrôler la structure du roman, le profil des protagonistes, les grandes lignes de l’action, mais le cheminement des personnages et une bonne partie de leurs paroles et de leurs actions leur appartiennent. À l’instar de la peinture, où la première touche de couleur non seulement détermine la composition de la palette. Aussi, ai-je accordé toute liberté aux possesseurs de la tête d’Henri. Ce sont eux qui décident. Quant aux endroits, j’ai choisi ceux qui me paraissaient les plus adaptés aux personnages. Il s’agit surtout de lieux solaires, au bord de l’eau. Lieux qui m’ont semblé particulièrement vibrants et propres à faire ressentir l’écoulement du temps de la manière la plus intense.

Adieu, Margot n’est ni un roman d’aventures ni un roman historique au sens propre, mais un roman sur le Temps, le passage, le monde qui, on le voit à la fin, s’effondre. C’est d’ailleurs la différence majeure entre La douce histoire du triste éléphant et Adieu, Margot, comme le remarquait très subtilement Rodica Baconsky dans une chronique : l’univers du premier roman demeure harmonieux, ravagé, certes, par la mélancolie, mais fluide et cohérent, disposé à accueillir la magie d’une histoire d’amour. Tandis que le voyage d’Henri se déroule dans un monde désenchanté, de plus en plus fiévreux, agité, menacé, profané, condamné à se désintégrer. D’où, je crois, la construction symétrique de l’intrigue – le même endroit, le parvis Saint-Denis, est marqué par une scène de cruauté et de barbarie au premier chapitre, puis, au dernier, par un acte de terrorisme – et le thème du carnaval, qui est le symbole d’un monde à l’envers. Ce livre parle essentiellement d’une séparation. Ce qui explique aussi son titre, Adieu, Margot.

É.R. : Le roman a-t-il été traduit en d’autres langues et, le cas échéant, a-t-il connu un certain succès ?

D.A. : La version française est la première traduction du roman et je me réjouis du fait qu’ainsi la tête du roi Henri IV boucle la boucle et rentre dans son pays. Je remercie très chaleureusement les traductrices, Rodica Baconsky et Alina Pelea pour ce beau cadeau qu’elles m’ont fait. J’adresse aussi mes vifs remerciements aux Éditions Unicité et à l’écrivain Étienne Ruhaud pour la générosité d’avoir accepté le roman dans sa collection « Éléphant blanc » et d’avoir ainsi rendu possible sa publication.

É.R. : Vous avez déjà traduit La douce histoire du triste éléphant (publié en 2017 en France, aux éditions Rafael de Surtis, et Prix de l’Union des Écrivains de Roumanie). Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Rodica Baconsky (R.B.) : La douce histoire… était notre seconde expérience commune de traduction du roumain vers le français. Il se trouve que la première était un livre d’histoire, traitant du XVIIIe siècle. Cela nous avait déjà pas mal dépaysées. Nous avions dû mener une recherche documentaire soutenue. Le roman de Diana Adamek demandait, à son tour, une plongée dans l’Histoire majuscule et minuscule : tout y était, les évènements majeurs et les détails domestiques, le réel et le fantastique, le tout mêlé dans la course effrénée du récit. Ce qu’il fallait surprendre dans la traduction, c’était ce rythme particulier, parfois haletant, parfois apaisé, en lice avec des mondes culturellement et socialement différents, mais appartenant, plus ou moins, à la même époque. Il fallait aussi jouer de tonalités différentes, travailler l’intertexte fort riche… Adieu, Margot posait d’emblée une vision autre. Le roman jouait toujours la partition baroque de l’écriture, mais cette fois il proposait, en suivant les aléas de la tête bavarde d’Henri IV, des séquences temporelles qui allaient de la Révolution française aux années 2000, accompagnées par les confessions du roi de France et de Navarre, le tout écrit dans un langage archaïsant. Une histoire d’amour et de guerre, grandeur et décadence mêlées. Il fallait imaginer, comme l’auteure l’avait fait, deux registres majeurs de l’expression et retrouver en français ce pli de l’écriture des XVIe-XVIIe, sans pour autant rendre la lecture improbable ou fastidieuse. Pour avoir été fort enrichissante, l’expérience n’en a point été moins ardue.

Alina Pelea (A.P.) : C’était – et je m’en souviendrai toujours ainsi – une douce histoire d’amitié, ainsi qu’une découverte littéraire majeure. Moi, je n’avais pas lu Diana Adamek auparavant, donc j’ai fait déjà la première lecture avec l’idée de traduction en toile de fond et, qui plus est, guidée dans mon parcours par Mme Baconsky. S’y mêlait toute la nouveauté du travail de traduction littéraire vers une langue étrangère. Oui, notre tandem avait déjà l’expérience d’un volume en français et de plusieurs romans traduits en roumain. Notre routine de travail était rôdée, toujours est-il que le défi de rendre ce texte spectaculaire était de taille. J’ai énormément appris en y travaillant. Sur tous les plans : du lexique à la stratégie traductive en passant par la documentation, la collaboration avec l’auteure et la relecture. Ma conviction, c’est que ce métier s’apprend à fond à côté d’un mentor. C’est nettement plus formateur que n’importe quel cours théorique.

Bref, j’ai vécu cette expérience comme un enrichissement professionnel et un privilège personnel. J’en sais gré à Mme Baconsky et à Mme Adamek.

É.R. : Êtes-vous vous-même auteures ? Ou considérez-vous que la traduction soit déjà une activité littéraire à part entière ? Une forme de création ou de re-création ?

R.B. : J’écris des essais critiques. N’est pas poète ou romancier qui veut. Par contre, lorsqu’un auteur ou un livre me plaisent, je peux en rendre compte, en roumain ou en français. La traduction, c’est autre chose. C’est la traque du sens, c’est aller dans la profondeur d’une pensée et dans les dédales des mots. Oui, oui, tout mot a ses labyrinthes où l’on peut se perdre. Je peux vous dire aussi qu’à sa manière, la traduction est un voyeurisme. Oh, bien innocent, certes, mais non moins intéressant. Quant au vieil adage de la traduction création ou re-création, je crois qu’elle est avant tout recherche et travail. Déplier le texte, faire un effort de mémoire pour déceler ses intertextes, jouer avec les dictionnaires, les encyclopédies et autres glossaires, essayer d’avoir l’avis d’un spécialiste pour les domaines où votre compétence est sinon nulle, au moins quasi nulle et, après, mettre à l’épreuve la langue dans laquelle vous traduisez, lui faire rendre un ton juste, y perdre le moins possible de l’original. De sorte qu՚on y ressente le même plaisir… c’est tout un programme. En fin de compte, il arrive que ce texte nouveau soit une re-création, au sens fort du terme. C’est la récompense du traducteur, souvent la seule.

A.P. : Je n’écris pas. J’ai constaté, il y a bien longtemps, qu’il me manque à la fois les aptitudes et la discipline qu’impose la transformation de la page blanche en littérature. Dans ce contexte, la traduction s’est avérée pour moi le meilleur moyen d’approcher ce « mystère ». Effectivement, la traduction constitue un acte de création. Création sous contrainte, certes, mais qui laisse quand même des libertés : celle de partager sa lecture de l’original, celle de puiser dans l’infinité des possibles offerts par la langue-cible, parfois aussi celle de choisir le texte à traduire. J’admire ceux qui font les deux et je suis très curieuse quant à la façon dont on peut se « dissocier » pour écrire de ces manières si différentes, mais la traduction me paraît en même temps une activité à part entière qui peut donner sens à toute une carrière voire à une vie, tellement on y met de soi-même.

É.R. : Dans Adieu, Margot, on est frappé par le caractère extrêmement singulier du style. Comment êtes-vous parvenues à retranscrire cela en français ?

R.B. : Je parlerai, moi, d’un rythme débridé. D’autant plus que l’écriture ignore la ponctuation ou propose une ponctuation de fantaisie, propre à retranscrire les intermittences et la précipitation des instants qui semblent à bout de souffle. Les phrases agglomèrent une matière verbale qui voudrait épuiser l’épaisseur du vécu, en tirer une preuve d’existence devant le déchirement permanent du tissu temporel. Si on y ajoute les variations inhérentes à un lexique, qui doit suivre lui aussi le passage du temps, et les séquences Henri IV, on peut se rendre compte des difficultés de la traduction. Ceci dit, Boileau devrait être de la partie, puisque « cent fois sur le métier » nous avons dû remettre le texte. À mon avis, ce qui a joué aussi, c’est la toile de fond des lectures en français. Cela constitue une sorte d’arrière-pays pour le traducteur. Cela le situe dans le sillage des résonances possibles de la langue d’accueil.     

A.P. : Puisque vous parlez du « caractère extrêmement singulier du style » après avoir lu la traduction, nous pouvons espérer avoir réussi à donner à Diana Adamek une voix distincte en français. Une voix qui reflète au mieux la particularité de l’écrivaine. Comment nous nous y sommes pris ? Le plus important, c’était de franchir une série d’étapes : faire une lecture poussée de l’original (comme bien d’écrivains le disent, personne ne lit avec autant d’acribie que le traducteur) pour identifier une première série de particularités stylistiques et de difficultés ; Ensuite, esquisser un brouillon pour deux chapitres afin de nous heurter de front au texte ; enfin, discuter pour adopter les principes d’une stratégie qui allie fidélité au texte roumain et respect du français. Nous sommes passées, très concrètement, par une documentation détaillée pour restituer avec un maximum de précision le vocabulaire des différentes époques et aires géographiques. Nous en sommes également passées par une série de lectures croisées des chapitres que nous avions traduits chacun de notre côté, par des relectures multiples de l’ensemble, et ce afin d’harmoniser les parties.

Pour répondre au défi des phrases complexes de Diana Adamek, étant donné les tentations qu’offre la parenté des deux langues, nous avons été en permanence sur nos gardes, essayant de ne pas pousser le français dans le moule du roumain. Nous avons voulu susciter chez le lecteur francophone le plaisir que procure le texte original et, pour ce faire, restituer le rythme interne qui régit l’original. À chaque nouvelle version, nous avons essayé de nous rapprocher de la forme que l’auteure aurait choisie si elle avait raconté son histoire en français. Un travail qui serait visible à qui observerait les variantes successives, mais difficile à décrire de manière synthétique.

É.R. : Pensez-vous que la littérature roumaine soit suffisamment diffusée en France ?

R.B. : Certes non. Pour cela il faudrait une politique culturelle conséquente et des moyens. Vous savez peut-être qu’entre 1970 et 1990, seules les traductions en langues étrangères des Œuvres complètes de Ceaușescu comptaient. Depuis 1990, des efforts ont été faits, mais à vrai dire, sans aucune vision d’ensemble. Des îlots de traductions, où amitiés, relations personnelles, certains évènements ponctuels, tels les foires au livre, jouent énormément. Par ailleurs, les traducteurs, des Français natifs, ne sont pas légion. Ils peuvent préférer tel ou tel auteur, et ce ne sont pas toujours les plus intéressants. Les traducteurs roumains, dont le français est pourtant excellent, éprouvent souvent des réticences à s’aventurer sur des terrains mouvants. Les universités préparent peu à ce genre d’exercice et l’IA ne promet pas non plus de résultats spectaculaires, étant donné que le roumain n’a point le statut de langue dont les bases de données, les algorithmes au travail débordent.

Si l’on veut vraiment faire connaître la littérature roumaine, une stratégie de traduction, de publication et de diffusion serait impérieusement nécessaire. Rien n’est moins probable, en cette période d’austérité…

A.P. : La réponse dépend en partie de ce que vous entendez par « suffisamment ». Nombre d’auteurs roumains contemporains sont disponibles en français (Mircea Cărtărescu, Florina Ilis, Cristian Fulaș et la liste pourrait continuer), des classiques ont été également traduits au fil du temps. Dans quelle mesure le lecteur français observe la présence de ces ouvrages sur le marché et les choisit parmi tant d’autres, c’est une question qui requerrait de données qui nous manquent. Mais le potentiel est sans doute là, avec des ouvrages importants déjà disponibles et des traducteurs de haut niveau qui agissent aussi en promoteurs de la littérature roumaine en France. Effectivement, avec une stratégie cohérente et qui réussisse à coordonner les efforts souvent épars des différents acteurs, elle serait plus visible, avec toutes les implications positives que cela suppose.

É.R. : Inversement, la littérature française est-elle bien diffusée en Roumanie ?

R.B. : La littérature française est présente dans les librairies roumaines et plutôt bien représentée pour ce qui est des auteurs contemporains. Il faut reconnaître que le choix est remarquable ; la plage va de Michon, Quignard, à Grimaldi, d’Annie Ernaux aux romans de gare, de Houellebecq aux polars, de Tesson à Éric-Emmanuel Schmitt. Le CNL, les aides à la traduction/publication de l’Institut français de Paris et de l’Institut français de Bucarest sont pour beaucoup dans la promotion du livre français ou appartenant aux littératures francophones, tous genres confondus. Il est également important de rappeler que la Roumanie a une longue tradition en matière de traduction du français, ce qui perdure. Ce qui fait que l’on a, par exemple, l’intégrale Rimbaud ou Saint-John Perse, la quasi-intégralité des livres de Balzac, Flaubert, Proust, la plupart des textes des grands critiques littéraires allant du structuralisme à nos jours, pour ne pas parler du roman de l’entre-deux-guerres et de l’après-guerre. Et la poésie, alors… Bien sûr, les littératures anglaise et américaine, mais aussi espagnole, italienne, nordique, portugaise, sud-américaine, orientale ou extrême-orientale, que sais-je encore, font bonne figure. Que l’anglais soit à l’heure actuelle la lingua franca (quel paradoxe !) est une lapalissade. Il est envahissant, d’accord. Beaucoup lu, parfois dans de mauvaises traductions, parce que faites à la hâte sous la pression des éditeurs. Une politique intelligente pourrait toutefois contrecarrer ces déséquilibres… il suffit de la penser, et de la mettre en œuvre.

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