En ouvrant Posh, le nouveau livre de Gabriela Toma, c’est plutôt une promesse qui attend le lecteur curieux d’ouvrir les portes des mondes enchantés qui peuplent ses pages. Posh le chat fait l’office de guide. Sa carte de visite est ornée de ces paroles : « Les chats ouvrent les portes d’autres mondes enchantés ». Il s’agit surtout de l’univers mystérieux de Nepanlta, qui est aussi celui de Lara, une sorte d’alter ego de l’autrice. Embarquons en sa compagnie à bord du tramway pour ce royaume plein de surprises et d’aventures. Les illustrations des graphistes Laura et Livia Greaca offrent un charme unique et une touche inoubliable à l’aventure décrite dans les pages de ce livre.
Si vous deviez nous donner un argument, bien sûr le plus convaincant, pour suivre Lara et les autres personnages dans le voyage que propose votre livre, quel serait-il ? Ou peut-être qu’un seul ne suffirait pas, il pourrait y en avoir d’autres ?
La curiosité de connaître de nouveaux mondes, de s’évader est un besoin humain profond. Il y a aussi le besoin d’explorer de nouveaux espaces, voire de nouvelles époques, des univers parallèles et des mondes imaginaires. Lara est l’enfant qui hérite du talent de ses parents élus pour entrer dans Nepantla par le passage pour connaître la Voie de la Chauve-Souris Rouge. Elle reçoit une mission et se prépare à s’élever vers les sommets.
Vous prévenez le public, dès que l’occasion se présente, que les aventures de ce livre ne s’adressent pas seulement aux enfants, mais aussi aux adultes. Qu’est-ce que cela veut dire au juste ?
Il s’agit d’un livre aux enjeux plus importants, avec différents niveaux de compréhension. C’est un livre d’aventure, mais aussi de philosophie préhispanique et grecque, un défi pour le monde des parents. C’est un décodage constant, mais aussi des épisodes humoristiques et touchants.
Vous avez mentionné le mot « aventure ». C’est, à mon avis, le mot clé de l’architecture narrative de votre livre. Quelles nuances devons-nous apporter à ce mot pour comprendre comment il s’inscrit dans l’histoire globale que vous proposez à vos lecteurs, jeunes et moins jeunes ?
Il s’agit d’avoir le courage de découvrir sa passion, son talent et de les mettre au service des autres. C’est l’aventure d’être humain, de sortir de sa zone de confort et d’assumer un destin. En même temps, c’est le lien entre l’enseignement de la grand-mère, la tradition et la projection dans un monde futur empathique, tolérant, aimant et plein d’espoir.
Sous la baguette magique de Posh le chat, le royaume de Nepantla prend une forme magique, un monde est né qui fascine Lara. Parfois même, le monde des contes de fées est revisité, comme lorsque des objets issus de contes célèbres tels que Cendrillon, Le Chat Botté, Barbe Bleue sont mis aux enchères. Le fantastique se superpose au fantastique, comme dans un miroir. Que pouvez-vous nous dire sur cette façon de construire un imaginaire multiple, des mondes qui ne peuvent se croiser que dans une vraie histoire ?
Je crois beaucoup au lien qu’un écrivain fait entre le monde qu’il imagine et l’hommage qu’il rend aux écrivains qui ont créé un univers fantastique. Il faut reconnaître que ce que nous inventons est basé sur les créations de milliers d’écrivains qui ont transposé leur vie dans un imaginaire nécessaire, vital, dirais-je. J’ai grandi avec les histoires de Hans Christian Andersen, dont j’ai eu la chance de visiter la maison à Odense, et j’ai grandi avec Fredrik Backman, Neil Gaiman et Cornelia Funke.
Un autre élément intéressant est la fameuse traversée du miroir, comme dans Alice au pays des merveilles, un aller-retour entre le réel et l’imaginaire. Lara et son ami Posh se livrent à ce jeu, entrant et sortant par la porte qui mène de leur vie quotidienne à Nepantla. Comment voyez-vous cette facilité, ce cadeau offert par la littérature fantastique, ici par votre roman, dans cette miraculeuse péripétie offerte par le genre littéraire appelé fantasy ?
Comme je le disais, c’est aussi un hommage aux auteurs de fantasy et de science-fiction, mais en même temps c’est très différent. Le passage dans le monde fantastique se fait par le biais d’un tableau, d’un jeu de marelle et de la force de la pensée.
Posh est également un livre d’exploration, au sens littéral du terme. On nous propose des énigmes, on nous parle de musées interactifs, de recherche d’indices, on nous demande de les résoudre, on nous fournit des dessins, et même des espaces que nous pouvons remplir avec des notes et des considérations diverses. Dans quelle mesure ces éléments incitent-ils le lecteur à participer à la lecture de votre livre, voire à donner une touche personnelle à son développement narratif ?
C’est un livre qui se veut interactif, le lecteur est invité à créer ses propres calligrammes, à dessiner le Chemin de la Chauve-Souris Rouge ou à s’exercer à la calligraphie, ce lien entre le cœur, la main et la pensée.
Le lancement de votre livre le 15 septembre au Musée national de la littérature roumaine a été suivi d’un parcours de découverte pour les enfants présents. Selon vous, est-ce une clé de lecture et d’activité idéale pour les futurs lecteurs de Posh ?
« Posh » comporte de nombreux éléments des ateliers Thomasina, que j’organise au Musée national de la littérature roumaine, et de la chasse aux indices que j’organise. Les sacs jaunes contenant des objets sont des indices importants que les enfants recherchent dans l’exposition principale. Ils se familiarisent ainsi avec les écrivains roumains, les objets qui ont habité leurs maisons, leurs manuscrits et leurs voix.
Enfin, une question comme une promesse pour l’avenir : sous le mot « Fin » que vous avez placé à la fin de votre histoire, il y a un mot prometteur, « Pour l’instant ». Est-ce que nous comprenons que Lara et Posh promettent d’autres aventures dans le futur ?
Je travaille au deuxième volume, et le mot « Pour l’instant » en dit tout. Nous préparons la mission de Lara et ses nouveaux compagnons dans le monde fabuleux de Posh.
Gabriela Toma, Posh, Editura Ars libri, 2024, 254 pages. Illustrations Laura et Livia Greaca.
Crédits photo Dan Marinescu
(Propos recueillis et traduits du roumain par Dan Burcea)