Loreta Popa en dialogue avec Jade-Rose Parker : « L’équipe a reçu une standing ovation. J’étais ravie de cet accueil »

 

 

Romancière, scénariste, actrice, musicienne, Jade-Rose Parker possède d’innombrables qualités et des talents à profusion. En 2009, à seulement 18 ans, elle fait ses débuts au cinéma en tant qu’actrice dans la comédie à succès LOL de Lisa Azuelos. Depuis, elle ne cesse de multiplier les expériences jusqu’à faire ses premiers pas au théâtre en tant qu’auteure avec «Drôle de Genre». C’est un sujet sensible et il était important pour elle de ne heurter aucune sensibilité. Elle pense que le but est de divertir et de faire réfléchir les gens. Véritable succès populaire, cette pièce hilarante avec Victoria Abril, Lionnel Astier, Axel Huet et Jade-Rose Parker elle-même à l’affiche continue d’être jouée à Paris. Nous avons pensé que le succès de la même pièce à Bucarest, avec au casting Maia Morgenstern, Marius Bodochi, Diana Stancu et Răzvan Oprea, créait un pont entre la Roumanie et la France, raison pour laquelle nous avons demandé à cette jeune auteure dont le chemin vers la célébrité ne fait que commencer de répondre à quelques questions.

Qui est Jade-Rose Parker ?

Une jeune auteure et comédienne française qui essaie de conquérir le monde !

Quels mots pourraient aider les gens à vraiment vous découvrir ?

Ceux que j’écris !

Que leur diriez-vous de vous ?

Que j’espère un jour croiser leur route à travers une pièce, un film ou une série…

 

 

Comment, quand et pourquoi êtes-vous venue en Roumanie ?

Ma première pièce « Drôle de Genre » a été traduite et adaptée en roumain par Răzvan Oprea. J’ai été invitée à assister à la première qui a eu lieu au Théâtre national de Bucarest. Cela m’a également permis de découvrir cette capitale, que je ne connaissais pas et que j’ai beaucoup aimée.

Comment s’est passée la rencontre avec le public roumain ?

Très bien ! Le public était au rendez-vous, les gens dans la salle ont bien réagi, ils ont ri et applaudi, ce qui est toujours bon signe ! Et l’équipe a reçu une standing ovation. J’étais ravie de cet accueil.

 

 

«Drôle de genre» a été récemment jouée en Roumanie, elle est également à l’affiche à Paris, mais aussi en Pologne.

La pièce a aussi été jouée au Portugal, en Belgique, en Suisse, en Bulgarie… Et elle est en cours d’adaptation dans beaucoup d’autres pays, en effet. C’est vraiment fou ! Et génial !

Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire sur un tel sujet ? Qu’est-ce qui vous a attirée ?

J’avais envie d’écrire pour le théâtre et je me disais que pour ma première pièce, il fallait que je trouve un sujet inédit et marquant. J’avais envie d’écrire sur le couple, mais ce sujet ayant déjà été vu et revu mille fois, il me fallait trouver un angle original. Cette idée d’un mari qui découvre après 30 ans de mariage heureux que sa femme n’est pas tout à fait celle qu’elle prétend être, m’a semblé être un bon terrain de jeu pour une comédie. Mais je ne voulais pas, avec un thème aussi puissant, qu’il ne s’agisse là que d’une comédie, d’où cette annonce dramatique au début qui normalement prendrait le dessus sur tout le reste mais qui finalement passe quelque peu aux oubliettes face au tsunami de révélations qui s’enchaînent. Cette pièce n’aurait – je crois – pas pu être écrite il y a 10 ou 20 ans. Elle s’inscrit dans une modernité à laquelle on peut adhérer ou pas, mais qui, de fait, nous entoure.

Quel message vouliez-vous faire passer ?

Plus qu’un message, un terrain de réflexion. J’avais envie que les gens rient dans la salle et s’interrogent en sortant du théâtre. J’ai le sentiment que ce n’est pas en disant aux gens « pensez comme ci ou comme ça » qu’on fait avancer les choses, donc en cela ma pièce n’est pas militante. Mais elle permet néanmoins d’apporter une vision moins conceptuelle et plus concrète d’une réalité. Il y a la théorie et puis il y a la vraie vie, avec des sentiments contradictoires, des mots qui dépassent parfois la pensée, des mensonges, de l’hypocrisie, mais aussi surtout de l’amour. On peut avoir des idées préconçues et quand on est touché personnellement par un sujet, tout cela vole en éclats.

Jusqu’à présent vous avez publié « Ta gueule ! On tourne » et « Drôle de genre ». La publication d’un livre vous a-t-elle apporté une satisfaction par rapport aux satisfactions que vous ressentez en tant qu’actrice ?

C’est assez différent. En tant qu’actrice, on se met au service d’un réalisateur, d’un auteur, d’une équipe de tournage… On est en quelque sorte « employé » même si évidemment on peut proposer des choses, notre travail est commun. Dans l’écriture d’un roman, on est seul maître à bord. Même si d’autres personnes interviennent techniquement, l’artistique nous appartient entièrement. J’aime cette liberté et cette responsabilité. On est seul face au succès ou à l’échec.

À travers les lieux où vous avez voyagé, avez-vous trouvé quelque chose qui vous a complètement marquée ? Où vous êtes-vous sentie chez vous ?

Beaucoup de lieux m’ont marquée, mais plus que les lieux, je dirais les rencontres que j’y ai faites, avec des personnes formidables, fières de leur pays, qui avaient envie de le faire découvrir. Voyager est un luxe moderne, très enrichissant, et j’ai une chance inouïe de pouvoir exercer mon métier tout en découvrant de nouveaux horizons.  Je ne me sens pas forcément chez moi ailleurs, mais c’est une bonne chose ! Voyager chez soi, ce serait un peu contradictoire !

Quelles sont les joies de l’auteure Jade-Rose Parker par rapport aux joies de l’actrice Jade-Rose Parker?

Ahah, je crois qu’il n’y a qu’une seule personne derrière ces deux casquettes, qui est heureuse quand elle arrive à monter ses projets et à apporter de la joie aux gens.

Avez-vous traversé de nombreux changements jusqu’à ce que vous trouviez votre propre voie ?

Oui, je ne pensais pas du tout devenir artiste. J’ai fait de très longues études de droit pour devenir avocate. Mais je me suis rendue compte que même si j’aimais la rigueur que ce métier implique, ce n’était pas forcément pour moi. Du moins pas pendant les 40 prochaines années de ma vie. J’avais en parallèle fait une école de journalisme, et donc l’écriture était quelque chose qui me plaisait beaucoup. Entre temps j’avais tourné comme « hobby » on va dire dans des films qui ont très bien marché, et donc c’est un peu naturellement que j’ai sauté le pas vers le milieu artistique.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire ?

Au départ, pour m’écrire des rôles !

Pourquoi avez-vous choisi le métier d’actrice ?

Ça s’est fait vraiment par hasard. J’ai été repérée assez jeune pour jouer dans un film qui a cartonné. De là, j’ai eu un agent, passé des castings, ça s’est enchaîné un peu comme ça.

Quels mots décrivent ce que vous aimez le plus dans ce que vous faites ?

La liberté, le changement, le challenge.

Qu’est-ce que vous n’abandonnez jamais, quelle est la seule chose sans laquelle vous ne pouvez pas vivre ?

Je dirais plutôt qu’est-ce qui ne m’abandonne jamais : l’envie. Elle est toujours là, même dans les moments plus difficiles où les choses sont bloquées, où l’on attend une réponse d’un acteur sur un projet qu’on lui a soumis, ou d’un casting qu’on a passé. Il faut toujours garder l’envie. Sans elle, rien n’a plus de sens.

 

 

Quelles attentes avez-vous de chaque rencontre avec des gens, qu’ils soient public ou avec d’autres membres de votre profession ?

C’est une question très vaste ! Je dirais que j’ai pris l’habitude de ne rien attendre des autres, mais que si je reçois du positif, c’est comme un cadeau et ça me fait immensément plaisir.

Le théâtre est-il une forme de thérapie ? Est-ce que cela aide l’âme humaine ?

Bien sûr, tout ce qui apporte de la joie fait du bien, surtout par les temps qui courent.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui débutent leur carrière ?

Soyez sûrs que c’est ce que vous voulez faire. Et ensuite accrochez-vous. N’écoutez pas ceux qui disent que c’est impossible, c’est juste qu’ils n’y sont jamais arrivés ! Osez, tentez, vous n’avez rien à perdre.

Que faut-il traverser pour devenir une bonne personne ?

Ouh là ! Ça me semble un peu prétentieux de répondre à cette question ! Il faut rester fidèle à ses valeurs. C’est plus facile à dire qu’à faire. Ça implique de perdre des opportunités parfois et sur le moment ça peut être difficile, mais ça permet de se regarder dans une glace le matin. Certaines personnes dans ce métier n’ont pas de miroir chez eux…

Quelles sont les choses les plus importantes que vous avez apprises dans la vie jusqu’à présent ?

Vous voulez que je révèle tous mes secrets ? Ahah ! Je dirais qu’il faut avoir confiance en soi et qu’il faut s’entourer de personnes qui nous aiment vraiment, c’est-à-dire qui nous disent parfois des choses qui ne nous font pas plaisir. C’est extrêmement précieux et plus on gagne en notoriété plus ces personnes sont rares…

Merci pour votre patience et le temps que vous m’ayez accordé !

Propos recueillis par Loreta Popa

Pour la photo de Jade-Rose Parker et Victoria Abril : © Fabienne Rappeneau

Pour les photos de la représentation au Théâtre national de Bucarest : © Filip Stanciu

Print Friendly, PDF & Email
Partagez cet article