Nostalgies intemporelles – poèmes de Delia Bălăican

 

À mon père

Comme dans une exposition immersive,

Au fil du dialogue, les points d’interrogation s’accentuent.

La réalité augmentée soupire, comme pour un autre commencement.

Un vrai. Comme une aube avant les impressionnistes.

*

J’ai invoqué l’hiver timidement,

Plutôt une nostalgie enfantine.

Qui se fie au vent froid ?!

Mais le blanc non entamé de la neige

s’est avérée la rhétorique la plus persuasive.

*

De noir et de blanc, de jour et de nuit

L’infini est tissé.

Tout comme l’amour des dieux.

*

On aurait dit un hiver

qui ne gèle pas ses roses.

Instantanément, une blancheur totale s’empare du silence.

*

Le vendeur de cerfs-volants sait que l’hiver peut arriver à tout moment

et que le jeu des rêves ailés attendra le printemps.

Les couleurs se terniront comme dans un tableau de Chagall,

puis le souvenir du dernier coucher de soleil estival.

Et le bruit de la mer capté dans un coquillage sauvé de la tempête.

Soudain, sous les éclaboussures cristallines de la pluie,

les rencontres essentielles demeurent.

*

Qu’est-ce que le souvenir ?

Une ombre, un bruissement, un fantôme, un passage, un sourire ?

Quel est ton souvenir ?

Tant d’amour ! Et quelle nostalgie !

C’est la permanence !

*

Les pères t’apprennent à gérer la pluie,

les méchants, les chats noirs.

Les mères apaisent tes sanglots, tes désirs.

Elles s’occupent de tes errances.

Viennent ensuite les souvenirs des grands-parents.

Et leurs paroles de sagesse :

« Tu peux duper le monde, mais ne perds jamais la raison ! »

Delia Bălăican est une écrivaine et historienne roumaine, rédactrice-en-chef de la Revue de la Bibliothèque de l’Académie roumaine.

Elle a participé en tant que co-autrice à l’anthologie România La Centenar. 100 De Poezii De Pe Frontul Marelui Război [Roumanie Centenaire 100 poésies du Front de la Grande Guerre](Bucarest, 2018) et de la monographie Domeniul Cantacuzino Florești. Despre trecut, prezent și viitor [Lo domaine Cantacuzino Floresti. Passé, présent et avenir](Bucarest, 2019).

Elle est contributrice au volume édité en 2018 par l’Institut d’Histoire Nicolae Iorga, Războiul de fiecare zi: Viața cotidiană în tranșee și în spatele frontului în Primul Război Mondial [Le quotidien de la guerre : la vie de tous les jours dans les tranchées et derrière le frony de la Première guerre mondiale ](1914-1919).

Delia Bălăican, De la zmeie la zepeline: noul cotidian al copilăriei, în Cătălina Mihalache, Nicoleta Roman, Copilării trecute prin război. Povești de viață, politici sociale și reprezentări culturale în România anilor 1913-1923 [Childhoods through the lens of War. Life stories, social policies and cultural representations in Romania (1913-1923)], Editura Universității „Alexandru Ioan Cuza”, Iași, 202, p. 95-131.

(Traduit du roumain par Dan Burcea)

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