Portrait en Lettres Capitales : Laurence Biava

 

Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ?

Je suis née en 1964 à Niort. Longtemps, durant 15 ans, j’ai collaboré à des médias aussi divers que Fréquences Paris Plurielles, l’agence Pro-Scriptum, Unidivers, Buzz Littéraire et autres webzines. Je continue ponctuellement d’écrire des critiques littéraires pour Actualitté (Nicolas Gary et Christine Barros). J’ai créé ma microentreprise – LB-CLC.fr en 2016 et suis devenue agent d’auteurs puis d’artistes, parallèlement à mes travaux divers d’écriture. Après une expérience en politique née d’un engagement fort qui me permit de me frotter au métier d’attachée parlementaire en circonscription pendant un an et demi, j’ajoutai d’autres cordes à mon arc en septembre 2020 au sortir d’un an de formation à l’atelier d’écriture à l’ALEPH, Paris. Je commencerai en 2022 à animer des ateliers d’écriture au sein des bibliothèques/médiathèques/associations/maisons de quartier en présentiel.

Juriste de formation spécialisée dans le droit des assurances, passionnée de littérature depuis toujours, je publierai deux autres livres avant la fin de l’année 2022. J’ai créé deux prix littéraires – Le Prix Rive gauche à Paris il y a 11 ans et le Prix des Savoirs voici 10 ans. Le premier récompense deux fictions – française et étrangère, ainsi qu’une revue littéraire, et le second, un essai grand public. Je fus présidente d’une association littéraire du nom éponyme de mon premier prix littéraire « Association Rive gauche à Paris » que j’ai clôturée en 2020 pour la remplacer par l’Association féministe « Les Droits de la femme ». Grâce à cette seconde association qui en est à ses débuts, je souhaite mener (au moins) en son sein dès les premiers mois de 2022 des ateliers d’écriture à l’attention particulière (mais pas seulement) des femmes victimes de toutes formes de violence, pour qui le passage acté par l’écriture aurait valeur de résilience.

Désirant toujours plus aider à la création, au développement, et à la réalisation d’événements culturels et littéraires en Ile de France, – telles étaient les velléités de l’association Rive gauche à Paris – j’ai créé avec une amie philosophe en 2016 les « Scènes de la vie littéraire et philosophique » qui ont malheureusement dû, après deux passages à la Maison des Auteurs et à la SCAM à Paris, s’arrêter faute de moyens financiers. La motivation première de ces Scènes était de faire dialoguer des artistes, écrivains et scientifiques autour de toutes les formes de langages, l’intemporalité des écrits, la force vive de l’oralité et la notion de verbe. Pour finir cette brève présentation globale, j’ajoute que j’avais également depuis 2015 un projet de « Colloque littéraire du Printemps » à Saint-Quentin en Yvelines. L’idée était d’investir des salles de cinéma pour parler de ces deux arts vivants : littérature et cinéma, qui se côtoient si souvent. Encore une fois, ce projet a été avorté, les financements n’ont pas été trouvés.

Vivez-vous du métier d’écrivain ou, sinon, quel métier exercez-vous ?

J’ai écrit 14 livres. Non, je ne vis pas du tout du métier d’écrivain. Le micro-entreprenariat me rapporte davantage. Je ne touche jamais d’avaloir et très peu de droits d’auteurs et encore moins depuis la crise sanitaire. Sinon, j’ai à peu près exercé tous les métiers, de ceux de l’assurance à celui de vendeuse dans le secteur de la diététique, pour lequel j’avais également suivi une formation. Actuellement, je travaille dans une des Inspections d’Académie de l’Éducation Nationale. J’aime les défis, et apprendre de nouveaux métiers.

Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?

J’ai toujours écrit depuis l’adolescence. Je tenais des journaux intimes précieux que j’ai toujours gardés. Le premier, je l’ai tenu à 14 ans, lors de mon premier séjour en Angleterre chez ma correspondante Sue. C’était la grande époque et l’atmosphère bénie des échanges linguistiques, les élèves se recevaient mutuellement, ce qui occasionnait de beaux séjours en Europe. Au fil du temps, ma passion pour l’écriture et la lecture a pris le dessus et s’est affirmée. Aujourd’hui, l’écriture prime sur tout le reste et j’ai du mal à lire autant qu’avant. J’ai publié à partir de 2010 en même temps que j’ai toujours mené à temps plein depuis plus de 30 ans une vaste vie professionnelle, effervescente et mouvementée. Malheureusement, les employeurs m’ont indirectement reproché de mener tout de front. Je n’ai pas peur de dire que mes activités parallèles littéraires m’ont occasionné deux licenciements.

Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marquée le plus dans la vie ?

Les auteurs, il y en a plein : les écrivains mélancoliques de la Rive gauche à Paris, les existentialistes, les surréalistes, quelques essayistes, à qui je voue une passion. Quelques psychanalystes. Et les trois quarts de mes contemporains. Dans le désordre, Hamsun, Balzac, Flaubert, Tchekov, Sartre, Lévinas, Freud, Houellebecq, Jean-Jacques Schuhl, J.D Salinger, Fitzgerald, Hemingway, Eric Holder, Valéry Larbaud, Paul Jean Toulet, Bret Easton Ellis, Maylis de Kerangal, Camille Laurens, Olivier Rolin, Dominique Noguez, Véronique Ovaldé, Régis Jauffret, Gaëlle Josse, Amélie Nothomb, Mme de Lafayette, Delphine de Vigan.

Les œuvres qui m’ont le plus marquée : celles de Gide, de Montaigne, de Mauriac, de Balzac, de Colette, de Flaubert, de Zola, etc.. et pas mal de philosophie aussi. Parmi les auteurs vivants, celles de Houellebecq, de Jauffret, de Beigbeder, d’Annie Ernaux, de Sylvie Germain.

Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez – vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?

Je n’ai aucun talent pour écrire des poèmes. Les nouvelles, je m’y mets peu à peu. C’est une bonne alternative pour parvenir à contrôler et à maîtriser le flux de sa narration. Pour réussir à se limiter. Et à ne pas verser dans une logorrhée persistante. Sinon je n’écris que des romans ou des témoignages, sauf si on me commande autre chose, comme ce fut le cas récemment avec mon 1er essai. Pour celui-ci, j’ai fourni un gros travail universitaire, à la limite de l’expérimentation scientifique.

Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?

J’écris pour être et demeurer libre. J’écris pour résister et pour rester à la marge. Écrire me dicte de sortir de tous les champs, du contrôle, de la bien-pensance et de la raison. Écrire m’aide à rêver, à les réaliser ou du moins à les toucher du bout des doigts. Même si cela a quelque chose d’éculé de dire cela, je l’assume. Je n’écris qu’à la première personne et je transforme après. Pour varier les plaisirs, pour intégrer la personnalité que je vais donner à mes personnages, et le ton qu’ils vont employer. La première personne me sert à tout dire, une autre personne m’aide à plonger dans la fiction et à prendre du recul en élaborant mon personnage, qui finira par prendre le pas sur mes limites premières, et saura conquérir sa propre liberté.

D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?

Mon inspiration, je la dois à ma vie factuelle. Mon imaginaire se nourrit de mon réalisme, souvent dru, mes temps rationnels. Épreuves et maintes pérégrinations sont passées par là. Après avoir été digérées, elles peuvent enfin être transformées. Les intrigues, elles, sont totalement inventées et le lien entre les personnages, aussi. Des éléments mis bout à bout trouvent leur nécessaire irrigation entre eux, jusqu’à ce qu’une cohérence s’instaure, naturelle. En revanche, mes personnages sont construits à partir d’un support réel. Et transformés, drainés, exploités par mon imagination.  

Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?

Oui, j’aime choisir le titre qui me guidera dans l’écriture. À partir de lui, je dresse mes réflexions et mes élaborations, c’est mon réflexe : liste de courses. Là, je travaille sur « Les angles morts ». Je dois ce titre à mon moniteur d’auto-école qui n’a cessé de me dire pendant des mois que je ne faisais pas assez attention à mes angles morts. J’ai songé que c’était un bon titre à exploiter. Notre vie ne comprend-elle pas toute une succession d’angles morts qui jaillissent partout, dans notre vie quotidienne, dans nos relations humaines ou sentimentales, voire matérielles ? Il y a tant à dire à ce sujet. Ce livre serait en quelque sorte un bilan de toutes observations qui m’auraient permis de déceler moult angles morts, entre ombre et lumière et pas forcément visibles à l’œil nu.

Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?

Je tente d’élaborer des personnages aussi différents que possibles de ma personne. Ce ne sont pas des sosies. Qu’il soit homme ou femme, ils sont détachés de ma personne, hybrides. Tout dépend des livres, de son contenu, de sa trame romanesque, de l’époque. Je ne suis pas pied et mains liés à mes personnages : j’aurai plutôt tendance à en faire des interlocuteurs idéaux qui chercheraient au fond à me venger, et m’aideraient à prendre du recul sur les événements, les choses et les êtres. Une forme de thérapie, c’est vrai.

Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.

Il y en a plusieurs : Violette et François, roman à paraître en 2022 qui est en réécriture, Les angles morts, donc, et un livre autour des correspondances entretenues avec mon père jusqu’en 2016 mêlant celles de mes grands-parents et leurs journaux intimes..
Je suis également en train de poser les bases d’un autre projet d’envergure : la création d’une monnaie féministe (crypto-monnaie).

 

 

 

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