Cinq poèmes de Francisc Edmund Balogh

 

Dévoilé

Un chien

déchire

le manteau noir de la nuit,

jusqu’à ce qu’il y trouve son cœur de lumière,

il déchire

la toile d’ombres

dans laquelle la lune est tombée,

l’aboiement

traverse le sommeil,

il ne peut plus être extirpé

de la chair du silence

comme s’il avait poignardé notre corps,

j’entends le bruit du sang

comme une poignée de gravier

jeté dans les profondeurs des poèmes

qui gisent comme des narcoleptiques

à la limite de la perception,

pendant que je creuse

avec l’habileté d’une taupe

à travers cette matière aveugle,

du côté de la vie

où la lumière se refuse,

égaré parmi les hordes des souvenirs

et les empreintes des pas de Dieu !

 

Fissure

Les oiseaux ne sont jamais revenus,

ils sont restés quelque part au-delà

de la noirceur tranchante de l’hiver,

le temps s’est écoulé rapidement

à travers le corridor de la nuit

piétinant impitoyablement de ses bottes

leur sommeil, leur nid

dans nos cœurs,

il a alerté les étoiles, la lune,

ce hurlement de nostalgie a continué

dans les racines,

dans les poèmes qui se sont nichés en nous

sous l’aile des oiseaux,

nous nous sommes retrouvés ici

sur la ligne de crête

d’entre les mots…

 

Ton sourire

Ton sourire mon amour –

la première rosée

glissant

par-dessus le rideau des ténèbres

d’avant la création du monde,

Ton sourire

souffle de soie grège

de l’aube

qui adoucit la dureté

des collines et des vallées,

Ton sourire –

une pétale de la corolle des nostalgies

des séraphins,

ton sourire

avec un cœur découvert

comme la plante des pieds d’un enfant

à travers l’herbe abreuvée par la rosée ! 

 

Le pays au regard oublié

Il était une fois un pays

De ce côté de l’arc-en-ciel

avec des ailes nées des silences indulgents,

ses amours

ont migré par-delà, comme un vol de métaphores,

dans nos veines telles des prolongements

des racines, des sèves de cette terre.

C’était un pays

qui avait fait son nid

dans son propre cœur-montagne

que tous n’ont pas été capables de gravir,

de l’agonie des poèmes-anges

qui ont veillé sur son destin,

une chute de neige s’est levée comme une purification

d’ombres.

 

Inventaire

J’inventoriais

le nombre de rotations des corbeaux

sur la voûte céleste

de cette année de lumière intérieure

en train de s’épuiser,

je faisais l’inventaire

dans cette bicoque profane qu’est la vie

truffée de volées

de procrastinations élégiaques,

je faisais l’inventaire

à l’aide des oques de vers

les pétales des roses

d’un blanc angélique,

glissant sinueusement, tempétueusement

sur nos âmes,

je faisais l’inventaire

des étincelles polies par l’absence de désir

au coin de ton œil-poème

omniprésent,

omniscient,

je faisais l’inventaire

des traverses

de la voie ferrée entre

les haltes de notre amour,

je faisais l’inventaire

de cette vie arrivée à la fin 

d’état de chenille !

Balogh Francisc Edmund©

(Les quatre poèmes sont inédits, seul le dernier fait partie du recueil Recours aux ombres )

 

Balogh Francisc Edmund est un poète roumain né le 26 déc. 1978 à Satu Mare.

La pandémie a permis à Francisc Edmund Balogh de se consacrer davantage à l’écriture, un peu au détriment de son autre passion, la musique, puisqu’il jouait dans divers groupes en tant que percussionniste.
Son activité littéraire a dépassé les limites du cénacle local, et il a été remarqué au niveau national et même international.
Entre 2020 et 2021, Francisc a publié dans diverses anthologies, parmi lesquelles nous mentionnons : Écho de la solitude publié par Ecou Transilvan, Créations du dimanche  publié par Inspirescu, Rêve avec Nichita publié par la Société culturelle Apollon, Roue des mots avec des auteurs et des poèmes du Cénacle de Schenk.
En 2021, Francisc publiera le recueil Recours aux ombres aux Éditions ECreator.
Francisc a également publié dans diverses revues du pays telles que Cronograf, Noise Poetry, Monitorul de Poezie, Cervantes, etc.
Francisc écrit également en anglais. Il a publié dans des magazines aux États-Unis, en Angleterre et en Inde. Nous mentionnons également l’anthologie Faith du magazine Poet en Angleterre, Life/Death du magazine Open Door aux USA, dans laquelle Francisc a figuré avec plusieurs poèmes.
Il est également actif dans le domaine de la prose courte, écrivant pour le journal local Informația Zilei, le blog francophone Lettres Capitales et l’anthologie de prose humoristique Un sourire en hiver du Cénacle Chronographe.
En termes de participation à des concours littéraires, Francisc a obtenu plusieurs classements notables, la 1ère place à l’édition 2020-2021 de l’Olympiade mondiale de poésie, la 2ème place au concours Nos poètes écrivent du ciel édition 2021 de l’Association du camp d’amitié littéraire De Amicitia et la 1ère mention à la première édition (en 2021) du concours littéraire Le Manteau de Gogol organisé par l’Académie littéraire Le Manteau de Gogol.
Francisc s’est également distingué en obtenant une mention au Concours national de poésie Octavian Goga édition 2021 et plus récemment, il a remporté au Championnat européen de poésie, le prix spécial du jury pour le poème Traces de lésards
La dernière réalisation notable de Francisc est sa parution dans l’anthologie internationale World Poetry Tree aux côtés de 405 autres poètes de 106 pays.

(Textes traduits du roumain par Dan Burcea)

 

 

 

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