Dévoilé
Un chien
déchire
le manteau noir de la nuit,
jusqu’à ce qu’il y trouve son cœur de lumière,
il déchire
la toile d’ombres
dans laquelle la lune est tombée,
l’aboiement
traverse le sommeil,
il ne peut plus être extirpé
de la chair du silence
comme s’il avait poignardé notre corps,
j’entends le bruit du sang
comme une poignée de gravier
jeté dans les profondeurs des poèmes
qui gisent comme des narcoleptiques
à la limite de la perception,
pendant que je creuse
avec l’habileté d’une taupe
à travers cette matière aveugle,
du côté de la vie
où la lumière se refuse,
égaré parmi les hordes des souvenirs
et les empreintes des pas de Dieu !
Fissure
Les oiseaux ne sont jamais revenus,
ils sont restés quelque part au-delà
de la noirceur tranchante de l’hiver,
le temps s’est écoulé rapidement
à travers le corridor de la nuit
piétinant impitoyablement de ses bottes
leur sommeil, leur nid
dans nos cœurs,
il a alerté les étoiles, la lune,
ce hurlement de nostalgie a continué
dans les racines,
dans les poèmes qui se sont nichés en nous
sous l’aile des oiseaux,
nous nous sommes retrouvés ici
sur la ligne de crête
d’entre les mots…
Ton sourire
Ton sourire mon amour –
la première rosée
glissant
par-dessus le rideau des ténèbres
d’avant la création du monde,
Ton sourire
souffle de soie grège
de l’aube
qui adoucit la dureté
des collines et des vallées,
Ton sourire –
une pétale de la corolle des nostalgies
des séraphins,
ton sourire
avec un cœur découvert
comme la plante des pieds d’un enfant
à travers l’herbe abreuvée par la rosée !
Le pays au regard oublié
Il était une fois un pays
De ce côté de l’arc-en-ciel
avec des ailes nées des silences indulgents,
ses amours
ont migré par-delà, comme un vol de métaphores,
dans nos veines telles des prolongements
des racines, des sèves de cette terre.
C’était un pays
qui avait fait son nid
dans son propre cœur-montagne
que tous n’ont pas été capables de gravir,
de l’agonie des poèmes-anges
qui ont veillé sur son destin,
une chute de neige s’est levée comme une purification
d’ombres.
Inventaire
J’inventoriais
le nombre de rotations des corbeaux
sur la voûte céleste
de cette année de lumière intérieure
en train de s’épuiser,
je faisais l’inventaire
dans cette bicoque profane qu’est la vie
truffée de volées
de procrastinations élégiaques,
je faisais l’inventaire
à l’aide des oques de vers
les pétales des roses
d’un blanc angélique,
glissant sinueusement, tempétueusement
sur nos âmes,
je faisais l’inventaire
des étincelles polies par l’absence de désir
au coin de ton œil-poème
omniprésent,
omniscient,
je faisais l’inventaire
des traverses
de la voie ferrée entre
les haltes de notre amour,
je faisais l’inventaire
de cette vie arrivée à la fin
d’état de chenille !
Balogh Francisc Edmund©
(Les quatre poèmes sont inédits, seul le dernier fait partie du recueil Recours aux ombres )
Balogh Francisc Edmund est un poète roumain né le 26 déc. 1978 à Satu Mare.
La pandémie a permis à Francisc Edmund Balogh de se consacrer davantage à l’écriture, un peu au détriment de son autre passion, la musique, puisqu’il jouait dans divers groupes en tant que percussionniste.
Son activité littéraire a dépassé les limites du cénacle local, et il a été remarqué au niveau national et même international.
Entre 2020 et 2021, Francisc a publié dans diverses anthologies, parmi lesquelles nous mentionnons : Écho de la solitude publié par Ecou Transilvan, Créations du dimanche publié par Inspirescu, Rêve avec Nichita publié par la Société culturelle Apollon, Roue des mots avec des auteurs et des poèmes du Cénacle de Schenk.
En 2021, Francisc publiera le recueil Recours aux ombres aux Éditions ECreator.
Francisc a également publié dans diverses revues du pays telles que Cronograf, Noise Poetry, Monitorul de Poezie, Cervantes, etc.
Francisc écrit également en anglais. Il a publié dans des magazines aux États-Unis, en Angleterre et en Inde. Nous mentionnons également l’anthologie Faith du magazine Poet en Angleterre, Life/Death du magazine Open Door aux USA, dans laquelle Francisc a figuré avec plusieurs poèmes.
Il est également actif dans le domaine de la prose courte, écrivant pour le journal local Informația Zilei, le blog francophone Lettres Capitales et l’anthologie de prose humoristique Un sourire en hiver du Cénacle Chronographe.
En termes de participation à des concours littéraires, Francisc a obtenu plusieurs classements notables, la 1ère place à l’édition 2020-2021 de l’Olympiade mondiale de poésie, la 2ème place au concours Nos poètes écrivent du ciel édition 2021 de l’Association du camp d’amitié littéraire De Amicitia et la 1ère mention à la première édition (en 2021) du concours littéraire Le Manteau de Gogol organisé par l’Académie littéraire Le Manteau de Gogol.
Francisc s’est également distingué en obtenant une mention au Concours national de poésie Octavian Goga édition 2021 et plus récemment, il a remporté au Championnat européen de poésie, le prix spécial du jury pour le poème Traces de lésards
La dernière réalisation notable de Francisc est sa parution dans l’anthologie internationale World Poetry Tree aux côtés de 405 autres poètes de 106 pays.
(Textes traduits du roumain par Dan Burcea)