Pierrette Epzstein : Je resterai une étrangère

 

 

Rien n’est précaire comme vivre

Malgré le givre qui parfois entrave ma marche

Je résiste et poursuis le vent léger

Je resterai une étrangère

 

Je traverse les frontières je sonde d’où je viens,

Je sonde où je vais

Je veux vivre au présent

En oubliant hier

 

Délaissant les chardons acceptant

Que la vie persiste sans rime et sans raison

Je bâtirai des ponts

Je briserai les murs

 

Mes nuits sont insomnies

Le grand jour brouille les miroirs

Où l’image me renvoie à mon déclin

Je l’accepte malgré tout

 

Quand je m’y découvre

Je m’étonne de cette femme inconnue

De son visage fripé, de son sourire crispé

Peu à peu, je me mure dans le silence

 

Mais pas assez vite pourtant

Pour ne sentir les dissemblances

Sur les amitiés d’antan

Tombées dans la poussière du temps

 

Accepter de vieillir au bout du compte

Est un long chemin à parcourir

Le sable fuit entre nos doigts

C’est comme une eau froide qui monte

 

C’est long de renoncer à tout

Rien n’est précaire comme vivre

Rien n’est équivoque comme l’approche de l’autre

Je resterai une étrangère

 

Même si, sans naïveté, j’ai conscience

Que cela ne changera pas ma vie

Pas plus que cela ne modifiera le monde

Je m’entêterai à tracer mes mots sur la page

 

Si j’ai réussi par mes livres à déclencher

Un déclic dans l’esprit d’un seul lecteur

Mon sort en somme

N’aura pas été vain.

 

Pierrette Epzstein – dimanche 15 janvier 2023

 

 

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