Angela Baciu : tremblement de terre : magnitude 5,2 degrés (syndrome d’alvarez)

 

 

tremblement de terre : magnitude 5,2 degrés
(syndrome d’alvarez)

1. plage dans le N.
déserte
j’entre dans l’eau froide
avec l’excitation de l’enfant
qui apprend à marcher
pour la première fois
une méduse bleue
passe sans encombre
devant
ma jambe
ne m’effraie pas
toutes les créatures du monde
se rassemblent maintenant
devant elle
je lave mes péchés
autel
de coquillages
étoiles et
hippocampes

tu te souviens..,
cette nuit-là
dans le wagon-lit
dans le train pour C.
le temps s’est arrêté
nous portions
le talisman
fait de coquillages
tu m’as dit d’éteindre la lumière
pour regarder le ciel nocturne

tempête sur la mer

2.  un arc-en-ciel

suspendu

au-dessus du village

et le cri

d’un enfant

joyeux

à la vue de l’ânon

comme il est difficile de rouler

pour ce train, T.

au premier arrêt je descends

il l’a appelé yeux bruns

je veux vivre

je compte chaque dimanche

au sevrage du poulain

il va encore beaucoup pleuvoir

3. ce café

est rance

il date de quand ?

le monde est à

à l’envers

marc

et dans le ciel

et

sur la terre

j’ai mal au ventre !

4. il avait grimpé sur
ma main
cet insecte noir
j’ai cru que c’était
une poignée
de cheveux
je ne voyais pas clair
la peur était
si grande
que j’ai oublié de respirer
et mon cœur
devenait fou
le scarabée
a disparu rapidement
dans la canalisation
de la salle de bains
il était devenu
gros
de plus en plus grand
m’engloutissant
chaque jour
m’engloutissait
il vient d’y avoir un tremblement de terre : 5.2 de magnitude.

5. arrêt docăneasa

sur le mur abandonné, je lis

non aux gaz de schiste !

sssst !!!

ne réveillez pas les morts !

je dis toujours

j’ai encore mal

                à l’estomac…

6. sortie du

le long tunnel noir

poulain au fil

de l’herbe

cheval coupé en deux

en quatre

fontaines asséchées

foudre inattendue

croix arrachées

oui,

je me signe moi-même

               photo du train

7. l’avidité des animaux

de la proie

mord la gorge

de la victime

brise la peau

puis l’os

l’œil égaré

souffre

s’éteint lentement

comme

la bougie de la

résurrection

paupière

collée

la toussaint d’hiver

      donnez-nous ou ne nous donnez pas ?

la toussaint saint d’été

      de la nourriture en pots d’argile

Samedi des Morts…

(traduit du roumain par Dan Burcea)

Crédits photo : © Eduard Petrea 

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