DIS-MOI LES MOTS
Qui jaillissent de tes yeux,
Nus
Comme au premier jour,
Sans rides ou sinueuses arabesques
Dis-moi les mots
Qui n’ont jamais été polis
À la pierre d’oraison des amours légitimes.
Je les veux ruisselants d’inconvenance
Libres de s’infiltrer sans permission
Dans le repaire de mes désirs
Dis-moi les mots
D’alchimie qui transforment le plomb
Des nuits glacées de solitude
En l’or précieux
De brûlants à-corps
Dis-moi les mots
De cette langue sans nom,
Vierge encore de toute sémantique,
Pour que je sois la première à l’entendre
À m’y brûler les ailes
Et m’incendier à ton arc-en-ciel…
À L’ABSENTE
Elle a laissé traîner derrière elle
Une fragrance de “fleurs de rocaille”
Ou son Souvenir,
Mais n’est-ce pas la même chose ?
Elle me traverse en-corps,
Acérée
Comme une flamme ardente
Dans mes yeux de révolte
Armés de silence
Et quand elle me regarde encor
De ses pupilles mortes
Je sens pousser la Lumière
Sous mes paupières
LE PACTE
Je conclurai un pacte avec le Temps
Il me laissera effacer tout l’obscur
de cette mémoire déflorée
à expurger
Je conclurai un pacte avec l’Enfance
Pour permettre au rêve de revenir
au jour d’Avant,
Et pouvoir me dire
“Je suis née demain”.
LAISSE VENIR À TOI
Ce qui n’a pas de nom
Étanche ta soif inextinguible
À la source vive
De la dépossession
Laisse-toi évider par le temps
De tes scories résiduelles
Tel ce coquillage par la mer
Et entends sa voix d’écume
Qui s’envague et pulse encore
Au creux de ton oreille
Comme un hommage posthume
À toutes tes désertions
LA DÉCRUE
J’ai construit ma maison de l’autre côté de la nuit.
J’entends le frôlement de la lumière se poser
Sur le chant de l’oiseau qui crépite à ma fenêtre,
La décrue des heures sombres qui s’égouttent
Une à une en perles de mémoire à réinventer.
Désormais, chaque jour j’ausculte le destin,
Je tâte le pouls des fleurs ou des arbres
Et je règle mon pas sur celui de l’eau.
Mon âme, toute jeune encore, s’infuse
Au souffle du vent qui, dans ses méandres,
Me délivrera de l’exil et me rebaptisera
Dans l’ivresse et le vertige du devenir…
Je suis Elisa KA, née en Algérie, de nationalité française, de parents d’origine espagnole. Ma formation théâtrale au Conservatoire National de Marseille puis celui de Toulon et d’Aix-en-Provence m’ont permis d’aborder les grands rôles du répertoire classique et moderne. Je renoue plus tard avec l’écriture, laissée de côté pendant mes années de théâtre, d’abord par le biais d’un blog et plus récemment sur Facebook où je publie régulièrement depuis quelques années. Certains de mes poèmes ont également été publiés dans des blogs et revues poétiques et littéraires, « Possibles », « Ressacs », « L’Ardent Pays », « Emmila gitana », « Le Dix Vins blog », « L’instant Poème »
Site (créé en 2021) : https://ones-a.ch/postElisaKa.html/