Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ?
Je suis auteure de poésie, chroniqueuse radio, animatrice d’ateliers d’écriture et l’initiatrice du Kukaï de Bruxelles qui est un cercle littéraire.
Je suis née en 1971 à Iasi (Yassy) en Roumanie et j’habite à Bruxelles depuis 1998.
Vivez-vous du métier d’écrivaine ou, sinon, quel métier exercez-vous ?
La poésie étant un genre moins « porteur » que le roman, vivre de son métier n’est pas évident. Ceci dit, je ne peux pas me plaindre car j’ai beaucoup de lecteurs et lectrices de plusieurs pays qui me sont fidèles. Ma satisfaction première est de voir que mes écrits plaisent à des personnes de cultures très différentes.
J’ajouterais que j’ai une licence et un master en économie qui m’ont permis d’avoir de chouettes responsabilités. En 2006, lorsque j’ai accouché de mon fils aîné, Anton, j’ai cessé de travailler dans un bureau. Et c’est à partir de 2013, lorsque j’ai découvert le haïku, que ma « deuxième vie professionnelle » a commencé.
Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?
Enfant et surtout adolescente, je me réfugiais dans les livres ; autant en roumain qu’en français. Cela ne veut pas dire que je ne faisais que ça. Mais j’ai toujours aimé lire, que ce soit des romans ou de la poésie. Et on sait combien les Roumains adorent la poésie. Concernant l’écriture, adolescente, je la pratiquais un peu ; quelques poèmes et même une nouvelle de science-fiction. Car j’avais intégré, dans les années ’90, le cénacle littéraire Quasar de Iasi, à l’invitation de Lucian Merisca. Par après, les études puis la vie en général ont fait que l’écriture était passée au second plan. Jusqu’à aujourd’hui.
Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?
Je dirais Federico Garcia Lorca. J’avais vu à l’époque en Roumanie, au Théâtre National de Iasi, sa pièce intitulée « La maison de Bernarda Alba ». De l’émotion à l’état pur.
Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?
J’écris de la poésie d’influence japonaise, dont le haïku. Mais aussi de la poésie sans rime, sans oublier les phrases poétiques ainsi qu’un peu de prose. Aussi, dernièrement, j’ai découvert un genre particulier de poésie à rime croisée, le pantoum, dérivé du pantoun malais. Je peux dire que je passe très facilement d’un genre poétique à l’autre. Car pour moi, tous ces genres représentent des outils. Par exemple, ce que je ne peux exprimer dans un genre, je l’exprime alors dans un autre. J’adore jongler avec ces différents langages littéraires.
Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?
J’écris parfois d’un trait, parfois pas. Cela dépend du genre poétique que j’ai choisi, de la thématique ou encore de l’image que je veux rendre le plus fidèlement possible.
Et c’est pareil pour votre deuxième question. D’ailleurs à ce sujet, les auteurs de haïku parlent souvent d’eux-mêmes à la troisième personne, non pas par je ne sais quel souci psychologique, mais par l’habitude de se mettre soi-même en retrait lorsque la nature est évoquée.
D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?
Mes poèmes sans rime peuvent être plus facilement mis dans la catégorie fiction que les poèmes brefs d’influence japonaise, qui eux, collent le plus fidèlement possible à une réalité immédiate. Donc, pour mes poèmes sans rime, je peux partir d’une idée et la développer au fur et à mesure de l’écriture. Et dans ce cas précis, il y a ce que j’appellerais le bonheur d’une fulgurance d’écriture. C’est un peu comme si une personne me dictait ce que je devais écrire. D’ailleurs, je ne connais aucun de mes poèmes par cœur. Donc, pour résumer, mon inspiration première est la nature suivie de quelques thématiques dont l’enfance, les sentiments amoureux, la philosophie et parfois des thématiques plus sociales.
Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?
Pour répondre à votre première question : pas du tout ! C’est seulement à la fin, lorsque j’ai compilé mes textes dans un manuscrit, que je commence à réfléchir à un titre. Et j’avoue que cette étape est assez compliquée. Connaissant l’importance d’un titre, son choix doit être judicieux. Je dirais qu’un titre fait office de carte de visite et de référence pour cet être qu’est le livre.
Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?
Comme je disais plus haut, j’invente peu de personnages. Mais lorsque je le fais, c’est surtout selon la formule d’une pièce de théâtre intimiste, c’est-à-dire avec deux personnages, un homme et une femme. Je peux dire que j’ajoute beaucoup de moi dans mes personnages féminins et un mélange des hommes que j’ai connus dans mes personnages masculins.
Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.
« Maison d’été » est mon tout dernier recueil. La date officielle de la sortie est fixée le 21 juin 2021. Il sera édité par les éditions Partis Pour, une maison d’édition belge consacrée aux voyages, à la découverte du monde et des cultures. Mon éditrice, Laurence Vanderhaeghen, a mis un point d’honneur à ce que ce recueil soit un bel objet : format 16,8 x 24 cm avec une reliure suisse. Et je lui en suis reconnaissante.
« Maison d’été » est un recueil aux genres poétiques multiples. Pour tout dire, il y en a sept, à savoir : des poèmes sans rime, des phrases poétiques, un peu de prose et quatre genre de poésie d’influence japonaise, dont le haïku et le tanka, pour ne citer que deux. Ces différents genres ont été agencés de façon à ce que l’ensemble puisse être lu comme une histoire. Ce recueil est un journal de mes vacances d’été dans le Limousin, dans notre maison familiale. Et pour que l’ensemble soit harmonieux et plaisant à souhait, Justine Gury a concocté de très belles illustrations en couleur. Je m’estime chanceuse que mes mots aient pu trouver un tel écho chez Justine.
Concernant mes autres projets, cette année 2021 est une année très faste pour moi : la sortie d’un deuxième recueil est prévue pour la fin de l’année. Et c’est sans compter sur mes différentes activités littéraires, à savoir les ateliers d’écriture, les chroniques mensuelles pour Radio Laser (une radio de Rennes) ainsi que les animations du kukaï de Bruxelles (encore deux avant les vacances d’été). Sans oublier mon écriture quasi quotidienne ; en tout cas je m’y applique depuis que les beaux jours sont arrivés.