Qui êtes-vous, où êtes-vous né, où habitez-vous ?
Je m’appelle Matthieu Niango, je suis né à Nancy et j’habite à Paris dans le 10e arrondissement.
Vivez-vous du métier d’écrivain(e) ou, sinon, quel métier exercez-vous ?
Je n’en vis pas même si je m’y consacre depuis septembre 2020 et le temps que ma trésorerie me l’autorisera ! Agrégé de philosophie et professeur de formation, j’ai été plume du maire de Paris, de ministres et d’un grand patron industriel, et j’ai donc pu faire des économies. Je souhaite fonder une chaire destinée à la démocratie et y enseigner mais pour l’heure emploie l’essentiel de mon temps à écrire.
Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?
En CM2, mon instituteur a lu une de mes rédactions devant toute la classe, et ce jour j’ai décidé d’écrire. J’ai écrit un premier recueil de nouvelles à 17 ans, qui a été refusé par les éditeurs, et le désir d’écrire des romans s’est éclipsé pendant de longues années avant de ressurgir assez récemment.
Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?
L’essai sur l’entendement humain de David Hume m’a profondément bouleversé et a presque failli me rendre fou ! Je l’ai lu à 19 ans, et j’ai eu l’impression que le monde se dérobait sous mes pieds. Mon cerveau fonctionnait à 200 à l’heure. C’est aussi une grande œuvre littéraire.
Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?
J’ai commencé par écrire des essais, et me suis mis au roman en 2019. J’ai également co-écrit une pièce de théâtre en cours de production. La notion de genre ne m’arrête donc pas et j’emprunte l’un ou l’autre en fonction de mes besoins.
Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?
Je procède comme un sculpteur m’a dit un ami, au sens où après avoir un peu structuré les choses, je pose une première trame que je reprends quitte à tout récrire plusieurs fois. J’ai besoin d’avoir vite des résultats partiels, et écris donc à toute vitesse, quitte à me reprendre ensuite un nombre incalculable de fois. Je m’engage personnellement dans mes livres, j’emploie la première personne systématiquement pour mes essais, et vais désormais emprunter cette voie (x) aussi pour mes romans.
D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?
Je rêve de ne plus séparer la vie et l’écriture, que vraiment les deux ne fassent qu’un. Et je suis le plus satisfait là où ce que j’écris fait écho à ma vie. C’est elle qui me fournit mes sujets et mes personnages.
Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?
Le titre est un pavillon que l’on peut voir au loin, même l’auteur, mais j’en change beaucoup au fil de l’écriture. Il se fixe péniblement à son terme, comme dans ces tribus indiennes où les enfants font le choix de leur propre nom arrivés à l’âge de raison.
Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?
Je m’appuie sur la réalité ou des bribes d’elle, suivant le conseil d’Emmanuel Carrère dans le Royaume : seul les faits réels m’émeuvent, même s’il a quelquefois besoin d’être magnifié, ou projeté dans d’autres contextes que celui où ils sont imbriqués.
Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.
Mon roman La dignité des ombres est un roman de science-fiction évoquant l’avenir de nos démocraties et s’inspire directement de ma vie comme militant du mouvement À Nous la démocratie prônant une intervention plus active des citoyens dans la vie collective. Je suis en train d’achever un essai très volumineux sur ce sujet et ai entamé en parallèle (je n’arrive pas à me consacrer à un seul livre à la fois) sur un roman évoquant l’histoire totalement incroyable de mes parents (de ma mère en particulier, à propos de laquelle je mène de nombreuses recherches). Une pièce de théâtre sur ce sujet est en cours de production.