VIENS AVEC MOI
Viens avec moi
Je te dirai les yeux de cet enfant
né à l’ambre du levant
et n’attendant que les bras d’une mère
pour le soustraire à l’assoiffé des pierres
Viens avec moi
Je te dirai le cri térébrant des loups
dans la forêt de ces mémoires infidèles
qui nous renvoient toujours l’écho truqué
des grandes peurs ancestrales
Viens avec moi
Dépose ton âme près de la mienne
sur le vélin de notre toile inachevée
Tu me dessineras le miracle du vent
Je te dirai le poème de la mer
AUX CHASSEURS D’ÉTERNEL
qui nous plombent les ailes,
En rusant de leurs mots
Pour tenter de nous rendre
Aveugles
Au fragile de nos tours de sable
Et sourds
Au blessé des silences qui ont fini
Par nous trouer l’âme,
Dans le vertige de nos rêves,
Ces ailes à la peau nue
Qui nous portaient si haut,
Et qu’ils ont mutilées à coups
De certitudes,
À tous ces faux passeurs d’étoiles,
Je dirai que nous sommes aussi
Ce que nous avons failli être.
LES HEURES IMMOBILES
J’ai usé les pierres
pour retrouver la trace de ton visage
J’ai voulu dans le ciel rechercher ton nom
inscrit peut-être au décousu des nuages
J’ai écouté le vent et le chant de la mer
à m’en vider la tête et m’étourdir le cœur,
jusqu’à en perdre l’équilibre
Mais je n’ai jamais su que le silence
et le clair de ton absence affichée à ma fenêtre,
mêlés à la rosée de l’aube où je bois ton sourire,
cette douce ivresse éployée sur la crête
des heures immobiles.
UN JOUR
Quand nos exils
Se seront consumés
Comme un flambeau
D’obscure lumière,
Dans une parfaite union
De la main et de la parole
Un jour,
Je séparerai les eaux
Pour t’ouvrir un chemin
Jusqu’à moi
ÊTRE LÀ
Au loin
Une Tour de guet qui écorche le ciel
Projetée dans le bleu insensé de la mer
L’arche des palmiers m’ouvre un chemin
D’ombre et de lumière et j’avance mes pas
Sans savoir où je vais
Chaque jour l’oiseau déchire de son chant
Le voile de l’aube et sous la caresse du soleil
Les jardins explosent en mille gerbes multicolores
La brise marine exalte les effluves tenaces
Des citronniers quand les jasmins retiennent
Leur souffle jusqu’au crépuscule
Être là
Loin des lumières qui s’enténèbrent
Loin des masques sans visages
Et des vide-au-cœur qui s’envisagent
Là où l’on n’est plus que soi