Elisa Ka : Poèmes

 

 

VIENS AVEC MOI

Viens avec moi

Je te dirai les yeux de cet enfant

né à l’ambre du levant

et n’attendant que les bras d’une mère

pour le soustraire à l’assoiffé des pierres

Viens avec moi

Je te dirai le cri térébrant des loups

dans la forêt de ces mémoires infidèles

qui nous renvoient toujours l’écho truqué

des grandes peurs ancestrales

Viens avec moi

Dépose ton âme près de la mienne

sur le vélin de notre toile inachevée

Tu me dessineras le miracle du vent

Je te dirai le poème de la mer

 

AUX CHASSEURS D’ÉTERNEL

qui nous plombent les ailes,

En rusant de leurs mots

Pour tenter de nous rendre

Aveugles

Au fragile de nos tours de sable

Et sourds

Au blessé des silences qui ont fini

Par nous trouer l’âme,

Dans le vertige de nos rêves,

Ces ailes à la peau nue

Qui nous portaient si haut,

Et qu’ils ont mutilées à coups

De certitudes,

À tous ces faux passeurs d’étoiles,

Je dirai que nous sommes aussi

Ce que nous avons failli être.

 

LES HEURES IMMOBILES

J’ai usé les pierres

pour retrouver la trace de ton visage

J’ai voulu dans le ciel rechercher ton nom

inscrit peut-être au décousu des nuages

J’ai écouté le vent et le chant de la mer

à m’en vider la tête et m’étourdir le cœur,

jusqu’à en perdre l’équilibre

Mais je n’ai jamais su que le silence

et le clair de ton absence affichée à ma fenêtre,

mêlés à la rosée de l’aube où je bois ton sourire,

cette douce ivresse éployée sur la crête

des heures immobiles.

 

UN JOUR

Quand nos exils

Se seront consumés

Comme un flambeau

D’obscure lumière,

Dans une parfaite union

De la main et de la parole

Un jour,

Je séparerai les eaux

Pour t’ouvrir un chemin

Jusqu’à moi

 

ÊTRE LÀ

Au loin

Une Tour de guet qui écorche le ciel

Projetée dans le bleu insensé de la mer

L’arche des palmiers m’ouvre un chemin

D’ombre et de lumière et j’avance mes pas

Sans savoir où je vais

Chaque jour l’oiseau déchire de son chant

Le voile de l’aube et sous la caresse du soleil

Les jardins explosent en mille gerbes multicolores

La brise marine exalte les effluves tenaces

Des citronniers quand les jasmins retiennent

Leur souffle jusqu’au crépuscule

Être là

Loin des lumières qui s’enténèbrent

Loin des masques sans visages

Et des vide-au-cœur qui s’envisagent

Là où l’on n’est plus que soi

 

 

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