Parme Ceriset : poèmes des grands espaces (liberté, éternité)

 

 

Là est la liberté, là est l’éternité…

Souffle de liberté

Sur le manteau d’opale des steppes enneigées,

le vent balaie la poudre des instants.

Le soleil égrène en perles de lumière

la rosée de l’aurore sur les bras verts des résineux.

La vie est suspendue au souffle blanc du loup

qui parcourt les plaines, la faim au ventre et la liberté dans le sang.

En ces contrées, vie et mort tournoient en osmose,

complices et souveraines,

dans le froid de la nuit et l’infinie clarté des jours.

 

La chair des roches 

La vie se renouvelle sans cesse

sur les hauts plateaux du temps,

la chair des proies souffre entre les roches,

on entend la mort qui craque

sous les dents…

Le soleil affirme son règne

sur l’immensité,

la vie saigne dans ces steppes d’outre-monde

mais tout renaît à l’aube

dans la clarté impassible de l’été.

 

Ton chant de l’ombre

Ce chant violine qui s’écoule comme une complainte sombre

ce chant, ton chant que j’entends parcourir les plaines

du néant grisonnant

jusqu’au refuge d’ambre

de l’antre de mon âme qui se fait caverne

et accueille en son sein le silence érigé

de ton ombre qui veille

aux nuits d’immensité.

 

La mémoire des névés

La Terre et le souffle

et le pas des morts

et la peau gelée

des âmes enfuies

et sur les pierriers

la voix des héros

mémoire embrumée

de ceux qui résistent,

le blanc des névés

et les sifflements

des oiseaux de proie

les lambeaux au bec

qui saignent encore

et la liberté

du Vercors qui trône

comme un géant bleu

au-dessus des tombes

et le vent glacé

qui emporte tout….

LIBERTÉ !

 

Le cri de la saison

Le cri tranchant de la saison se révèle,

l’espoir sourd des rayons fardés,

je me suis évadée

vers le septième ciel.

 

Fougue 

Offre-moi des jours tissés

d’un amour fluide comme l’eau de roche,

flamboyant comme la vie,

implacable comme la mort

un amour qui brûle le palais comme du piment rouge,

qui fouette l’âme et enivre,

une tempête de fougue

un amour fruité comme une mangue et frais comme une cascade

un amour fou, bouillonnant,

sauvage,

pluies d’étoiles,

un amour de glace et de feu mêlé

un peu de ta liberté

jaillissant en mon antre,

ta faim de loup…

rassasiée.

 

Rugir de soleil

Rugir en surgissant d’une nouvelle chrysalide,

en déchirant la peau de tous les impossibles,

savourer la lumière crue à coups de crocs,

mordre dans les ténèbres et leur arracher le cœur,

rire et rugir de soleil,

s’abreuver aux rivières des apollons,

être fauve de bonheur.

 

Steppes parsemées d’étoiles

Ce matin j’ai décidé d’ouvrir la porte de l’infini,

j’aperçois au loin des steppes parsemées d’étoiles,

le temps a disparu ou peut-être est-il fondu à l’existence-même,

la vie semble avoir épousé à la fois l’ombre et la lumière.

c’est comme si le bien et le mal vivaient en harmonie

dans une contrée étrange située hors référentiel,

dans cette évidence de lumière qui se pose au sommet des collines.

c’est cette impression étrange de renaître à la vérité,

la vérité immense et impalpable,

celle du silence qui dit toute la beauté

du visage de l’Espoir qui luit et règne sur le chaos.

 

Dans le souffle du vent 

Les mûres transpirent d’un miel qui ressuscite l’enfance,

j’ai au cœur ces réminiscences des jours de clarté et de joie

et sur ma peau l’empreinte sanglante des passions,

à mes côtés ta main chaude qui me drape

dans ce doux manteau d’océan,

je vais libre

dans le souffle du vent.
 

L’oiseau en l’autre 

Il y a parfois en l’autre un oiseau qui saigne,

un cri étouffé dans un tiroir.

Au premier pas, on peut s’y méprendre

et croire qu’il nous jette son sang au visage

mais souvent, bien souvent

c’est juste un morceau de ciel

qui jaillit d’une de ses morts,

une hémorragie en fontaine,

le chant d’un météore.

 

L’été

N’être plus que le chant de l’eau et des rivières

et les plumes d’oiseau qui voguent dans le vent

et le parfum des fruits qui distille l’Éden,

n’être plus que le souffle qui berce les herbes

et le soleil enfin qui luit dans ton regard

et la saveur de l’aube cueillie sur tes lèvres…

Être là, lumineuse, immortelle éphémère.

 

 Me fondre au temps 

 Et je me fondrai au vent des hauts plateaux

à l’odeur de calcaire, empreinte métallique

des rêves d’insouciance

évadés dans l’or bleu

du temps qui s’évapore,

je me fondrai

à l’eau

des ruisseaux de jouvence

où les âmes galets

des humains disparus

roulent sous les flots calmes

des vies en partance…

Je me fondrai à Tout ce qui bruisse dans l’ombre

à tout ce qui renaît aux lueurs de l’Aube

et je serai rosée sur les feuilles de joie

et je serai l’eau vive

en ton cœur de vivant.

 

Nous sommes 

Dans la clairière on n’effacera jamais le sang,

le sang qui s’écoule aux sources du Moi 

et qui tremble

dans les veines et les arbres de Voie lactée.

Ton regard sous la pluie…

nous sommes morts…

nous sommes pierres 

au torrent évadé…

Nous sommes Vie

de flots 

d’éternité.

 

Bleu éternité

Disparaître

comme si rien n’avait jamais existé,

rejoindre l’immensité bleu outremer de la vie,

la liberté.

Parme Ceriset©

(Textes publiés ou inédits,  tous sous copyright )

Bio-bibliographie : 

Parme Ceriset est l’auteure des recueils “N’oublie jamais la saveur de l’aube” (éd.Bod ), “Le souffle de l’âme sauvage” (éd. Lys bleu), “l’Amazone Terre” (éd. Stellamaris), “Femme d’eau et d’étoiles” (éd. Bleu d’encre, préface Patrick Devaux, 2021) et du roman “Le Serment de l’espoir” (L’Harmattan). Elle est rédactrice à La Cause littéraire et membre de la Société des Poètes Français. Elle est médecin de formation, et a été sauvée par une greffe des poumons il y a quelques années après quatre ans sous oxygène.

 

 

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