Si tu veux voler
écoute le gazouillis du silence
qui chante dans le nid d’une larme
quand celle-ci égoutte le sommeil d’un oiseau
Tandis que l’ombre d’une fleur dessine un océan sans fond
Tandis que l’étincelle du silex époumone sa flamme lunaire
Je raccommode la cambrure d’une caresse
avec tes mains transparentes
si seulement elles tressent les cils du vent
que la fraîcheur de son chagrin ondule
Je continue à sculpter la houle du soupir pour trouver
une île sans sable dans le rêve d’un palmier
qui déracine l’absence de tes lèvres
N’oublie pas que le bleu d’une voyelle enlace
la couleur d’une consonne quand elle démaquille le mascara de l’alphabet
J’imbibe la sève de l’écriture sur le linceul de nos haleines pour qu’elles
ennuagent le berceau des mots sur la page du souvenir
***
je brode l’enfance
autour de mon silence
je la tresse pour extraire
la sève de mon souffle
qui flotte sur une mer invisible
quand celle-ci creuse
la larme d’une vague
devenue source
de la mémoire de la vieillesse
***
je sculpte le silence
je façonne son visage
je lui demande de me parler
de l’ivresse du vent
de me raconter les cicatrices
de son enfance
de sa chaleur qui sommeille
dans les plis de son rêve
de me coudre un manteau
avec la peau d’un secret
pour végétaliser la guirlande
d’une éclaircie au cou de l’aube
le silence se déhanche
pour danser autour de tes cheveux
il fait fleurir la couleur du mot
sur le rebord d’un reflet
pour délivrer le secret
d’un souffle empierré
***
assis face au crépuscule
j’ai lu une page d’un recueil poétique
dans le berceau du rayon de lune
qui tresse l’aube de ma rime
que la corolle de la nuit défleurit
mais dans l’attente que mon imagination
dénoyaute un fruit invisible
j’ai mis le couvert aussitôt
pour deux lorsque l’on attend
le pouls du rêve battre la chamade
qui surgit à pas chassé pour dîner
je suis comme l’hêtre qui s’effeuille au crépuscule
quand l’ écorce de son âme
panse la plaie du silence
à l’aube d’un chapelet de perle
que l’absence de tes larmes enlace
***
je pêche le silence
j’écaille sa peau
je le fais sécher
dans le nid du vent
je tamise sa transparence
sans âge à la boutonnière de l’azur
dans l’attente qu’il escalade
l’encolure de ma nuque
pour rajeunir l’enfance de ma vieillesse
***
J’écris pour sertir les bleus de l’enfance évaporés dans la craie de la marelle
J’écris pour égoutter la sève de la mémoire que les souvenirs du chiffonnier désarchivent
J’écris pour dessoûler la calligraphie d’une plume que son encre enivre
J’écris sur le cuir chevelu d’une rime que la couette de ton absence déracine
J’écris sur le duvet du nuage que le nid du silence réchauffe
J’écris sur la peau du frisson que la bouture d’un secret emperle
J’écris sur la couleur du vent que son reflet tresse autour de ton cou
J’écris sur la feuille du baobab que le buvard de nos entrailles absorbe
J’écris dans la rosée du rire que le marbre de nos larmes traverse
J’écris dans le cœur d’une pierre pour sonder le pouls de sa fissure
J’écris sur l’argile de nos hanches que le lierre de notre douceur enlace
Et surtout, j’écris dans le fumet de ta profondeur, à la cime du postillon d’une émotion,
qui imbibe la page de nos âmes, devenue jumelle
Laurent Sallé est né en Afrique en 1968. Emerveillé par le cinéma qu’il découvre à l’adolescence, il dévore les films en boucle ! A Paris, il s’entiche pour toutes les salles afin d’assouvir cette passion. Autodidacte, son destin en bandoulière, il enchaîne différentes activités. La loterie du hasard, le guide vers une rencontre improbable, lumineuse avec Marcel Moreau ! Cet écrivain atypique, inclassable, le fascinait. Il sera une révélation, une « dynamo » dans la naissance de sa pulsion pour les mots… Depuis, il utilise les réseaux sociaux pour partager sa poésie, en parallèle, avec son métier dans les télécoms.