Alexandra Koszelyk a accepté de répondre à mes quatre questions sur le confinement
Comment avez-vous réagi à l’obligation de confinement et en quoi cette urgence a changé votre quotidien ?
Je suis de près les actualités italiennes, donc je n’ai pas été très surprise, mais plutôt soulagée par cette mesure.
Je travaille de chez moi et tente d’assurer « la continuité pédagogique », tout en enseignant à mon fils. Je ne sors que pour le vital, une fois tous les 15 jours …
Comment avez-vous intégré cette soudaine omniprésence de la maladie et cette résurgence de la mort que notre société a si longtemps voulu cacher ?
J’ai la chance de pouvoir rester chez moi, de ne pas faire face à la mort au quotidien, mais pour limiter l’angoisse face à l’omniprésence de la maladie, j’ai choisi de limiter ma présence sur les réseaux et de n’écouter les informations qu’une fois par jour, durant 20 minutes.
De façon plus générale et en temps normal, j’ai conscience aussi de ce que la vie peut offrir chaque jour, avec son pendant qu’est la mort.
Lire, écrire, s’évader dans l’imaginaire, s’aventurer dans la fiction sont-elles, toutes ces portes de sortie du réel, des outils de résistance ou de résilience, pour utiliser un terme plus adapté à la situation ? Et, si oui, comment agissent-elle sur votre manière de rendre compte du monde, accablé à la fois de chiffres macabres et d’espoirs à peine formulées ?
Pour que l’imaginaire puisse s’épanouir, il faudrait que nous ne soyons pas étouffés par les chiffres macabres. Comment l’esprit peut-il s’évader ? Autour de moi, je vois bien que même les grands lecteurs lisent moins, et préfèrent davantage regarder des séries. C’est normal car la lecture demande d’être actif : le cerveau doit recréer le monde dans lequel nous plonge la lecture. L’image, elle, nous apporte déjà cela, nous sommes plus passifs, et cette inertie convient mieux à nos cerveaux déjà sollicités par la ronde macabre des chiffres.
De mon côté, bizarrement, quand je lis, je me plonge dans des récits post-apocalyptiques. Sans doute l’univers convient-il à ce que je vis …
En revanche, n’importe quelle forme de création ou d’occupation de l’esprit est essentielle, à chacun de trouver son domaine de résilience.
S’il fallait partager une ou plusieurs émotions profondes, une fulgurance de la vie, une lumière timide dans ce chaos qui ne dit pas son nom, laquelle serait-elle ou lesquelles seraient-elles dignes de nommer ?
Les grecs racontaient que la vie naissait du chaos … Peut-être, une fois que tout ceci sera terminé, de garder en tête que la vie est fragile, car nous protégeons ce qui l’est.
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