Portrait en Lettres Capitales : Ariane Bois

 

Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ?

Je m’appelle Ariane Bois, je suis née à Saint Mandé et j’habite dans le 7 ème arrondissement de Paris où j’ai vécu toute ma vie, à part quelques années aux Etats-Unis, à New York et à Boston, une expérience très enrichissante qui m’a servi pour deux de mes romans, « Dakota Song » sur l’immeuble Dakota à Manhattan et le dernier «L’amour au temps des éléphants » ( Belfond )

Vivez-vous du métier d’écrivaine ou, sinon, quel métier exercez-vous ?

J’ai été journaliste pendant 25 ans dans la presse féminine et je le suis désormais au mensuel Psychologies. J’aime combiner ce métier qui m’a formé et mon travail de romancière. Dans chacun de mes livres ou presque, je mène une enquête. Le travail de documentation me passionne et j’aime interviewer des témoins avant de me lancer dans une histoire, ce que j’ai fait pour ma trilogie sur Les enfants de la Shoah. Je suis également lectrice pour des maisons d’édition en anglais.

Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?

J’ai commencé très tôt ! A 6 ans, j’écrivais des morceaux de contes, des bouts de pièces de théâtre, puis des nouvelles. À 10 ans, j’ai remporté le prix de la meilleure rédaction de France. Mes parents écrivaient tous les deux, je suis un peu tombée dans la marmite. Puis j’ai découvert Zola, Flaubert, Balzac et Proust que j’ai lu en entier à 17 ans, sans tout comprendre d’ailleurs.

Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?

Je pense qu’Albert Cohen a eu beaucoup d’influence sur moi avec « Belle du Seigneur » sur l’amour, les personnages, la psychologie à explorer. Zola évidemment pour son sens du rythme, de l’histoire.

Sinon, Bernard Chambaz m’a poussé à écrire : c’est après avoir découvert son merveilleux « Martin cet été » que j’ai décidé d’écrire mon premier roman «Et le jour sera pour eux comme la nuit » récompensé par trois prix littéraires. Son approche du deuil, sa retenue, son écriture tout en finesse m’a montré la voie pour écrire le portrait d’une famille endeuillée, la mienne à l’époque.

Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?

J’aime beaucoup les nouvelles, j’ai écrit «Dernières nouvelles du Front Sexuel» (L’Éditeur), qui en comportait 90 ! Sinon je suis romancière, avec sept livres publiés et neuf prix littéraires. J’aimerai me lancer dans un essai et je cherche un sujet. Quant au théâtre, j’y ai fait des incursions, qui sait ce que l’avenir me réserve ?

Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?

J’ai une particularité de dinosaure : j’écris à la main sur des gros cahiers ! Il y a des feuilles volantes, des ajouts, des ratures, des Post- it, bref c’est une vraie jungle ! Je réécris proprement en corrigeant et ensuite seulement je passe à l’ordinateur. J’aime bien l’idée de la main qui court sur le papier, un texte sur écran m’intimide et me paraît déjà trop apprêté. J’ai besoin de mettre les mains dans le cambouis !

D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?

L’inspiration vient de partout : de ma vie, de ma famille, de mes voyages, de mes révoltes comme pour « L’île aux enfants », qui racontait l’histoire des enfants de la Réunion arrachés à leur île, ou de photos comme dans «L’amour au temps des éléphants» avec le cliché terrible d’un éléphant pendu par une foule hargneuse.

Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?

J’ai un titre de travail qui ne correspond pas au titre final. Je ne trouve le titre, souvent avec mon éditrice, que le dernier mois. Nous le testons, en parlons et nous décidons à deux le plus souvent. Le titre doit être fort, donner envie, résumer et ouvrir la porte sur le texte, il est très important et j’aime tous les titres avec une petite préférence pour le dernier « L’amour au temps des éléphants », très romanesque je trouve .

Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?

Ils me viennent naturellement et je les aime tous ! Je constitue souvent des dossiers sur eux, leur physique, leurs traits de caractère, leurs gouts. Souvent, une photo m’inspire et je leur donne des traits connus. Pour Arabella, mon héroïne de L’amour…., je suis partie d’une photo de Man Ray, d’une jeune femme à la coupe garçonne et aux yeux de brasier ….

Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.

«L’amour au temps des éléphants» est une fresque qui débute au Tennessee en 1916 avec donc le supplice de cet éléphant, Mary, et qui continue dans les tranchées en France, puis bifurque vers le Kenya. Jai voulu un roman dépaysant, inspiré des récits de Kessel, avec un vent d’aventure fort. Je me suis inspirée de Romain Gary et de «Les racines du ciel », prix Goncourt 1956 qui défend les animaux en Afrique. C’est un livre d’amour et de combat.
 Sinon, mon prochain texte qui paraitra en 2022 est un récit qui porte sur l’amour filial.

Enfin, je travaille sur un roman historique dans le Sud de la France, avec beaucoup de recherche et de déplacements sur place, ce que j’adore !

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