J’ai cherché la ville derrière les barres d’immeubles, dans les ruelles aux vieilles maisons
et je l’ai retrouvée dans les magasins ou dans les pharmacies.
Son air printanier s’était barricadé dans des parcs aujourd’hui fermés.
Des théâtres, des musés et des bibliothèques n’en restent que des images d’époque, centenaires.
Quelques individus actifs brouillent assidument l’Internet,
Et, du confinement silencieux des autres, scintillent les fenêtres dans la nuit.
Les solitaires cherchent des tutoriels sur YouTube pour réapprendre à sourire.
Ils s’accrochent tous à un espoir délesté de la pandémie et du temps numérisé.
***
Étrangers au printemps et à nous-mêmes,
aux portes du temps, nous mendions –
du soleil, de l’amour et de l’envol.
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La ville dort à l’abri
de ses propres ombres ;
tressaillante à l’odeur des fleurs ouvertes dans l’aube.
***
Tu comptes les jours, le mois, les saisons,
tu comptes l’argent, les regrets, les erreurs.
Pour le moment, tu n’arrives plus à compter,
à peine arrives-tu à penser à la vie,
à t’accrocher aux souvenirs.
(Bucarest, 12 avril 2020)
Delia Bălăican est une écrivaine et historienne roumaine, rédactrice-en-chef de la Revue de la Bibliothèque de l’Académie roumaine.
Elle a participé en tant que co-autrice à l’anthologie România La Centenar. 100 De Poezii De Pe Frontul Marelui Război (Bucarest, 2018) et de la monographie Domeniul Cntacuzino Florești. Despre trecut, prezent și viitor (Bucarest, 2019).
Elle est contributrice au volume édité par l’Institut d’Histoire Nicolae Iorga, Războiul de fiecare zi: Viața cotidiană în tranșee și în spatele frontului în Primul Război Mondial (1914-1919).
(Traduit du roumain par Dan Burcea)