Portrait en Lettres Capitales : Simona Preda

 

Qui êtes-vous, où êtes-vous née et où habitez-vous ?

Pour moi, je suis une personne banale, souvent trop sérieuse, souvent trop consciencieuse, qui parfois  – rarement, bien trop rarement– crée des mondes qu’elle habite et invite les autres à les habiter à leur tour. Je suis née dans une ville de province où je devinais les saisons à la couleur changeante de la forêt et je vis à présent à Bucarest. Bucarest, qui parfois me chagrine, parfois me fait sourire, mais que j’aime de tout mon cœur. Ce n’est, au fond, qu’un barbon chic.

Vivez-vous du métier d’écrivaine ou, sinon, quel métier exercez-vous ?

Je vis (aussi) de la joie que me confère l’écriture, la littérature. Je m’en nourris même parfois, mais ma profession est celle de journaliste culturelle.

Comment est née votre passion pour l’écriture ?

Elle n’est pas née, ou alors je n’en ai pas eu conscience. J’ai juste pris acte de sa présence. Je me suis réveillée, un beau jour, avec elle à mes côtés. Sur le tard, diraient certains… au moment opportun, diraient d’autres.

Quel est l’auteur/le livre qui vous a marquée le plus dans la vie ?

Il y a beaucoup de livres que j’aime et qui ont été de vrais univers ou rencontres pour moi. Certains m’ont offert la chance de me rapprocher de quelques personnages dont j’ai beaucoup appris, de certains personnages je suis tombée amoureuse, pour d’autres je n’ai eu que de la déconsidération, tandis que j’en imaginais quelques autres à mes côtés, en train de discuter avec eux ; à certains endroits je me suis promenée grâce à la fantaisie, autant que j’en ai eu envie, je suis aussi passée par d’autres états dans lesquels je me suis immergée des heures durant. Il m’est difficile de choisir un auteur et un livre. Je dirais un classique russe. Léon Tolstoï, Anna Karénine.  

Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?

Pendant de longues années, j’ai écrit des essais, et non, je ne suis pas passée aisément au roman. Mais, à un moment donné, cela s’est fait.

Comment écrivez-vous — d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?

Oui, quand j’écris, je le fais avec aisance, car je peux d’ores et déjà me raccorder à cette musique intérieure de la littérature. Mais, cette musique, cet état particulier n’adviennent pas si souvent. Je n’écris pas tous les jours, ni même chaque semaine, ou tous les mois, de la littérature. J’en écris rarement.

D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’ils prennent vie comme œuvre de fiction ?

Autour de moi, un peu partout dans le monde. Si quelque chose m’attire, si je ressens une certaine tension, que sais-je, une décharge émotionnelle, si quelque chose m’émeut, une personne, une humeur, une situation, alors, oui cela est susceptible de devenir un personnage. Combien de temps ? Je n’en sais rien. Parfois des années. 

Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?

Je ne choisis pas le titre au début. Mais, oui, il est difficile de donner un titre.

Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?

Un rapport… ludique, et de liberté, d’honnêteté. En les créant, ils m’appartiennent, mais je négocie toujours avec eux, car ils sont rebelles. Je les cajole parfois, je les laisse tomber, mais la plupart du temps je les aide à s’envoler.  

Cabinetul albastruParlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.

Mon dernier livre est un roman sur un cabinet de psychanalyse bleu, avec des humeurs bleues, avec un air barbouillé de bleu, dans lequel on ne peut résister autrement qu’en se submergeant dans la fréquence du bleu. Une fois qu’on l’a lu, on a du bleu sur les mains et cela ne part pas facilement… 

(Traduction du roumain : Gabrielle Sava)

Photo de l’auteure : Mihaela Petre

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