Pendant nos vies, nous avons connu une dictature, puis une révolution, il y a eu une guerre froide, d’autres plus brulantes, beaucoup de choses ont changé sous nos yeux, en bien comme en mal. La période que nous vivons actuellement est, quant à elle, une épreuve terrible. Nous faisons face à une guerre d’usure, une guerre des nerfs d’une durée inconnue, contre un ennemi inconnu.
La culture, les arts, la littérature tentent de survivre et d’apaiser le stress, l’angoisse provoquée par ce virus perfide. On apprécie à sa juste valeur les bienfaits de l’informatique, de l’Internet, de la télévision, des réseaux sociaux. Comme on ne peut plus assister à des concerts, et que les salles d’opéra ou les philharmonies sont fermées, c’est une joie de voir de grands artistes ou des orchestres ou d’autres structures organiser des événements musicaux enregistrés ou en direct. Chaque moment est une bataille gagnée contre cette guerre épouventable, un combat pour la normalité.
Pour les écrivains, la maison s’est transformée contre leur gré en tour d’ivoire. Lire et écrire sont devenus des occupations beaucoup plus prenantes qu’avant. Les lecteurs dépoussièrent les livres anciens, les écrivains cherchent dans leur ordinateur des fichiers avec des projets déjà entamés.
Gageons que la pandémie va être source d’inspiration pour un nouveau Camus qui écrira une nouvelle Peste, une parabole épique, une construction narrative solide capable de rappeler à l’avenir le combat de la Terre contre le malheur collectif de 2020.
Ce sont, selon moi, autant de palliatifs pour passer cette pandémie.
Dumitru Augustin Doman est un écrivain, essayiste et journaliste roumain. Ancien rédacteur-en-chef de la revue Calende, rédacteur-en-chef du journal Argeș Expres, il est actuellement rédacteur-en-chef de la revue Argeș.
Il est l’auteur de plusieurs volumes : Povestiri cu contrapunct (1985), Sfârșitul epocii cartofilor (1999), Meseria de a muri (2001), Moartea noastră cea de toate zilele (2007), Concetățenii lui Urmuz (2008), Cititorul de roman (2010), Generația 80 văzută din interior (2010), Sâmbătă, duminică și alte singurătăți (2016), Zbateri facile, strădanii futile (2017), Moartea de după moarte (2019), Spuma zilelor și nopților de lectură (2019).
Prix obtenus, entre autres : Prix de la revue Luceafărul (1978), Prix du Livres de l’année de la Filiale Pitești de l’Union des Écrivains de Roumanie (2008), Prix de la revue Viața Românească (2010), Prix de la revue Convorbiri literare (2011).