Certains font jaillir la lumière avec une seule couleur et peignent comme s’ils étaient eux-mêmes le paysage. D’autres obtiennent d’une seule note qu’elle vous hérisse le corps et voyage dans chacune de vos cellules. Une minorité assemble les mots et tisse le fil d’une vie en un poème qui vous met le cœur au bord des larmes.
C’est peut-être cela, écrire : peindre, chanter et broder l’alphabet tout à la fois
Extraire d’un profond silence tous les mots de la vie pour tenter d’apercevoir ce qui noue et dénoue les plis d’une âme.
C’est oser s’en faire l’écho et dessiner en une phrase tout ce qui peut l’être.
C’est croire à un possible langage qui pourrait donner sens.
C’est entasser après chaque majuscule un ubuesque espoir.
C’est envisager de trahir mille fois l’alchimie jusqu’à sentir pousser la fleur sauvage hors de soi.
C’est réinventer à chaque fois tout ce qui ne suffit pas à faire taire nos désespoirs.
C’est, avec arrogance, spolier l’indicible, vampiriser le beau, jalouser l’infini. Cet espace qui nous échappe à mesure qu’on essaie de le vaincre.
C’est réconforter l’enfant pris au piège de ses premiers balbutiements.
C’est, par delà une déconcertante naïveté, tenter de créer un arc-en-ciel dans la grande nuit de l’humanité.
Parce qu’un jour, dans un visage, une aube, un événement, une question nous a été posée et que de la réponse, dépend peut-être un début d’apaisement.
Etre écrivain, c’est écrire tout cela sans se laisser distraire, avec acharnement, jusqu’à prendre répit.
C’est patienter longtemps sur le bord du chemin et d’un coup se mettre à marcher.
C’est fatiguer une errance qui aurait pu l’ensevelir.
C’est mettre dans le vaste chaudron du vouloir autant de bonnes raisons que de sordides ambitions.
C’est s’octroyer une pause de la vérité crue et se remettre à respirer.
C’est ne plus savoir faire autrement.
Comme un cadeau que l’on reçoit et que l’on se doit de transmettre.
C’’est au terme de centaines d’heures accoucher d’une phrase qui enfin comblerait un vide comme de s’asseoir au sommet d’une montagne et de croire toucher les étoiles.
C’est faire usage du mot bonheur en tentant de savoir à quoi ou à qui il ressemble.
C’est donner à chacune des 26 lettres le pouvoir de relier des milliers d’âmes, leur donner rendez-vous et saluer leur courage.
C’est vivre en sachant qu’on n’aurait jamais rien pu faire de mieux.
Ou de plus.
Auteure, voyageuse, photographe, Lou Vernet est une autodidacte. Passionnée, libre, têtue et un peu barrée. Sa devise “Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon vous n’en sortirez pas vivant !” Quand on lui demande ce qui est essentiel pour elle, elle répond, sas coup férir : son âme : Aimer, Marcher, Écrire. Née à Paris, elle en fait souvent le personnage principal de ses romans. et vit actuellement dans le 95.