Un autre monde
C’est un éden de feu à côté des méandres
d’une douce lumière aux incongrus contours
que seuls quelques oiseaux ont réussi à prendre
aux couleurs immortelles qui valent le détour
Les grands arbres ont planté dans le décor, racines
au ras de l’onde verte qui caresse leurs pieds
désormais, l’impression picturale nous fascine
leurs enchevêtrements sont images de plain-pied
Même les libellules y ont refuge trouvé
au lit du nénuphar pour leurs amours, cacher
lorsque ses boutons d’or sont en train d’éclater
au-dessus d’une faune sauvage, désordonnée
Lorsque seul le silence les fait se dépasser
les oiseaux nous égaient de leurs chants fous rythmés
et qu’elles soient blanches ou noires, leurs notes improvisées
nous rappellent qu’il est jour ou plus loin que soirée
C’est alors que se croisent les oiseaux de passage
au moment où le chien ressemble au plus sauvage
que se disent-ils, soudain, le diurne et le nocturne
qu’il faut chauffer peut-être, les brindilles de leur urne
Plus haut, c’est la colline et ses cheveux hirsutes
ses épis sont bouleaux et chênes ancestraux,
les années de la vie forment ici la chute
de centaines de rochers, posés là, magistraux
C’est dans ce lieu, ici, que des hommes aujourd’hui
dans le Saintois pays s’inventent le bonheur
ils écrivent chaque jour les pages d’une autre vie
au pied d’une nature qui réchauffe les cœurs.
* * *
Des lyres
Dans le travers de l’au-delà des arbres
À toucher plus loin
Que les yeux, le ciel dans le bleu
Je vois ce qu’il y a
À me fumer dans les abîmes
des arbres, à came…
Et mes pieds qui se tremblent
à plus tard me faire dormir
plus haut que ma paillasse
L’envie de fumer existe,
pas pour oublier, quoi
mais pour créer, de quoi
Je veux fumer car je souffre
mais je souffre car je fume
De l’autre, qui fume de ne pas souffrir
Trip, spleen,
Reverrai-je le fond de l’air
à me pousser du fond
Je survis
Et la vie m’envahit
De ce que j’ai aux autres donné
ma vie de saltimbanque,
même si la banque
ne satin pas
Je prends la banderille
de mon corps qui me dit
quoi, je te parle
et jouis, de l’épicurien
que tu es
De la vie
Alors, prends ton chemin
et plonge dans ce vide
qui n’existe plus
Depuis peu
Mais rien ne sert, alors
que de vouloir y parvenir
dans le devenir
Et demain, le soleil
dira, dans les arbres du travers de l’au-delà
que me voilà les gars
Préparez les cartes,
je viens jouer, j’arrive,
Parce que, quoi qu’il en soit,
Je suis seul, sûr.
Autant que le temps me permet de le mesurer, c’est très tôt que je fus animé par l’envie de coucher sur le papier des assemblages de mots pour en former des poésies. Cette appétence est complétée par d’autres sens naturels. Ceux du refus de l’injustice, de la volonté, par ailleurs, de “dénoncer” les beautés naturelles qui nous entourent, ou bien encore, de traduire ce que vit mon for intérieur, dans ses épisodes écorché vif. C’est aussi l’aboutissement de l’imaginaire, celui qui fait vibrer, qui torture, qui empêche de dormir et qui fait sommeiller les mots, jusqu’en inventer, dans l’accouchement de la phrase et de la rime. Ma plume crée, invente, témoigne, rit, pleure, tend la main…, mais jamais elle ne triche. (Jean-Louis Sponem)