Jean-Louis Sponem : Un autre monde

                                   Un autre monde

                                           C’est un éden de feu à côté des méandres

                                        d’une douce lumière aux incongrus contours

                                        que seuls quelques oiseaux ont réussi à prendre

                                        aux couleurs immortelles qui valent le détour

                                        Les grands arbres ont planté dans le décor, racines

                                        au ras de l’onde verte qui caresse leurs pieds

                                        désormais, l’impression picturale nous fascine

                                        leurs enchevêtrements sont images de plain-pied

                                        Même les libellules y ont refuge trouvé

                                        au lit du nénuphar pour leurs amours, cacher

                                        lorsque ses boutons d’or sont en train d’éclater

                                        au-dessus d’une faune sauvage, désordonnée

                                        Lorsque seul le silence les fait se dépasser

                                        les oiseaux nous égaient de leurs chants fous rythmés

                                        et qu’elles soient blanches ou noires, leurs notes improvisées

                                        nous rappellent qu’il est jour ou plus loin que soirée

                                        C’est alors que se croisent les oiseaux de passage

                                        au moment où le chien ressemble au plus sauvage

                                        que se disent-ils, soudain, le diurne et le nocturne

                                        qu’il faut chauffer peut-être, les brindilles de leur urne

                                        Plus haut, c’est la colline et ses cheveux hirsutes

                                        ses épis sont bouleaux et chênes ancestraux,

                                        les années de la vie forment ici la chute

                                        de centaines de rochers, posés là, magistraux

                                        C’est dans ce lieu, ici, que des hommes aujourd’hui

                                        dans le Saintois pays s’inventent le bonheur

                                        ils écrivent chaque jour les pages d’une autre vie

                                        au pied d’une nature qui réchauffe les cœurs.

*  *  *

Des lyres

 

Dans le travers de l’au-delà des arbres

À toucher plus loin

Que les yeux, le ciel dans le bleu

Je vois ce qu’il y a

À me fumer dans les abîmes

des arbres, à came…

Et mes pieds qui se tremblent

à plus tard me faire dormir

plus haut que ma paillasse

L’envie de fumer existe,

pas pour oublier, quoi

mais pour créer, de quoi

Je veux fumer car je souffre

mais je souffre car je fume

De l’autre, qui fume de ne pas souffrir

Trip, spleen,

Reverrai-je le fond de l’air

à me pousser du fond

Je survis

Et la vie m’envahit

De ce que j’ai aux autres donné

ma vie de saltimbanque,

même si la banque

ne satin pas

Je prends la banderille

de mon corps qui me dit

quoi, je te parle

et jouis, de l’épicurien

que tu es

De la vie

Alors, prends ton chemin

et plonge dans ce vide

qui n’existe plus

Depuis peu

Mais rien ne sert, alors

que de vouloir y parvenir

dans le devenir

Et demain, le soleil

dira, dans les arbres du travers de l’au-delà

que me voilà les gars

Préparez les cartes,

je viens jouer, j’arrive,

Parce que, quoi qu’il en soit,

Je suis seul, sûr.

 

Autant que le temps me permet de le mesurer, c’est très tôt que je fus animé par l’envie de coucher sur le papier des assemblages de mots pour en former des poésies. Cette appétence est complétée par d’autres sens naturels. Ceux du refus de l’injustice, de la volonté, par ailleurs, de “dénoncer” les beautés naturelles qui nous entourent, ou bien encore, de traduire ce que vit mon for intérieur, dans ses épisodes écorché vif. C’est aussi l’aboutissement de l’imaginaire, celui qui fait vibrer, qui torture, qui empêche de dormir et qui fait sommeiller les mots, jusqu’en inventer, dans l’accouchement de la phrase et de la rime. Ma plume crée, invente, témoigne, rit, pleure, tend la main…, mais jamais elle ne triche. (Jean-Louis Sponem)

 

Print Friendly, PDF & Email
Partagez cet article