Portrait en Lettres Capitales : Isabelle Flaten

 

 

Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ) ?

J’ignore qui je suis vraiment mais je suis née à Strasbourg, une ville à laquelle je reste très attachée. Au fil des aléas de la vie, j’ai vadrouillé dans différents endroits en France et en Europe et actuellement je réside à Nancy. Mais en incorrigible rêveuse, je m’imagine refaire un jour mes cartons pour me rapprocher de l’écume des vagues.

Vivez-vous du métier d’écrivaine ou, sinon, quel métier exercez-vous ?

Disons que je vivote du métier d’écrivain, d’amour et d’eau fraîche (d’un peu de vin aussi) et que j’ai renoncé à faire fortune en m’aventurant tardivement dans l’écriture.

Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?

Aussitôt que j’ai su lire, un monde m’a été révélé et je l’ai instinctivement habité. D’aussi loin que je me souvienne les livres m’ont toujours accompagnée et de la même façon j’ai toujours écrit. Enfant, l’écriture était un jeu. Je m’amusais à inventer une autre fin au livre que je venais d’achever ou bien je modernisais une histoire ancienne en la transposant à l’époque contemporaine. Durant une période, j’ai rédigé à la plume des lettres à un correspondant imaginaire. L’objectif était avant tout d’ordre esthétique, il s’agissait d’aligner des pleins et des déliés sans rature ni bavure et d’admirer le résultat.  Jeune adolescente, ignorante de la notion d’inconscient et du mouvement surréaliste, j’ai cru avoir inventé l’écriture automatique et pas un jour ne se passait sans que je la pratique. J’aimais beaucoup cet exercice, écrire sans savoir où j’allais et avoir le plaisir de découvrir le texte à la lecture. Donc je m’amusais mais de là à en faire un métier, je n’y songeais pas du tout. Les écrivains c’était alors pour moi Balzac, Stendhal, Tolstoï, Zola…autrement dit des géants, un univers hors de portée et à dominante masculine.

Puis à la fac j’ai découvert des écritures novatrices, féminines aussi, celles d’abord du nouveau roman : Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet…  Puis de Virginia Woolf, Marguerite Duras… J’ai alors compris que l’écriture était un espace de liberté infinie, qu’il y avait mille façons d’aborder un texte et autant de structures possibles. Dès lors j’ai lu mes contemporains avec avidité et un jour j’ai eu envie de tenter l’aventure à mon tour.

Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?

N’en citer qu’un seul est impossible, la plupart des livres que j’ai lus m’ont nourrie ou marquée chacun à leur façon. Cependant je rends hommage à ces femmes audacieuses et parmi elles : Simone de Beauvoir, Annie Ernaux, Camille Laurens, Virginie Despentes dont les écrits m’ont ouvert un chemin tout à la fois personnel et littéraire.

Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?

J’écris des romans ou des nouvelles et ne me risquerai pas dans le champ poétique, je n’en ai pas la plume.

Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?

J’écris le plus souvent à la manière d’un artisan, je façonne mon texte petit à petit, parfois avec difficulté. Je reviens systématiquement le matin sur le passage que j’ai écrit la veille, efface, reformule, cisèle, rallonge, insère, hésite, remplace un mot par un autre… puis j’enchaine tout en rectifiant le texte au fur et à mesure. C’est la teneur du propos et l’option retenue pour aborder le texte – d’où je parle- qui détermine le choix de la première, deuxième ou troisième personne.

D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?

Tout est matière à sujet, il suffit d’un rien parfois le sourire d’un passant ou une parole saisie au vol pour qu’aussitôt mon imagination mouline et ébauche une histoire. Dans ma tête il y a toujours deux ou trois livres qui mijotent. J’y pense, j’oublie, j’y reviens et un jour j’ai la première phrase et c’est parti.

Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?

Il n’y a pas de règles concernant le titre. Parfois il surgit telle une évidence avant même le début du travail, d’autres fois c’est un véritable casse-tête. On se creuse la caboche à deux avec mon éditeur en échangeant nos suggestions.

Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?

Il me semble qu’il est indispensable pour un écrivain d’aimer ses personnages pour parvenir à leur donner chair. Dans un premier temps nous faisons connaissance puis au fil de l’écriture la personnalité du personnage s’affirme. Je le découvre, le suis, mon rôle est de veiller à ce qu’il reste cohérent même quand il me mène par le bout du nez.

Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.

Mon dernier titre « La folie de ma mère » est un roman d’amour et de blessures. L’histoire d’un rendez-vous manqué entre une mère et une fille.

En ce qui concerne le suivant, j’ai débuté l’écriture de je ne sais pas exactement encore quoi. Un roman un peu extravagant par rapport à mes précédents et qui m’attend. C’est pourquoi je vous abandonne à regret, cher Dan, en vous remerciant de votre généreux soutien à nos livres.

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