Tatiana Țîbuleac reçoit le Prix de l’Union européenne de littérature 2019 pour la Roumanie

 

Tatiana Țîbuleac, la lauréate du Prix Européen de littérature 2019 pour la Roumanie, nous livre ses impressions sur cet événement qui met en valeur son roman « Grădina de sticlă » [Le jardin en verre]. La joie est double pour cette écrivaine moldo-roumaine qui met à l’honneur la langue roumaine parlée dans les deux pays. C’est également l’occasion de montrer les bénéfices culturels du multilinguisme et de rendre hommage à la littérature comme expression universelle.

La cérémonie officielle de la remise du prix aura lieu le 2 octobre 2019.

Elle a accepté de répondre à nos questions liées à cet événement organisé par European Union Prize for Litterature.

Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

J’ai été très surprise. Je ne connaissais pas ce prix. J’ai vu le titre de mon livre sur la dernière liste des nominations, côtoyant d’autres titres et des noms de personnalités que j’admire. C’était une grande joie pour moi. Je suis honorée par ce Prix, bien entendu. J’espère que grâce à cette récompense mon livre pourra trouver des lecteurs dans d’autres langues et que la langue roumaine pourra résonner une fois de plus en Europe.

Quelles ont été les étapes de cette sélection ?

Ce que je sais c’est qu’il y a eu deux jurys. Le premier qui a proposé les titres et un second qui a désigné le titre gagnant.

Remarqué par la critique, votre roman est considéré comme un « pari gagné » par les spécialistes. De quoi parle-t-il et comment l’avez-vous écrit ?

Je me méfie des paris, je me tiens assez loin de ce genre de choses. J’ai mis beaucoup de moi-même dans ce livre, ça a été un travail laborieux. Il développe plusieurs sujets sur plusieurs plans narratifs. Je suis contente de l’accueil qui lui a été réservé par les lecteurs en Roumanie et j’espère qu’il y aura de même dans d’autres pays. C’est un livre sur la survie et la résistance, sur les gens qui essayent de comprendre qui ils sont après tout une vie d’errance. Comme moi. Mais c’est aussi un livre sur la reconnaissance et sur la haine, sur l’amour et le pardon.

Voyez-vous cette victoire comme une reconnaissance de la langue roumaine par les Européens ? Quel rapport entretenez-vous avec cette langue ?

Il s’agit avant tout d’une victoire de la langue roumaine. Pour moi, personnellement, c’est une reconnaissance liée au fait qu’en Bessarabie on écrit de la littérature roumaine. J’aime la langue roumaine – c’est la langue dans laquelle j’ai écrit tous mes livres, et pour moi cela a une énorme importance.

Croyez-vous que le multilinguisme est une richesse culturelle et personnelle pour ceux qui, comme vous, ont vécu intensément cette réalité ?

Je crois que toute langue parlée est une vie supplémentaire qui nous est offerte, même s’il s’agit d’une langue imposée, d’une langue que vous pouvez haïr. Les sentiments peuvent changer avec le temps, la langue reste comme une clé que vous gardez dans votre poche. Je ne crois pas dans la peur, je crois à l’amour – qui peut vaincre encore plus de choses que la peur.

Quand paraîtra la version française de votre livre ?

La traduction est déjà terminée en français et en espagnol. Je sais qu’il y a un intérêt pour d’autres langues européennes.

Propos recueillis par Dan Burcea

Tatiana Țîbuleac, Grădina de sticlă , Editura Cartier, 2019.

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