Portrait en Lettres Capitales : Anca Visdei

 

Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ?

Je suis une femme qui écrit. Et dessine ? Née à Bucarest, habitant à Paris.

Vivez-vous du métier d’écrivain(e) ou, sinon, quel métier exercez-vous ?

Cela dépend des moments. Quand les droits d’auteur ne suffisent pas pour nourrir sa femme ( votre servante), mais aussi par pur plaisir j’ai été journaliste, conférencière, critique de cinéma et de théâtre, mannequin, metteuse en scène,  professeur d’art dramatique, scénariste, juriste, greffière, comédienne, doubleuse, chef de chantier en bâtiment, directrice de festival du film… et j’en oublie.

Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?

J’ai commencé par lire, passionnément et beaucoup. Puis c’est venu tout seul : un essai dialogué, un cénacle littéraire dans mon lycée, les encouragements de professeur et d’écrivain. J’étais un enfant prodige, bien qu’il n’en subsiste plus trace.

Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?

Bien sûr, Shakespeare et son théâtre. Mais c’est si triste de choisir que je m’empresse de donner les noms d’autres valeureux complices : Tchékhov, Jean Anouilh, Shalom Aleichem, IB Singer, Maupassant, Balzac.

Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?

Sauf un livret d’opéra (et je suis ouverte à toute proposition), je crois avoir tout écrit : du conte érotique à la nouvelle, du roman à la biographie, du scénario au lever de rideau, de la comédie aux paroles de chanson. Oui, passer d’un genre à l’autre, est toujours un plaisir, donc agréable et naturel.

Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?

Cela dépend en raison de la variété de mes écrits, mais le plus souvent c’est du premier jet. Dans le roman et la nouvelle j’ai une préférence pour la 1ere personne, pour le théâtre, la question ne se pose pas : l’auteur est multitude.

D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?

Les sources d’inspiration viennent d’elles même : la vie quotidienne, les faits divers, une lecture qui me fait rêver dans le style « et si cela s’était passé autrement ? »… La maturation dépend des sujets, des moments de ma vie, de mon humeur, comme pour les accouchements, on le sent… et on ne peut pas influencer la durée du travail. C’est peut-être le vrai mystère.

Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?

Je suis très mauvaise pour les titres : soit je n’en trouve pas, soit j’en vois deux ou trois et je n’arrive pas à me décider. La plupart du temps, quand je ne trouve pas, je demande à mes lecteurs amis. Presque tous trouvent un excellent titre : ils le trouvent systématiquement dans un ou plusieurs mots de mon texte.

Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?

Je les aime tous, même les méchants et les imbéciles, Je ne les invente pas, ils viennent naturellement à moi.

Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.

Le dernier ouvrage est une biographie d’Alberto Giacometti, un diamant à multiples facettes, Suisse italien mais protestant, autant sculpteur que peintre et dessinateur, ermite mais grand communiquant, flamboyant, mais pudique. De merveilleuses recherches dans son Val Bregaglia natal m’ont beaucoup appris sur l’apprivoisement d’un sujet de biographie.

 Les projets ? Je ne les reconnais que lorsque je commence à les écrire, Dieu merci, je n’ai jamais eu l’angoisse de la page blanche. Cela va tout seul, comme respirer. Sinon, comme l’édition et tout ce qui suit une fois le stylo posé, devient de plus en plus compliqué, j’aurais arrêté déjà. Mais c’est fluide et naturel. Et, en écrivant on se redécouvre constamment. Une vraie technique de rajeunissement et un spectacle perpétuel.

 

 

 

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