Denisa Popescu : Cinq poésies inédites traduites en français

 

 

J’ai tout oublié

J’ai tout oublié.

De ma main gauche à ma main droite,

l’air m’est complètement inconnu.

Je ne reconnais même pas ce qui a connu une fin,

ni ce qui n’a pas encore débuté.

J’ai tout oublié.

L’odeur de l’étreinte,

le bruit de la douleur,

Pourquoi mon corps confond

Désespoir et caresse.

J’ai oublié.

Et il n’y a vraiment plus rien à faire,

Parce que l’on ne peut pas sauver

Ce qui est dépourvu de passé.

 

Mémoire comme larme

La mémoire pousse dans des lieux salés
Comme une mer, comme une larme.
Souvent comme une passion.
Elle passe à travers nous
Avec des hallucinations, des visions.
La mémoire est essence,
Mais pas l’essence des mondes.
La mémoire est ce qui reste
Après d’accomplis,
De parfaits prodiges.

 

Parle-moi de moi

Parle-moi de moi.

Dis-moi ce que tu sais,

ce que disent les autres,

Ce qui ne ressemble pas à ce que tu ressens.

Parle-moi,

Parce que je commence à m’oublier

Et parce que j’ai perdu la patience de m’écouter.

Aucun de mes gestes

Ne me ressemble plus,

Je suis une maison dans laquelle

Un étranger va et vient

Sans me demander la permission,

Même par courtoisie.

Parle-moi

Dis-moi ce que tu penses

de ce que je ne pouvais plus supporter.

Après tout, quelle nouvelle pourrait être pire

Que celle qu’en

ne m’aimant plus

Je n’ai pas pu, en fait, exister. 

 

J’ai compris

J’ai compris,

Enfin,

Qu’est-ce que l’obéissance.

C’est la lumière

Qui embrasse humblement

La bougie.

 

Une chimpazée infinie

La chimpanzée-poète

Mange des étoiles sur du pain,

Dans son petit studio,

Où même le jour est nuit,

Même si les tournesols poussent sur le mur.

Elle mange des étoiles et pleure

En cachette, lentement,

Pour que, des miroirs

Ne s’échappe pas son dernier vol.

La poète-chimpanzée

sait que c’est différent,

Qu’aucun rossignol ne naît d’elle

Et que c’est difficile de la regarder

Sans mourir

Au lieu d’elle, avec elle.

Et donc elle pleure et souffre,

Jusqu’à ce que son corps

se remplit de peur et de taches,

Jusqu’à ce que le soleil tombe avec le mur

Et la laisse nue devant Dieu.

Parmi les hommes, une chimpanzée infini.

Alors elle recommence tout,

Elle mange sur le pain un coin ou deux d’une étoile

Et pleure doucement, furtivement,

Pour oublier ce qu’elle ne peut pas oublier.

 

Denisa Popescu est une poète, essayiste, journaliste, scénariste, éditrice et productrice de télévision. Diplômée de la faculté de droit de l’Université de Bucarest (1995), elle a enseigné les sciences sociales et humaines dans des écoles secondaires de Pitesti entre 1995 et 1997. Elle a fait ses débuts dans la presse en 1994, avec des poèmes, des reportages et des essais dans le supplément littéraire-artistique Săgetătorul du quotidien “Argeșul” de Pitesti, où elle a publié plus de 1000 articles à ce jour. D’autres publications ont accueilli ses articles à contenu culturel, dont beaucoup reflètent l’activité de la bibliothèque du département d’Arges : Atitudine în Argeș, Curierul zilei, Jurnalul de Argeș, Cafeneaua literară, Pietrele Doamnei, Curtea de la Argeș, Glasul Iubirii, Suflet Românesc etc. Depuis 1997, elle collabore comme productrice d’émissions culturelles pour les chaînes de télévision du département d’Argeș – RCS/RDS, Terra Sat, Alpha TV, ABSOLUT TV. Au cours de ces émissions – plus de 1000 – elle a promu et présenté les activités de la bibliothèque du département. Entre 2000 et 2006, elle  a travaillé au Centre culturel de Pitesti en tant que référent audio-vidéo. À ce titre, elle a animé plus de 400 événements : lancements de livres, tables rondes, vernissages, débats, concours littéraires, etc. Elle a conçu des scénarios et réalisé une série de courts métrages pour promouvoir des activités locales, nationales et internationales : Symphonie de tulipes, Symposium international de sculpture sur marbre “Gh. Iliescu-Călinești”, le Festival international des nuits de la poésie à Curtea de Argeș, le Camp national de peinture à Priboieni, le Festival international du théâtre en studio, le Festival international de chant choral “D. G. Kiriac”, etc.

Denisa Popescu a présenté des dizaines de membres de l’Union des écrivains et de l’Union des beaux-arts, à l’occasion de lancements de livres et de vernissages d’expositions personnelles et collectives – plus de 600. Elle a écrit plusieurs chroniques de profil dans des journaux et des magazines littéraires d’Arges. D’octobre 2001 à décembre 2004, elle a travaillé comme rédactrice et rédactrice en chef adjoint du magazine Argeș. Depuis 2007, elle est le rédactrice en chef de “Cafeneaua literară”, un magazine à diffusion nationale et internationale. Depuis 2006, elle travaille également au Centre culturel de Pitesti en tant que collaboratrice – les événements organisés et animés peuvent être consultés sur le site web de l’institution.

Depuis juin 2007, elle est membre de l’Union des écrivains roumains.

Volumes personnels : Dincolo de occhi mei, Ed. Zodia Fecioarei, Pitesti, 1999 ; Adamantin, Ed. Tiparg, Pitesti, 2004 ; Laminaria. Catrinel, Ed. Tiparg, Pitești, 2005 ; Mon squelette en mousseline, Ed. Tiparg, Pitești, 2005 ; Cele mai frumoase depresii, Ed. Tiparg, Pitești, 2007 ; Lips of a lonely man, Ed. Tiparg, Pitești, 2013 ; 47, Ed. Tiparg, Pitesti ; 47, Ed. Tiparg, Pitești, 2015, Roaba lui Dumnezu, Denisa, Ed. ArtCreativ, București, 2016, My bulletproof angel, Ed. ArtCreativ, București, 2020.

De février 2017 à octobre 2021, elle a produit l’émission DRAGĂ PERSONAJ PRINCIPAL, sur ANTENA 1 PITEȘTI, puis ANTENA 3 PITEȘTI. Elle a produit le spectacle hebdomadaire GÂNDURI, ROSTIRI, SCRIERI, au Centre culturel de Pitesti, de mai 2020 à juillet 2021. Elle coordonne actuellement la rubrique ESENȚE, PERSPECTIVE, PERSONAJE, sur la page en ligne de la Bibliothèque départementale d’Argeș, et elle produit l’émission CARE E POVESTEA TA ? sur la chaîne régionale ARGEȘ TV.

(Traduction du roumain, Dan Burcea)

 

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