Portrait en Lettres Capitales : Theresa Révay

 

Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ?

Je m’appelle Theresa Révay. Je suis une parisienne pure et dure, née à Paris, où je vis depuis toujours. Je suis profondément attachée à ma ville, mais je me sens tout aussi à l’aise dans plusieurs cités européennes chères à mon cœur comme Berlin, Venise ou Vienne. Mon père étant d’origine hongroise, je me promène en Europe comme en mon appartement avec le bonheur d’un chat baudelairien.

Vivez-vous du métier d’écrivaine ou, sinon, quel métier exercez-vous ?

Je suis aussi traductrice et je travaille pour des maisons d’édition comme « lecteur » de manuscrits.

Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?

C’est sans doute quelque chose d’inné. Du côté paternel, je descends d’une famille d’éditeurs. Les livres me sont indispensables. Je garde encore précieusement mes premières lectures d’enfant. Vers l’adolescence, j’ai commencé tout naturellement à raconter les histoires que je portais en moi. Lire et écrire sont ma raison d’être.

Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?

« Les mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar et « La lumière des justes » d’Henri Troyat.

Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?

Je suis une romancière de cœur et d’esprit. J’aime toutefois inscrire mes personnages dans un cadre historique rigoureux. Ces deux passions – le romanesque et l’Histoire – m’habitent depuis toujours. À travers mes livres, c’est toute une mémoire que je cherche à saisir pour la préserver en la transmettant. Je viens d’ailleurs de publier ma première biographie. Une aventure majeure de ma vie littéraire, à laquelle je ne m’attendais pas.

Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?

Je travaille lentement. Je reprends beaucoup, toujours en quête de l’émotion juste et d’une harmonie de rythme. Jusqu’à maintenant, j’ai privilégié la troisième personne. Peut-être par une sorte de pudeur. Mais je ne manquerai pas de tenter la première personne, cette intimité plus singulière, quand un personnage me l’imposera.

D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?

L’inspiration est mystérieuse. Un « choc émotionnel » pour Fitzgerald, quelques mots pour Mallarmé, une image pour Garcia Marquez. Quant à moi, c’est la curiosité qui me pousse. Je pars en quête d’une ville, d’un événement historique, d’un inconnu qui surgit dans mon esprit, comme de nulle part, et me demande de raconter son histoire. Il me faut ensuite deux à trois ans de documentation et de narration pour écrire le livre.

Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?

Choisir le titre est souvent une épreuve. Je ne le trouve jamais avant de me lancer dans la narration. Curieusement, il m’arrive même souvent d’écrire sous un titre de travail en anglais. Le titre est une fenêtre ouverte sur l’ouvrage. Balzac s’en agaçait en trouvant qu’il y avait là un « art de bateleur ». Disons que c’est la lumière du phare qui attire le potentiel lecteur encore en haute mer. Il doit donc être aussi beau que possible.

Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?

Mes personnages m’habitent. Je leur parle et ils me répondent… ou pas, s’ils sont fâchés ! C’est une écoute, une attention de chaque instant, avec des moments plus intenses que d’autres, la nuit notamment, et selon les passages du roman. Une mystérieuse et merveilleuse alchimie. Une obsession. Puisque j’écris des romans historiques, ils s’inscrivent dans un cadre véridique. Ils y évoluent en toute liberté, mais ce qu’ils vivent n’est que le reflet de la réalité. Et j’ai compris depuis longtemps que la réalité dépasse toujours la fiction.

Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.

Mon dernier ouvrage est aussi ma première biographie. « La Course parfaite » (Éditions Tallandier) m’a offert l’une de mes plus intenses émotions d’auteure. En racontant la destinée de l’énigmatique François Mathet, qui fut le plus illustre entraîneur français de pur-sang du XXe siècle, j’ai découvert qu’on peut entretenir un lien aussi bouleversant avec un être de chair et de sang qu’avec un personnage né de son imaginaire. Je ne suis pas sortie indemne de ces longs mois d’écriture. À cet instant, je suis même devenue funambule. Il me faut trouver le chemin pour gravir la prochaine montagne. Mais ce défi littéraire est passionnant.

Photo de Theresa Révay : © Astrid di Crollalanza

 

 

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