Écrire, écrire, écrire… mille fois écrire.
Ne surtout pas ÊTRE seulement… mais FAIRE !
Le verbe d’action plutôt que l’auto-proclamée stature socio-culturelle.
La main qui vit l’histoire plutôt que le cortex cérébral qui se parle à lui-même et peut-être l’égo qui s’en raconte tout autant.
Écrire comme on respire, comme on se couche, comme on se lève parfois haletant, tremblant, fiévreux, comme on peut rire de rien et s’émerveiller de tout.
Écrire pour du mieux, contre le pire, pour contrer le destin qui nous aplatit parfois et donner du relief au creux de nos vagues à l’âme.
Quelle énergie viscérale que cet impact au texte, ces mains dans le cambouis bleu-nuit des encres !
Écrire c’est chanter, être écrivain c’est mimer un playback. Le danger du néant à combler plutôt que la grotesque posture statufiée.
Parce qu’enfin, qui sont les noms qui excitent le fantasme collectif à ce seul mot « ÉCRIVAIN » ?
Hugo ? Woolf ? Tolstoï ? Zola ? Verne ? Sagan ? Hemingway ? Duras ? Orwell ? Camus ? Flaubert ? Faulkner ? Gary ? Colette ? Eco ? Montaigne ? Austen ? Vian ?
Et tant et tant d’autres !
Une liste ad libitum, si personnelle, grandiose, implacable, intimidante et à jamais inachevée, comment oser s’en revendiquer ? Quelle abominable impudence que de se parer de leurs ors alors que nous sommes nés de leurs éclats !
L’espoir de quitter, dans un élan prétentieux, nos vies forcément pressées et férocement comptables ?
J’ai hélas peur qu’il en faille davantage. J’ai peur que ne soit requise la grandeur de l’Histoire qui forge les textes, la hauteur de l’empathie qui emporte les âmes, l’abnégation de s’oublier soi-même pour devenir un ÉCRIVAIN.
En a-t-on encore seulement le courage ou la nécessité dans un monde dit moderne ?
A-t-on assez de nos jours si peu héroïques et de notre quotidien si souvent paresseux ? Sait-on se détacher des regards pour ne se dévouer qu’à son art ? Sans doute certains y parviennent et sans doute sont-ce eux, les écrivains. L’avenir le gravera dans le marbre, avec le burin du temps et de son imparable précision.
Alors écrire, écrire, écrire.
Et chercher à mieux savoir comment sans chercher à savoir pourquoi.
Écrire mille fois, raturer, réécrire. Écrire à l’infini.
Je lève les yeux et je lis, punaisée là au-dessus de mon bureau, cette phrase de William Falkner que m’a envoyée mon ami R.J Ellory :
« Don’t be a writer, just be writing. »
Tom Noti, 26 novembre 2020
Tom Noti est né à Grenoble où il a vécu la majeure partie de sa vie.
Enseignant dans une école primaire, il a mis longtemps à oser se lancer dans l’écriture de romans. Cette retenue fait qu’aujourd’hui, il écrit sans cesse.
D’origine italienne, on retrouve cette influence dans ses écrits qui parlent de la vie, des fêlures des êtres, des fragilités qui se révèlent derrière certains masques et des forces insoupçonnées des plus fragiles.
Romans :
Souligner les fautes (éditions ASSYELLE) 2012 : L’histoire d’un instituteur qui n’aime pas les enfants !
Épitaphes (éditions ASSYELLE) 2015 : Après un choc émotionnel, un homme tente de retrouver les quelques années d’enfance effacées de sa mémoire.
Les naufragés de la salle d’attente (Éditions Paul & Mike) 2017 : Un accident de tramway plonge un quartier entier dans le noir et le prive d’électricité. Dans le cabinet d’un psychologue, à la porte d’entrée électrique, trois personnes se retrouvent enfermées dans la salle d’attente. Des personnes que tout oppose.
Elles m’attendaient (Éditions La Trace) 2019 : Un homme au passé douloureux n’arrive pas refuser l’amour d’une femme, il se retrouve père et ses fantômes le rattrapent.
Nos silences ne sont pas des chansons d’amour (Éditions La Trace) 2020 : Un jeune trentenaire désinvolte et désabusé voit son existence à la dérive prendre peut-être une nouvelle voie en recevant des sms de sa mère, morte depuis plusieurs années.