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J’ai souhaité donner une forme structurée et visible à ce que j’ai nommé mon voyage littéraire, si cher à mes yeux, entre ces deux capitales, Paris et Bucarest, convaincu à la fois de sa richesse et de sa continuité dont témoignent tant de noms qui ont participé de part et d’autre à la construction de la modernité par leurs illustres contributions. Comment aurait-il pu être autrement pour moi qui porte à la littérature un amour inconditionnel et de longue date? De toutes les expériences intellectuelles, celle qui tient de l’ineffable alchimie des mots est, à mon sens, la plus formatrice, la plus transformatrice aussi.
Formé à l’école de ces deux langues modernes, français et roumain, ainsi qu’à l’étude des langues classiques, j’ai appris à conjuguer la rigueur de la rhétorique et la beauté lumineuse de l’étymologie et de la polysémie, ce jeu qui fait des mots des arcs-en-ciel d’une inégalable diversité et fraîcheur, de vraies baguettes magiques capables de bâtir des ponts entre le réel et l’imaginaire, de sonder les profondeurs de l’âme et de faire de l’humanité entière une matière à rêver, à penser, à admirer et à aimer.
J’ai eu la chance d’enseigner la littérature – métier qui demande une vocation apte à former les consciences et à offrir aux jeunes élèves un riche bagage intellectuel et des repères nécessaires à leur verticalité intellectuelle. Victor Hugo parlait des maîtres d’école comme  «des jardiniers en intelligences humaines». Par mon travail de journaliste littéraire que j’exerce par passion et en dehors de mon activité professionnelle, je continue aujourd’hui à faire la même chose auprès d’un public plus large et plus exigeant.
Mon seul désir reste toujours le même: faire aimer au plus grand nombre de lecteurs la littérature, cet «unique miroir en mesure de contenir notre reflet sans se briser», comme le dit si bien un de mes auteurs préférés et ami, Yasmina Khadra.

Dan Burcea

 

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