Même si la poésie occupe la place réservée à la reine de la littérature, le nombre d’amateurs de ce genre littéraire est hélas considérablement moindre. Les temps que nous vivons actuellement font en revanche incliner davantage la balance vers la poésie.
J’ai du mal à me concentrer. Un bruit de fond me traverse. La rengaine sinistre des ambulances ou celle des infos. Mes pensées se perdent au bout de quatre-cinq pages de lecture. J’ai l’impression de faire partie des personnages d’une dystopie. Je m’efforce à faire face à de tels retournements drastiques de la réalité.
Des textes courts et porteurs de sens me viennent au secours. Pour moi, Le Nouveau Testament est devenu une lecture quotidienne. Mais aussi les poésies avec leurs images d’une sensibilité particulière, ou les petits livres de contes. Je prends le temps de relire des livres qui m’ont marquée à une époque de ma vie. Il n’y a pas que le sujet de ces contes qui m’attire, mais également la beauté de certaines phrases dont j’invoque le sens pour saisir leur consistance.
Le retour aux classiques.
Je reprends, par exemple, la lecture du livre Orages d’acier d’Ernst Jünger. Non pas pour le regarder comme une histoire encore plus triste que la nôtre, mais comme un manuel de survie magnifiquement bien écrit. Pour nourrir à la foi le courage et l’intelligence.
Et à la fin de toutes ces lectures, la réalité commence à se remplir d’un sentiment de sécurité, de la conviction que rien n’est perdu. Que nous pourrons surmonter ce qui nous arrive.
Moni Stănilă est née à Tomeşti, en Roumanie, en 1978. Elle a étudié la théologie orthodoxe à Timisoara et Sibiu. Depuis 2010, elle vit à Kichinev dans la République de Moldavie et dirige avec Alexandru Vakulovski le cénacle littéraire Republica auprès de la Bibliothèque municipale de cette ville. Elle est l’auteure de plusieurs recueils de poésies, de deux romans et d’un volume pour adolescents. Ces poèmes ont été traduits dans plusieurs langues.
(Traduit du roumain par Dan Burcea)