Portrait en Lettres Capitales : Yaël-July Nahon

 

Qui êtes-vous, où êtes-vous née, où habitez-vous ?

Je suis bordelaise et je vis à Paris. Je dis toujours chocolatine, ce qui fait de moi une résistante à Paris.  C’est un acte de bravoure gastronomique des plus dérisoires et c’est toute la beauté de la chose !

Vivez-vous du métier d’écrivaine ou, sinon, quel métier exercez-vous ?

Comme la plupart des auteurs et surtouts des auteurs de SF français vivre de l’écriture et seulement de l’écriture relève quasiment du fantasme. J’ai probablement plus de chance de croiser un Alien sur les Champs-Élysées que de vivre de la vente de livres de Science-Fiction. Je suis conseiller culturel auprès d’hommes et de femmes politiques, c’est en soi une autre forme de science-fiction…

Comment est née votre passion pour la littérature et surtout pour l’écriture ?

J’ai écrit ma première pièce de théâtre à 8 ans pour la fête de l’école. Ma passion de l’écriture est multifactorielle. Grâce à ma mère qui me lisait des livres, à ma grand-mère qui me racontait des histoires, à ma mère toujours qui hantait avec moi les salles de cinéma. Elles m’ont donné le goût des « Il était une fois »…

Quel est l’auteur/le livre qui vous ont marqué le plus dans la vie ?

Il y a eu une série de petites pierres blanches littéraires qui ont jalonné peu à peu mon parcours. Des histoires de cow-boy, de pirates, des contes et légendes. Puis le vrai choc est arrivé à 11 ans avec la lecture du Seigneur des Anneaux. J’avais trouvé là tout un univers, mon univers. Ma mère m’avait offert le livre tiré du film de Ralph Bakshi.  Depuis lors, tous les ans en février, je relis Tolkien. A chacun sa bible…

Quel genre littéraire pratiquez-vous (roman, poésie, essai) ? Passez-vous facilement d’un genre littéraire à un autre ?

J’écris des nouvelles et des romans. J’aime l’exercice de la nouvelle. C’est une contrainte jouissive, en quelques pages il faut créer une histoire cohérente avec un début un milieu et une fin. Droit au but, sans l’échappatoire de pages noircies. Je passe aisément de la nouvelle au roman, même si d’une façon générale mes romans ne sont jamais des romans fleuves. Je concentre l’histoire pour en extraire la sève, sans fioriture. L’écriture étant un jeu tout autant qu’une création je m’amuse avec les genres. Je passe avec allégresse du polar, au western, du western au fantasy, du Fantasy à la SF, je joue avec des vieux vampires blasés, des fées facétieuses ou des fantômes aigris.

Comment écrivez-vous – d’un trait, avec des reprises, à la première personne, à la troisième ?

Certaines nouvelles ont été écrites d’un trait, idem pour des romans. D’autres textes en revanche sont écrits par à-coups, laisser de côté puis repris. Comme je joue avec les genres je joue également avec le mode narratif. Tout dépendra du personnage et de l’histoire. Le plus amusant étant pour moi la première personne du masculin. 

D’où puisez-vous les sujets de vos livres, et combien de temps est nécessaire pour qu’il prenne vie comme œuvre de fiction ?

Là encore je n’ai pas de règles absolues, définitives.  Pour les romans je les mature longtemps avant d’écrire la moindre ligne. L’histoire doit d’abord naître, évoluer dans mon esprit. Si je l’oublie c’est qu’elle ne devait pas être solide. Puis quand elle est mûre je la cueille et la recueille dans un roman.

Pour les nouvelles cela va en général très vite. Comme j’ai souvent participé à des appels à textes ou reçu des commandes pour des anthologies avec sujet imposé l’histoire jaillit assez vite. Il me faut entre une et trois semaines pour une nouvelle.

Choisissez-vous d’abord le titre de l’ouvrage avant le développement narratif ? Quel rôle joue pour vous le titre de votre œuvre ?

L’idée générale jaillit d’abord, puis, très vite avant de la développer, il me faut trouver un titre qu’il soit définitif ou provisoire. Il est comme un fil conducteur. Parfois il m’arrive de m’en éloigner et je le modifie une fois le texte terminé.

Quel rapport entretenez-vous avec vos personnages et comment les inventez-vous ?

J’aime mes personnages, parfois j’ai du mal à finir un texte car j’ai du mal à les quitter. Ils sont imbriqués dans l’histoire. Parfois j’ai l’idée d’un personnage qui m’impose une histoire, parfois j’ai une idée d’histoire et le personnage se crée de lui-même. Mais mes personnages finissent toujours par avoir leur propre vie. Ils m’échappent, dérapent. Ils sont beaucoup plus intéressants que moi.

Parlez-nous de votre dernier ouvrage et de vos projets.

Mon dernier roman est paru en 2019, il s’agit du tome 2 du cycle SF Planète Centrale. Je n’ai pas encore fini le tome 3 qui m’est réclamé par beaucoup de fans des deux premiers opus. J’aime beaucoup le personnage principal, une jeune héroïne qui va se cogner aux réalités de son monde. Je me suis amusée à faire grandir et évoluer le personnage en adaptant l’écriture à son évolution. Dans le Tome 1 l’écriture comme l’héroïne sont proches de l’adolescence, dans le Tome 2 l’héroïne commence à perdre de sa candeur et l’écriture est donc plus mature. Le tome 3 sera plus sombre et l’écriture plus fouillée.  Planète Centrale s’inscrit dans le Space Opera. Plus jeune j’en lisais peu mais je dévorais les films de Space op. Le plus marquant fut pour moi Star Wars… les versions des années 70, cela va sans dire…

Ma dernière nouvelle parue date également de 2019, La forêt des ombres, et elle est arrivée première d’un appel à texte des éditions Imaj’nère. Nouvelle Fantasy plutôt pour un jeune public. Je l’avais écrite début 2015, une bataille de fées, le mal qui se répand, ceux qui veulent le combattre quoi qu’il en coûte et ceux plus nombreux qui préfèrent le nier espérant que le « mal » les épargne. La littérature de genre, certes distrayante, a souvent un sens plus profond. Elle reprend les codes des contes d’autrefois…

J’aime écrire des histoires à tiroirs, selon la sensibilité du lecteur, il ouvrira plus ou moins de tiroirs pour y découvrir l’ampleur du récit.

Je travaille sur des nouveaux polars se situant dans le monde politique. Le recueil de nouvelles n’a pas la côte en France, j’espère malgré tout trouver un éditeur. C’est un exercice cathartique salutaire après plusieurs années mouvementées à travailler dans ce monde…

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